À contre cœur - [Maxime Biaggi x Djilsi]

À CONTRE COEUR

Dans ce silence se jouait la mélodie de son absence.

★★★

Confortablement installé sur sa chaise de bureau, un plaid chaud sur les épaules, Maxime pianotait silencieusement sur son clavier d'ordinateur portable. La pluie refusait obstinément de s'apaiser, et l'humidité ambiante de Paris était désormais accompagnée d'un vent froid, presque glacial. Le brun s'était alors enfermé dans son petit appartement, se forçant à réfléchir sur sa prochaine émission bimensuel. À côté de lui trônaient une tasse de thé fumante l'aidant à rester éveillé et alerte, quelques comprimés contre le mal de tête et les restes d'un repas hâtivement avalé. Les rideaux soigneusement tirés rendaient l'ambiance intimiste et réconfortante, où la légère mélodie en arrière-plan se mêlait à l'odeur agréable des bougies allumées.

Puis, incapable de se concentrer plus de cinq minutes sur quelque chose, il décida de laisser de côté le script à moitié écrit pour se perdre sur les réseaux sociaux. Il se surprit à fredonner doucement lorsque ses musiques préférées passaient, parfois l'envie de danser le traversait tandis que ses doigts agiles et fins tapotaient, et glissaient sur l'écran lumineux de son téléphone portable.

Soudain, une chanson familière se lança, Maxime sentit son cœur se serrer, et une boule se forma dans sa gorge. Il en reconnut immédiatement les premières notes, son rythme entraînant le ramena instantanément des mois en arrière. Cette chanson, c'était leur chanson. Celle qu'ils avaient écoutée des dizaines de fois ensemble, celle qui lui rappelait les bons moments passés avec son ancien meilleur ami, Sidjil.

Les souvenirs se bousculèrent brusquement dans sa tête et une vague de tristesse s'empara de lui. Il se souvint avec émotion du lien fort qui les unissait, de leur complicité, de leurs rires et confidences. Il se revoyait souvent plonger dans les yeux du toulousain, se perdant dans leur profondeur et leur sincérité. Il se souvenait de tout, mais surtout, il se remémora le jour où il avait réalisé que Sidjil faisait battre son cœur plus fort que n'importe qui.

Sidjil était un homme à la beauté envoûtante, son charisme était tel qu'on ne pouvait détacher nos regards de lui. Ses traits anguleux et ses yeux perçants captivaient quiconque croisait son regard. Son sourire charmeur attirait immédiatement l'attention, illuminant son visage d'une aura mystérieuse et séduisante. Sa voix rauque et pleine d'assurance résonnait avec douceur, faisant chavirer les cœurs les plus endurcis. Il se dégageait de lui une aura de confiance et de mystère qui attirait irrésistiblement tous ceux qui croisaient son chemin. Sidjil était l'incarnation même de la séduction, un homme à la beauté ensorcelante qui laissait une marque permanente dans les esprits des personnes qui ont eu la chance de croiser sa route.

Et Maxime avait, naïvement, succombé à son charme.

Le corse savait que ses sentiments n'étaient pas partagés. Amoureux de son meilleur ami, il avait dû se résoudre à accepter la réalité : Sidjil ne ressentait, et ne ressentirait jamais la même chose pour lui. Puis un jour, tout avait basculé. Le soir de son anniversaire, avait été le point de non-retour. Il avait surpris Sidjil embrasser une femme. À ce moment là, la jalousie ainsi que la douleur l'avaient submergé. Sous le coup de l'émotion, se sentant trahi, blessé, ses agissements l'avaient dépassé. Ainsi, les deux hommes s'étaient éloignés l'un de l'autre, brutalement, sans mots, sans explications.

Cela s'est passé il y a quelques mois déjà, mais ce souvenir douloureux restait ancré dans sa mémoire, semblable à une empreinte indélébile sur son esprit. Maxime n'aurait jamais pensé que ça l'affecterait autant. Il avait menti à tous ses proches, peut-être même à lui aussi. Incapable d'admettre qu'il était complètement dépendant de leur relation, il avait choisi de garder ses sentiments pour lui, de souffrir en silence plutôt que de risquer de perdre cette amitié si précieuse à ses yeux.

