- "Laetitia. Tu es rentrée. Viens." fit une voix qu'elle connaissait bien.
Son père était dans le séjour, en train de lire une lettre. Il avait parlé calmement, trop calmement. Le calme avant la tempête, pensa Laetitia. Elle s'approcha, sans un mot, tout en restant assez loin pour que son père ne puisse pas la frapper. Son père était capable de faire n'importe quoi quand il était contrarié. C'était donc mieux de prendre des précautions quand on lui parlait.
- "Lis ça." dit-il, toujours avec cette voix trop douce pour qu'il soit vraiment de bonne humeur.
Au moment où elle entendit ces deux mots, elle sut quelle allait être la suite. Elle avança d'un pas, saisit la feuille et déclama en une longue tirade le texte qu'elle connaissait maintenant sur le bout des doigts.
- "Monsieur, madame. En raison des 21 absences non-justifiées du mois dernier, votre fille Laetitia sera exclue de cours la durée de la semaine suivante. Néanmoins, elle devra aller à l'école tous les jours et rester en permanence de 8 à 17 heures. Cordialement, le directeur."
Dès qu'elle eut fini de parler et relevé les yeux du papier, son père la gifla avec une force surhumaine. Laetitia s'y attendait mais la puissance du coup la laissa sans voix. Elle avait l'impression que sa tête aurait pu faire un tour complet autour de son cou. Elle n'eut pas besoin de mimer la souffrance pour faire plaisir à son père car la douleur qui déformait ses traits était réelle.
- "Tu me fais honte." asséna son père en détachant bien chaque mot. "Est-ce que tu as une idée de la quantité d'énergie que je dépense, à travailler tard tous les jours, pour gagner de l'argent pour garantir à ton frère et toi de bonnes études? Et quand je rentre, j'apprends que tu sèches les cours! Tu me déçois, Laetitia, beaucoup. Va dans ta chambre et tu n'en sortiras que demain matin."
Laetitia ne dit rien, car cela n'aurait servi à rien. Parler à son père quand il était énervé était pire que parler à un mur. Laetitia n'aimait pas parler pour rien, alors elle partit sans dire un mot. Elle se dirigea vers sa chambre d'un pas assuré et, quand elle fut sûre que son père lui avait tourné le dos, elle se retourna et lui tira la langue silencieusement. Quand elle sortit du séjour, on aurait presque pensé qu'elle souriait.
Elle entra ensuite dans sa chambre. Elle jeta son sac dans un coin de la pièce puis s'affala sur son lit. Elle regardait le plafond gris foncé quand un besoin soudain la prit. Elle se leva d'un bond, et chercha frénétiquement son MP3 et ses écouteurs. Une fois qu'elle mit la main dessus, elle enfonça les écouteurs dans ses oreilles et mit sa chanson favorite. Moins d'une seconde plus tard, la musique déferla. Elle ouvrit la fenêtre et s'assit sur le rebord, les jambes dans le vide. Elle n'avait pas peur, elle avait l'habitude. Elle ferma les yeux et se focalisa sur ce qu'elle ressentait. Le vent sur son visage. Le vide sous elle. Les notes dansant dans sa tête. La musique permettait à la jeune fille de voyager sans bouger vers un autre monde, son monde. Cela lui permettait d'évacuer la tension accumulée pendant la journée et de se concentrer sur ses pensées.
Laetitia avait l'impression d'oublier quelque chose, alors elle se remémora la journée, minute après minute, sans oublier aucun détail. Après quelques minutes de concentration intensive, elle se souvint. Elle n'y avait pas prêté attention sur le coup mais le directeur avait écrit sur le tableau qu'un nouvel élève allait intégrer la classe. L'espoir pointa timidement son nez. Peut-être que cet élève serait plus gentil que les autres. Laetitia refoula ce sentiment. Même si le nouveau (ou la nouvelle) n'était pas méchant avec elle au départ, il le deviendrait à cause de sa réputation. Il n'y avait pas de solution à son problème.
Elle continua à méditer sur ce sujet jusqu'à ce qu'elle réalise qu'il faisait nuit. Elle prit alors son MP3 et son petit carnet dans lequel elle écrivait ses poèmes et ses textes. Elle aimait écrire presque plus qu'écouter de la musique. A travers son stylo, elle transposait ses émotions sur le papier. Elle préférait écrire la nuit, en regardant les étoiles, car elle avait l'impression que ces étoiles l'aidaient à transformer ses émotions en mots. Elle réfléchit un moment puis décida de ne pas prendre sa couverture. Il faisait chaud, bien que le printemps vienne de démarrer. Elle se mit debout sur le rebord de la fenêtre, son corps au dessus du vide, faisant face au bâtiment. Elle habitait au huitième et dernier étage de l'immeuble, alors grimper sur le toit, qui était plat, ne lui prenait que quelques secondes. Une fois sa destination atteinte, la jeune fille s'allongea et regarda la lune. C'était une nuit de pleine lune. Laetitia aimait les nuits de pleine lune. Elle contemplait l'astre quand une idée lui vint à l'esprit. Elle prit son carnet, empoigna son stylo et commença à écrire. Au bout de longues minutes de réflexion et de ratures, elle releva la tête et lut son travail abouti.
Laetitia sourit, satisfaite de son travail. Ecrire lui permettait de ne pas perdre espoir quand tout lui semblait perdu. Elle se rallongea et regarda les étoiles. Elle partit dans le monde des songes quelques minutes plus tard, de la musique lui emplissant les oreilles, un sourire au lèvres et des étoiles plein les yeux.
Quand elle se réveilla, le soleil commençait à peine à illuminer la ville. Elle repris son carnet et son MP3, les fourra dans sa poche et descendit du toit jusqu'à sa fenêtre. Elle regarda l'horloge pendue au mur. Il lui restait deux heures. Elle prit sa douche, enfila une tenue propre et prépara son sac pour aller au lycée, sans oublier de mettre son carnet dans poche intérieure qu'elle avait cousue elle-même à cet effet. Ensuite, elle se faufila jusqu'à la cuisine en priant pour que son père n'y soit pas. Son ange gardien devait être à l'écoute car la cuisine était déserte. Elle avala deux tartines et un grand bol de lait chocolaté. Repue, elle attrapa son sac et sortit de chez elle. Quand elle fut en dehors du bâtiment, elle se rappela qu'un nouveau ou une nouvelle allait arriver dans sa classe. Cela la fit sourire, car elle avait vraiment envie que cette personne soit différente des autres. Elle marcha sur le chemin en imaginant son visage.
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Opération LRIC
ActionLaetitia est une jeune fille banale. Elle vit normalement jusqu'à ce qu'un nouvel élève arrive dans sa classe. Elle qui rêvait de s'échapper de sa vie ne va pas être déçue. Elle se fait kidnapper par une mystérieuse agence appelée LRIC. Quelle est c...