Les nuits du Deuils

Chapitre 0 : Le commencement après la fin

Un océan de sable incandescent s'étendait à perte de vue, balayé par un vent brûlant qui hurlait comme une âme en peine. Le soleil, un globe de feu impitoyable, régnait en maître sur ce monde de désolation, ne laissant place qu'à la soif, à la faim et au désespoir.

Au milieu de cet enfer, je marchais, nu et frêle, tel un spectre errant dans les limbes de l'oubli. Pas un souvenir ne peuplait mon esprit vide, aucune trace de mon passé ne me guidait dans ce désert infini. Seuls comptaient la survie et l'espoir fragile d'un abri, d'un havre de paix dans cet univers hostile.

Après des heures de marche sous le soleil tyrannique, un mirage apparut à l'horizon. Une silhouette imposante se découpait dans la lumière aveuglante, comme un temple oublié des dieux. Un espoir fou s'empara de mon cœur, et je me précipitai vers cette promesse de salut.

Les ruines, vestiges d'une civilisation perdue, se dressaient devant moi, offrant un semblant de protection contre les éléments et les dangers qui rôdaient dans ce désert. Je franchis le seuil brisé, pénétrant dans un labyrinthe de couloirs poussiéreux et de salles dévastées. L'air y était lourd et silencieux, imprégné d'une odeur de mort et de désespoir.

Alors que le soleil s'inclinait vers l'ouest, cédant le pas à la lune, une transformation saisissante s'opéra. Le ciel se para d'une teinte rouge sanglante, comme si la terre elle-même pleurait ses péchés. La lune, un œil blanc et froid, fixait le monde d'un regard perçant, tel un juge impitoyable prêt à rendre son verdict.

Surgissant des ténèbres, des créatures cauchemardesques apparurent. Des spectres angéliques déchus, leurs corps diaphanes traversés par des côtes saillantes, comme si elles étaient prêtes à s'ouvrir en grand pour accueillir le monde dans leurs bras osseux. Des cheveux blancs comme la neige couronnaient leurs têtes, encadrant des visages d'une pâleur morbide. Des bandeaux noirs masquaient leurs yeux, les privant de la lumière et les plongeant dans un monde d'obscurité permanente. Des ailes blanches, semblables à des lambeaux de brouillard spectral, ornaient leur dos, leur conférant une allure fantomatique et terrifiante.

Leur beauté était terrifiante, un paradoxe vivant qui glace le sang. Des cornes rouges, symboles de leur puissance macabre, ornaient leurs fronts. Plus le nombre de cornes était élevé, plus la créature était redoutable.

N'ayant pas encore exploré les ruines, je décidai de rester silencieux, attendant que la nuit se dissipe. Mais la maladresse me trahit, et l'un de ces monstres, doté d'une seule corne, fondit sur moi. Sa force était saisissante, même pour une créature de ce calibre. Il me projeta au sol et tenta de m'emprisonner dans ses côtes acérées, prêt à me dévorer.

Je parvins à me dégager et observai attentivement son anatomie. Son cœur, pulsatile visible à travers sa peau diaphane, représentait son point faible. N'ayant aucune arme et toujours nu, je pris une décision désespérée : je l'arracherais de sa poitrine à mains nues.

Hélas, ma tentative échoua. Face à l'imminence de ma mort, je décidai de jouer un dernier atout. Je me laissai capturer, plaçant ma bouche face à son cœur. Au moment où il ouvrit grand sa cage thoracique, je plongeai mes dents dans son organe vital.

Je triomphai de la créature, arrachant sa vie de ses entrailles. Mais ma victoire fut de courte durée. Le cri du monstre avait attiré ses semblables, une horde de spectres affamés qui se ruèrent vers moi. Paniqué, je me réfugiai dans les profondeurs des ruines, priant pour que la nuit prenne fin.

Caché dans un recoin sombre, je retenais mon souffle, le cœur battant la chamade. Les grondements sourds de ces monstres résonnaient dans les couloirs poussiéreux, me rappelant leur présence menaçante.

Une sensation étrange me parcourut, une chaleur diffuse qui s'émanait de mes veines.

Je fermai les yeux et me concentrai sur cette énergie inconnue. Elle était faible, incertaine, mais bien présente. Était-ce la peur ? La rage ? Ou quelque chose de plus primitif, quelque chose d'ancien qui s'éveillait en moi face à la menace ?