Pour rire, pour se provoquer, les deux s'étaient déjà embrassés, mais ce n'était jamais rien de sérieux, Maxime savait qu'il ne s'agissait que d'instants volés, de parenthèses dans leur relation. Et comment lui en vouloir ? Sidjil jouait à la fois le rôle de confident, de complice, de frère, d'alter égo. Ils avaient partagé tant de moments forts, tant de rires et de larmes. Il se revoyait, naïf et insouciant, tombant amoureux de son ami sans jamais oser lui avouer ses sentiments. Le corse se remémorait silencieusement ces regards échangés, et ces étreintes furtives. Il avait espéré que le temps apaiserait sa peine, mais la musique ravivait ses blessures, les rendant plus vives que jamais.

Maxime essayait sans relâche de se concentrer sur lui-même, sur ses passions et ses propres objectifs. Mais malgré tous ses efforts, une partie de lui ne pouvait s'empêcher de penser à Sidjil et à la complicité unique qu'ils partageaient. Les endroits qu'il visitait, les activités qu'il entreprenait, les chansons qu'il écoutait, ou même quand il passait devant un endroit où ils avaient ri aux éclats. Tout lui rappelait son ancien meilleur ami.

Il était toujours là, insaisissable, présent dans chacun de ses souvenirs.

La musique continuait à résonner dans la pièce, créant un véritable écho mélancolique dans le cœur de Maxime. Il se sentait tellement seul, perdu dans ses pensées, regrettant la distance, que lui-même, avait instaurée entre eux.

Et dans un élan de courage, d'émotion, de désespoir et d'espoir mêlés, Maxime décida d'envoyer un message à Sidjil dans lequel il lui avouait tout. Afin de lui implorer de recoller les morceaux et de retrouver leur complicité perdue, par sa faute. Il attendit fébrilement une réponse, mais rien ne vint.

Ses espoirs furent brisés lorsqu'il se rendit compte que Sidjil l'avait bloqué.

Le monde de Maxime s'écroula. Il se sentit perdu, abandonné, incapable de comprendre pourquoi le grand brun avait décidé de le laisser derrière lui. Il tenta désespérément de le contacter, de le convaincre de lui laisser une chance. Mais rien n'y fit. Sidjil était parti, loin, et définitivement.

Maxime resta assis là, seul avec ses pensées, le cœur meurtri et les larmes aux yeux. Il aurait tellement aimé pouvoir lui parler une dernière fois, lui dire à quel point il lui manquait, à quel point il regrettait d'avoir laissé la colère et la jalousie dicter ses actions ce soir-là. Maxime se sentait particulièrement vide et seul sans lui, sans sa présence rassurante, son rire contagieux, ou encore sa chaleur humaine.

Il avait perdu son meilleur ami, et c'était entièrement de sa faute.

La musique continuait de jouer, la mélancolie envahissant son être. Maxime inspira profondément, se promettant de ne plus laisser ses émotions prendre le dessus sur ses actes. Malgré la douleur et la tristesse, Maxime savait qu'il devait respecter la décision de Sidjil. Il avait choisit de tourner la page, de refaire sa vie sans lui. Il avait prit une autre voie, et Maxime devait l'accepter, même si cela lui déchirait le cœur.

Le brun avait beau regretter ses actions, il ne pouvait pas revenir en arrière. Il devait maintenant faire face à ses erreurs, à ses choix regrettables, même si cela allait être difficile, même si cela allait lui demander du courage et de la patience. Maxime ferma les yeux un instant, laissant la musique le bercer, avant de finalement laisser les quelques perles de tristesse rouler le long de ses joues. Il savait qu'il devait aller de l'avant, mais une partie de lui restait prisonnière du passé, de cette amitié brisée, de cet amour inavoué. Il savait qu'il lui faudrait du temps pour guérir, pour accepter et pardonner.

Maxime se promit alors de tourner la page, de laisser le passé derrière lui. Mais au plus profond de lui, il savait très bien qu'il garderait toujours une place pour Sidjil, dans un coin de son cœur, comme un amour impossible et éternel.

Et peut-être, un jour, il retrouvera Sidjil pour lui confier ses sentiments, pour lui demander pardon, juste pour se libérer de ce poids qui pesait sur son cœur.