papillon de sang

Chapitre 1

Enfin libéré de ce dîner interminable où chaque mot était soigneusement pesé pour éviter toute querelle, je réalise que le soleil s'est couché depuis un moment déjà. Ce crépuscule est mon moment préféré. Après un dernier regard dans le couloir du manoir, je ferme la porte en silence et me précipite vers mon lit. Là, j'attrape une boîte où est inscrit "Souvenirs d'enfance". Un sourire nostalgique se dessine sur mes lèvres en voyant ma propre écriture. J'ouvre la boîte et découvre ses trésors : un doudou lapin, une vieille boîte à musique. Chacun de ces objets réveille en moi des souvenirs tendres et précieux avec ma mére.

Alors que je tiens le doudou lapin dans mes mains, je me replonge dans ces instants de douceur où ma mère me le tendait pour apaiser mes peines d'enfant. Ses gestes étaient empreints de cette affection inconditionnelle qui illuminait chacun de mes jours. La vieille boîte à musique, quant à elle, résonne encore des mélodies qui berçaient mes nuits agitées, m'apportant un réconfort paisible dans l'obscurité de ma chambre.

Je laisse mes doigts effleurer les contours usés de ces reliques du passé, me laissant emporter par les flots de souvenirs qui me submergent. Chaque objet est une porte ouverte sur un monde où les rires d'enfant résonnent, où les câlins de ma mère étaient mon refuge.

Mes doigts parcourent les autres trésors de la boîte : des dessins d'enfant, des photos jaunies par le temps, un bracelet de perles colorées. Chacun de ces objets est un fragment de mon passé, un lien tangible avec des moments de bonheur et d'innocence.

Je me laisse bercer par la mélodie de la boîte à musique, un héritage de ma tante, qui est humaine. En réalité, ma mère est demi-humaine, ayant une sœur totalement humaine et un frère totalement Éthéré. Suite à une dispute familiale, notre tante a fui vers le monde des humains, au-delà des fleuves, des océans et des rochers, selon ce que racontait oncle Roye. Elle aurait fui pour suivre son amour secret.

Je ne me rappelle pas trop à quoi ressemblait ma mère, si ce n'est qu'elle me ressemblait beaucoup, ainsi qu'à Ivy. Elle est morte à cause des guerres d'Aurora, alors que je devais avoir 4 ans. Je me souviens seulement d'une infiltration ennemie dans le manoir, mais j'étais trop jeune pour faire quoi que ce soit, sans même m'en rendre compte. Une larme glisse sur ma joue, mais à quoi bon pleurer les morts ? Ils ne reviendront pas. Je referme brutalement la boîte à musique et la cache sous mon lit avant de me diriger vers ma salle de bain pour me nettoyer le visage. Je me dévisage longuement avec dégoût, observant mes yeux violets, mes cheveux châtains qui semblent noirs dans cette obscurité, et mes oreilles semi-pointues.

Je m'immobilise, captivée par la silhouette obscure qui prend forme derrière moi dans le miroir. Une brume noire, presque palpable, ondule dans les reflets. Quand je me retourne brusquement, les yeux écarquillés, je confronte cette entité étrange.

"Qui... qui es-tu ?" Ma voix tremble légèrement, mêlant l'appréhension à la curiosité.

Après un silence pesant, une voix féminine, teintée d'arrogance, me répond.

"Eh bien, ma chère, je ne suis autre que toi-même," réplique-t-elle, un rire moqueur dans sa tonalité.

"Impossible... tu... tu es moi ?" Mes mots trébuchent, peinant à saisir la réalité de cette apparition.

Mes doigts se serrent instinctivement autour d'un ciseau posé à proximité. Sans réfléchir, je le pointe vers cette forme sombre qui continue de flotter dans l'air.

"Que comptes-tu faire avec cet objet, ma chère ? Penses-tu réellement pouvoir me blesser ?" se moque-t-elle encore. Son absence de visage ajoute au mystère, mais je peux discerner un sourire dans l'obscurité qui l'entoure.