Entre deux mondes (Tokyo Ghoul)

PROLOGUE

"Roisu, cache-toi. Quoi qu'il arrive reste cachée."

La jeune fille acquiesce, apeurée. Elle s'enfonce un peu plus sous le bureau tandis que sa mère se relève et se dirige vers les deux monstres que son père est entrain d'affronter. Des éclairs bleus semblent lacérer les airs, tandis qu'il frappe de sa quinque un des hommes masqués.
Sa femme se jette sur eux, tentant d'éloigner l'intrus, mais elle est aussitôt stoppée dans son élan par un coup fulgurant, si rapide qu'il laisse des traces écarlates sur son passage. On dirait une hache d'un rouge vivace. Le corps tombe au sol, avec un bruit sourd qui résonne aux oreilles de la jeune fille. Elle regarde vers son père, la vue brouillée de larmes brûlantes, espérante.
Mais sa quinque est tombée, et le monstre qui l'attaquait a la tête enfoncée dans son corps inerte. Tout ce qu'elle peut voir, c'est son masque d'un rouge sombre, bestial, qui semble la fixer depuis la main de son possesseur. Roisu sent un frisson de terreur glacial lui parcourir la colonne vertébrale.
Bien contre son gré, des sanglots désespérés s'échappent de sa cachette. L'autre homme tourne vers elle son masque noir, mais elle ne semble pas l'intéresser. Il appelle simplement son coéquipier, et ils s'enfuient en une seconde, laissant là les victimes de leur massacre, sur le sol glissant de sang, et une fille traumatisée cachée sous son bureau, tenant ses mèches de cheveux entre ses doigts paralysés comme si sa vie en dépendait.

Roisu ne saurait dire combien de temps elle est restée sous ce bureau, attendant en vain un mouvement de la part des corps gisants, incapable de bouger le moindre muscle.
Puis elle s'est levée. Après avoir pleuré toutes ses larmes jusqu'à la déshydratation, après avoir épuisé ses derniers espoirs de voir ses parents se relever. Elle s'est levée et s'est avancée vers le corps de son père. Il avait un énorme trou sanguinolent qui partait de l'épaule jusqu'au milieu du torse. Elle a détourné les yeux, et elle a ramassé la quinque aux éclats bleus. Puis, après un dernier regard hésitant vers sa famille et sa vie anéanties, elle est partie.