— Pft, franchement, il fallait qu'il bosse le samedi, rouspéta Emilie.
La jeune femme, qui avait de long cheveux châtains, accompagnait son petit frère et sa petite soeur se dépenser au parc. Leur père avait, la semaine passée, promis à ses plus petits enfants de les emmener ce samedi jouer dans ce très grand jardin, où tous les enfants de la ville se retrouvaient autour des balançoires et des toboggans du coin enfant. Seulement, un imprévu le poussa à annuler. Dévastés, les deux plus jeunes ont pleuré toute la matinée, si bien que leur mère chargea l'étudiante de les y accompagner. Emilie, qui avait prévu de passer sa journée enroulée dans son plaid, près de sa fenêtre, à lire son roman du moment, ne fut pas enchantée. Mais la maman trouva le bon argument pour la faire changer d'avis.
— Si tu refuses, je refuse de te donner ne serait-ce qu'une pièce pour acheter le tome 3 de ton bouquin, dit-elle, un sourire narquois aux lèvres.
Ce n'était pas vraiment un argument, mais une menace. Emilie savait que sa mère était sérieuse. Étant étudiante, elle n'avait que très peu de sous pour s'acheter des livres par millier. Or, sa raison de vivre, c'était la littérature. Il était donc inconcevable pour elle de ne pas avoir de quoi se payer le prochain tome de sa saga favorite. Résignée, elle s'en alla enfiler sa veste, ainsi que ses gants, son écharpe et son bonnet en laine, couleur automne. Avant de partir, sa mère lui donna un peu d'argent, au cas où les enfants auraient faim.
— Pense à te prendre une douceur également, ma chérie. Et profite de cette sortie, crois ta maman d'amour, ça te fera du bien de prendre l'air et de te connecter un peu plus à la nature qu'à ton lit et ton plaid.
— Mouais, j'ai de gros doutes la dessus.
Et c'est ainsi qu'Emilie se trouva dans le parc, vers 16h de l'après-midi, un samedi. L'air extérieur était frais, et après avoir passé un peu plus de vingt minutes assise sur un banc près de l'endroit où ses cadets s'amusaient, elle s'était étrangement habituée à cette température. C'était loin d'être désagréable. Les plus petits couraient, heureux de pouvoir se dépenser ainsi. Les nombreux arbres présents perdaient de manière excessive leur feuilles devenus orangés, marrons et rougeâtres, elles tourbillonnaient autour des enfants, comme-ci, avant de tomber au sol, elles dansaient et s'amusaient un peu. Une fois par terre, elles attendaient sagement que le vent les emporte voir du pays, elles qui, toute leur vie, n'avaient vu qu'un millième du monde qui les entoure, étant toujours accroché à leurs branches. D'autres semblaient enthousiastes à l'idée d'être collectés par les enfants pour créer des bouquets de feuilles pour leur maman. Et oui, elles étaient aussi belles que des fleurs, elles méritaient donc d'être utilisées pour créer des bouquets. Emilie remarqua qu'il n'y avait pas que des feuilles au sol, des marrons, des glands tombaient également des arbres, signe que ces fruits étaient arrivés à maturité, et qu'il était tant de les collectés, ce que les enfants faisaient à cœur joie... Emilie ferma les yeux, le visage tourné vers le ciel, inspira et expira, et sourit, malgré elle, ce spectacle automnale était très beau. Elle qui n'avait pas l'habitude de sortir, elle appréciait, sans vouloir l'avouer, l'ambiance qui régnait dans ce lieu. Sa mère avait-elle raison, ça valait le coup de sortir et de se "connecter à la nature" ?
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𝘜𝘯 𝘤𝘢𝘧𝘦́ 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘶𝘯 𝘴𝘰𝘶𝘳𝘪𝘳𝘦, nouvelles book.
Short Story« Mes fleurs préférés sont les tulipes. Je suis une grande romantique, et selon moi la fleur la plus romantique à offrir à une personne, ce n'est pas la rose, mais bien la tulipe. » Couverture du livre par @kahezutqv.