La guerre des Esprits | Une nouvelle Lueur | Cycle 1 tome 1

𝐏𝐫𝐨𝐥𝐨𝐠𝐮𝐞

Nuit noire, la lune se fait discrète, les étoiles, timides. Tout est sombre, comme une ombre menaçant de tous les malheurs. Rien de rassurant en somme. La forêt semblait si grande, se refermant sur ses habitants, les rongeurs se cachant et les chouettes exprimant leurs sons terrifiants. Seul le vent, sifflant dans les feuillages, comme une douce voix, pouvait prédire ce qui allait arriver.

Course effrénée, deux ombres transperce les fourrés, haletant comme des fous. Que fuient-ils ? Impossible de voir dans cette noirceur. Courant à perte d'haleine, à travers le bois, slalomant entre les rochers et sautant par-dessus les branches, leurs fuites semblaient infinies. Leurs coussinets étaient ensanglantés, le cœur battant à tout rompre, la gorge sèche.

Finalement, l'un d'eux finit par s'arrêter en haut d'une crête, le pelage en sueur, le regard fou de terreur. Qu'est-ce qu'était cette horreur ? Pourquoi lui ? Pourquoi eux ? Son cœur je voulais pas s'apaiser, frappant dans sa cage thoracique. Il dut prendre plusieurs bouffées d'air pour réussir à reprendre un temps soit peu de calme. Finalement, après avoir repris son souffle, il se mit enfin à parler à son camarade, la salive manquante.

— On a réussi à fuir tu crois ?.. ah.. ah.. je n'en peux plus !

Mais aucune réponse n'arriva à ses oreilles. Jettant un coup d'œil en arrière, il se rendit compte avec effroi que son camarade n'était pas là. Aucun signe de lui. Ne l'avait-il pas suivi ? Ou s'était-il fait avoir ? Non.. hors de question de songer à un destin si funeste pour son compagnon de toujours.

Une fois son souffle apaisé, les muscles tendus, le matou décida d'enfin affronter sa peur, désireux de retrouver son ami. Il se tourna, avançant de trois pas, avant de s'arrêter net. Souffle coupé, le cœur battant dans ses tempes, la terreur s'empara de tout son être. Il ne pouvait plus penser, ni respirer. Le temps semblait s'être arrêté comme pour faire durer le moment un peu plus longtemps, comme pour punir le félin d'une faute, l'accablant. Mais qu'avait-il bien pu faire pour mériter un tel acharnement ? La chose s'approcha, et son corps lui répondit enfin pour bouger d'un pas en arrière, puis un deuxième. Les pupilles rétractées, le matou prononça avec difficulté des mots que seul lui pouvait entendre tant ils étaient bas.**

— Non... Au.. au secours..

Arrivé au bord de la crête, la peur ne lui faisant pas réaliser son erreur, ses pattes arrières tombèrent dans le vide, l'emportant sous son poids. Transporté dans sa chute, sans avoir le temps de s'accrocher à quoi que ce soit, le mâle tomba brusquement en bas, son cou craquant à la réception. La vie avait quitté son corps, seul l'expression de terreur resta marqué à jamais sur son visage.

Non loin de là, cachée dans un buisson de ronce, une forme bicolore tremblait de crainte sans pouvoir s'arrêter. Il avait tout vu, surtout la mort de son ami. Mais, il n'avait rien pu faire, se sentant lâche de ne pas avoir au moins essayé. Sentant l'odeur de son assaillant s'approcher, terrifié, il se retourna, laissant le corps de son ami seul, et s'en alla fuir dans le sous bois.