Chapitre 1 : L'amour est universel

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J'ouvre en grand ma fenêtre et prend une inspiration. Je respire l'air frais de mon jardin en automne. L'été dernier nous avons acheté des fleurs, mais comme il faisait chaud il fallait les arroser. Les enfants se sont follement amusés avec le jet d'eau. Ils ont même fait une bataille d'eau sur la terrasse tandis que je prenais le soleil sur le transat pour parfaire mon bronzage à côté de John et son barbecue. Tous ces moments de bonheur me rende un peu nostalgique, même si je sais bien que nous allons en recréer bientôt. 

J'expire. 

La vie est belle. 

Ma vie est belle. 

                                                                                     ***

- Chérie ?

- Je suis dans la cuisine.

- Tu nous fais un bon plat pour ce soir ? 

- Sauté de veau au pruneaux, ça va ?

- Mouais. Je vais au boulot, bisous.

- A ce soir. 

Il claque la porte. Les enfants déboulent dans la cuisine bruyamment. Ils dévorent le petit déjeuner que je leur ai préparé à une allure propre aux enfants affamés. Je les accompagne à l'école à côté de chez nous. 

Je suis femme au foyer, et je vous avoue que parfois j'en ai marre, mon mari travaille comme avocat dans un tribunal et nous somme plutôt aisés. Nous vivons près de Nantes, dans une grande maison et un beau jardin que j'entretiens souvent. 

Bref, tous les clichés du bonheur.

                                                                                                  ***

Je suis en train de passer le balai dans la cuisine vers midi quand on sonne à la porte. J'ouvre en me disant que c'est la robe que j'ai commandé qui viens enfin d'arriver. 

Mais là, lorsque la lumière claire du jour entre dans la maison, mes yeux sont éblouis. Pas à s'en protéger, non, justement ; à les garder ouverts le plus possible pour admirer cette lumière éclatante. Une femme se tient devant moi, l'air exaspéré que je sois à ce point là un Bisounours. Elle mâche un chewing-gum, et ce spectacle me fascine : ses lèvres pulpeuses ornées d'un piercing en forme d'anneau se ferment et s'ouvrent lentement d'une grâce inouïe à tel point qu'elle pourrait faire un défilé de mode facilement vu l'élégance qu'elle a rien qu'en bougeant les lèvres... Ses cheveux sont rouges, extrêmement longs, elle a un look gothique, que je me surprend à adorer. Avec ma jupe longue et mon chemisier, j'ai l'air vraiment ridicule à côté d'elle. Elle a aussi un tatouage à l'avant bras où il y a écrit : "Love is universal" accompagné d'un délicat papillon qui continue le trait en s'envolant pas très loin de son coude. 

- Excusez - moi... Tout va bien ? me demande l'inconnue

- Quoi ? dis - je, sortie de ma contemplation 

- Non mais, je sais que je suis belle, mais à ce point là...

Je rigole doucement. ça n'arrive pas souvent pourtant. Un peu gênée, je répond :

- Euh, je regardais votre tatouage. Il est très beau. 

- Merci. Tenez ; votre colis. 

- Mon colis ? Ah oui, mon colis. 

- Oui, votre colis. 

- Merci beaucoup. 

- C'est mon job. 

- Oui, c'est vrai.

Elle rit à son tour. D'un tout petit rire, presque silencieux. Si discret, si subtil, si... 

Parfait. 

Je souffle. Un peu trop bruyamment à mon gout. Elle reprend :

- J'y vais. Ce fut un plaisir, madame... Madame ?

- De Croisy.

- Au revoir, Madame de Croisy.

- Au revoir.

A ce moment précis, j'avais honte de mon nom de famille. Mais je n'y pensais plus. Je la voyais s'éloigner en repensant à son tatouage : 

" L'amour est universel "

Et bah voilà, ça c'est vrai.

Vert OliveWhere stories live. Discover now