Mia
Les garçons m'ont laissé dans cet appartement un peu vieillot quoique chaleureux depuis plus d'une heure.
Il n'est pas luxueux comme l'était celui de Mikhaïl, mais dans une mission mafieuse il vaut mieux la jouer discrète je présume. Deux hommes se relaient pour jouer les chiens de garde. Le quartier est plutôt calme et seul un restaurant huppé semble en être l'attraction principale.
J'aime observer les passants en contrebas derrière le rideau du séjour. Est-ce qu'ils devinent une seconde que de dangereux criminels les épient du dernier étage de ce building ?
À leur place, je ne m'en préoccuperais pas. J'envie la simplicité de leur quotidien que j'avais autrefois et que j'ai perdu bien avant d'entrer à la Bratva. Mes parents me manquent, mon frère aussi. Les disputes que nous avions, tout comme les barres de rire que l'on se tapait. Les soirées jeux de société étaient toujours une bonne raison pour que l'on se crêpe le chignon avec Tove.
Tout est hors de ma portée, désormais.
La vibration de mon portable me sort de mes tristes pensées. Ma vue est brouillée, il me faut quelques secondes pour me reprendre et constater qu'Aleksander me prévient de leur retour.
Nous avons échangé nos numéros dès que je me suis investie dans les planques, puisque parfois il me laissait seule dans la voiture.
Or, nos discussions sont loin d'être purement professionnelles. La nuit, nos portables sont le lit de bavardages frivoles, riche en sous-entendus que nous taisons au petit jour.
C'est ce qui rend ce petit engin très pratique, bien qu'il permette à Mikhaïl de me harceler depuis mon départ. Il m'envoie des cochonneries, répète que je suis à lui et qu'il se rattrapera du sale coup qu'il m'a fait quand il ne m'a pas défendu lors de mon agression.
Le culot de ce type m'étonnera toujours. Je l'ai bloqué. Peu importe les répercussions que cela aura, je les affronterais le moment venu. Pour l'instant, j'apprécie cette paix que je me suis moi-même octroyée.
Surtout que l'envie de rentrer n'y est pas. Je veux rester à jamais auprès du Prince, mais ce n'est pas possible. Après tout, je ne suis rien et lui a de lourdes responsabilités. Dire adieu à notre routine m'emplit de tristesse. Bien que les bouilles de Georgina, Lucie et Milly me manquent énormément.
Elles me parlent constamment. Elles m'informent que les choses se passent plutôt bien et que mon idée de spectacle érotique lesbien, que j'ai proposé au Nebesa avant de partir, marche à la perfection et fait patienter les clients, le temps de la mission.
Allier ces spectacles érotiques et le chant, à l'avenir, promet d'être intéressant.
Cette idée m'exalte ! J'aime m'investir dans ce travail, enfin notamment dans la dimension créative que je chéris sincèrement.
La porte s'ouvre soudainement à la volée, me coupant dans mes réflexions. Je me lève, sourire aux lèvres pour accueillir Aleksander. La mine contractée qu'il tire me fait froid dans le dos. Yian aussi n'a pas l'air dans son assiette et on dirait qu'ils se sont engueulés, ou alors les choses se sont mal passées.
J'espère que ce n'est pas la seconde option ! Bien que la première ne soit pas plus rassurante.
Sans un regard pour moi, le Prince se rend dans sa chambre dont il claque la porte. Musclor fulmine, s'allume une cigarette et se sert plusieurs verres de vodka.
J'ose me renseigner. Son regard de tueur me fige le sang. Je manque de m'étrangler avec la pâte qui me sert de salive et je feinte de me rendre à la cuisine ouverte sur le salon, pour l'éviter. Elle est ancienne, mais très charmante et à côté de l'entrée.
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RADUCHKA T1 (terminé), T2 (en cours)
RomanceIl y a 2 tomes de prévus et je les publie dans la même histoire. Dans une société qui veut la modeler au détriment de ses rêves, une jeune Suédoise, au désir brûlant de liberté, se verra propulsée, malgré elle, dans le monde brutal et sanglant de la...