CHAPITRE 2: La goule aux ailes rases

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Roisu Hatteyoshi

- Plus fort, Roisu ! Tape plus fort !
- Compte, ha ha ! compte toujours, n'oublie pas de compter.
- Plus fort ! C'est pas comme ça que tu viendras à bout d'une goule !
- Papa nous protégera toujours, tu verras.
- Plus fort !!!
- Compte, ne perds pas le compte.
- Tu vois ça, c'est une quinque. C'est la seule arme valable. Un collègue dit toujours que la seule chose qui nous permet de vaincre les goules...
- Compte toujours ! Ha ha ha... Souffre !
-... C'est d'être plus rusé qu'elles.

J'ouvre les yeux.
Qu'est-ce qu'il se passe...
J'ai mal. J'ai mal dans le dos, dans le ventre. C'est horrible... Je gémis en tentant de me recroqueviller. Je ne m'étais pas sentie aussi faible depuis longtemps. Quelqu'un vient de lever quelque chose du bas de mon visage. Un masque. Sûrement ça qui m'a réveillée...
Je plisse tout doucement mes paupières, ma vision est floue, et mon oeil gauche me brûle, la peau autour est en feu, ça pique, ça gratte, ça démange terriblement, tant que j'ai envie de me griffer, mais je n'ai pas la force de bouger mon bras.

- Qu'est-ce m'arrive... Je dis dans un souffle.

Je ne me rends pas compte d'avoir parlé à voix haute, et je regarde autour de moi. La lumière blafarde m'éblouit, mais je distingue quand même plusieurs bocaux géants avec des silhouettes difformes. Ce sont... Je plisse les yeux. Des caissons... Avec des corps.
Je me redresse d'un bond, tous les sens en alerte, les yeux écarquillés et toujours douloureux, scrutant les environs. J'ai des cathéters dans le coude droit.
Il y a un homme aux cheveux blancs avec une longue blouse. C'est quoi ce bordel... Je vois aussi un homme aux cheveux bleus, l'air mauvais, assis derrière lui. Je tourne la tête et croise le regards des deux monstres qui m'ont attaquée. Vite ! Je balance mon bras dans mon dos, à la recherche du contact familier de ma quinque, ma seule défense. Il n'y a plus rien.. Est-ce que je l'ai perdue ? Oh non... Tout ce qui me raccroche à ma vie passée... Je respire bruyamment, cherchant vainement des objets contondants, mais je suis totalement désarmée.

- Bienvenue parmi nous. Comment tu te sens ?

Je regarde le docteur avec mon air le plus bestial.

- Qu'est-ce que vous m'avez fait, enfoiré ?

Les deux filles se tortillent sur leurs jambes, visiblement mal à l'aise.

- Je t'ai opérée et je ne te conseille pas de bouger, tu es toujours en convalescence, jeune agent du CCG. J'ai remplacé ton foie par celui d'une goule et je t'ai nourrie.

Une goule... Nourrie... J'ai envie de vomir mes entrailles.

- Vous.. Vous avez fait de moi une goule...

Ma voix se change en un grondement guttural.

- Sale monstre !

J'arrache les cathéters de mon bras et me jette sur lui. Je veux lui arracher le visage.. Déchirer cet air si sérieux... Je veux qu'il hurle, que sa souffrance me galvanise de plaisir.
Oui.. Oui ! Ha ha ha ! Encore !
Je suis stoppée dans mon élan. Merde ! Encore les deux jumelles qui me retiennent d'une poigne de fer...
Je dois avouer que je suis quand même contente qu'elles m'aient arrêtée. Je ne me reconnaissais pas. J'ai terriblement peur. Quelque chose d'autre a changé.

- C'est quoi ça ? Pourquoi j'entends des voix ? Je siffle d'un ton brusque.

Mes yeux fixent le vide tandis que je panique. Qu'est-ce qu'ils m'ont fait, bordel ?!

- Des voix ?

- Ne faites pas celui qui ne comprend pas ! J'explose.

Je vois l'homme aux cheveux bleus derrière. Il a l'air surpris. Lui aussi, il est retenu ici ? C'est pas possible... Des larmes de rage et d'impuissance s'échappent de mes yeux, le gauche toujours brûlant. Je ne peux pas être une goule... Je ne peux pas le supporter, je n'ai même pas la volonté d'essayer.
Avec une force surhumaine, je me dégage de l'emprise des deux monstres et j'attrape la barre de ma perfusion, la frappant de toutes mes forces sur le bord de lit. Le bout vole en éclats, laissant une extrémité pointue et tranchante. Parfait.. Ma main tremble lorsque j'enfonce la barre dans la poitrine. Quelque chose se tord.. Je ne ressens aucune douleur, comme emportée dans une transe malsaine. Une des jumelles me prend la main fermement et je la regarde, haineuse, mais son visage est triste, las, et ses yeux sont ternes. Un oeil humain, et un oeil monstrueux, c'est quoi ce genre de goule ? Mais son regard n'a rien d'inhumain.. Il reflète l'usure et la déception de la vie, et je me revois, il y a quelques années.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 15, 2015 ⏰

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Entre deux mondes (Tokyo Ghoul)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant