Sombre Luxe

CHAPITRE 1

AYLA

Les lueurs des bougies dansent sur les murs de la chapelle funéraire, créant une atmosphère sombre et solennelle. Alors que je me tiens là, devant le cercueil de mon père, revêtue de noir, chaque bougie semble murmurer une prière pour apaiser mon cœur déchiré. Les cernes sous mes yeux trahissent mes nuits sans sommeil, témoins silencieux de la douleur qui m'envahit.

Les souvenirs de mon enfance avec mon père se mêlent aux images macabres de sa mort brutale. Je me rappelle nos après-midi passés à explorer la forêt voisine, la chaleur de ses bras autour de moi alors que nous observions les étoiles. Mais ces souvenirs heureux sont désormais obscurcis par la vision déchirante de son corps inerte, son visage paisible maintenant figé dans la mort.

Les sons étouffés des pleurs de ma mère résonnent, ajoutant une couche supplémentaire de tristesse à l'atmosphère déjà lourde. Son départ, lorsque j'étais jeune, motivé par des désirs matérialistes, résonne d'une ironie cruelle alors qu'elle pleure maintenant la mort de mon père. La colère bouillonne en moi, mêlée à un profond sentiment d'injustice.

Pourtant, au milieu de toute cette souffrance, une question persiste : que voudrait mon père que je fasse ? Aurait-il voulu que je sombre dans la rancœur et la vengeance, ou aurait-il préféré que je trouve la force de pardonner, même face à l'impardonnable ?

La tension entre ma mère et moi est palpable, électrique. Alors qu'elle s'approche de moi, ses mots de réconfort semblent creux, vides de sens. Je ressens un mélange de dégoût et de rage face à sa présence, son hypocrisie flagrante.

– Oh ma fille... Ça a dû être si douloureux. Mais ne t'en fais pas, je suis là pour toi maint-

Lorsque je repousse sa main avec violence, c'est comme si des années de ressentiment s'exprimaient en un geste brusque. Ses paroles, pleines de fausse compassion, résonnent dans le vide de mon cœur brisé. Je me sens trahie, abandonnée une fois de plus par celle qui aurait dû être là pour moi.

– Ferme la, t'as jamais été là pour moi. Ne viens pas faire la lèche-cul maintenant qu'il est plus là pour t'éloigner de moi.

Son expression choquée, sa bouche grande ouverte, témoigne de sa surprise face à ma réaction brutale. Mais pour moi, c'est juste une confirmation de son indifférence, de son échec en tant que mère. Je recule, cherchant à mettre autant de distance émotionnelle que possible entre elle et moi, refusant de laisser son comportement manipulateur m'atteindre davantage.

Dans cet instant, je suis seule contre elle, mais je refuse de me laisser écraser par ses tentatives de manipulation. Je choisis de me protéger, de protéger la mémoire de mon père, même si cela signifie rejeter celle qui prétend être ma mère.

Alors que je rentre chez moi, la nouvelle de mon héritage me parvient : l'intégralité des possessions de mon père, de son empire commercial jusqu'à ses biens les plus personnels, sont désormais les miennes. Une annonce qui devrait me bouleverser bien plus que je ne le pense. Pourtant, en réalité, elle m'importe peu. Même si mon père a investi toute son énergie à me préparer à le remplacer, je ne me sens pas prête, surtout sans lui. La perspective d'assumer la direction d'une entreprise internationale dès demain me terrifie. Est-ce que les employés réussiront à s'adapter ? Aurai-je la capacité de les guider ? Toutes ces questions tournent dans ma tête alors que je parcours les routes familières qui mènent chez moi.

Je me gare devant le garage de la maison, la présence de la voiture de mon père me rappelant cruellement son absence. Une larme glisse sur ma joue, que j'essuie vite, refusant de me montrer faible devant lui, même dans l'au-delà. En avançant vers la porte d'entrée, mon téléphone sonne, affichant un numéro inconnu.