Chapitre 2

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Le bruit du verre qui se brisa fit sursauter le couple, alors que le jeune homme en face d'elle n'avait pas sourcillé.

– Hector ! Tu es déjà là ? s'exclama Samantha. Je ne t'ai pas entendu rentrer.

– Je suis arrivé il y a un quart d'heure, mais je vous ai vu en train de discuter et je n'ai pas voulu vous déranger.

– Dé... désolée, balbutia la jeune fille en se penchant pour ramasser les débris.

Mais alors qu'elle tendait la main pour prendre les premiers morceaux de verre, Hector attrapa son poignet pour arrêter son geste et plongea son regard cristallin dans les yeux de Tayla qui, de nouveau, eut le souffle coupé.

– Laisse, je vais ramasser. Tu risques de te couper.

La jeune fille ne sut quoi répondre, ni comment réagir. Son visage était à quelques centimètres de celui du jeune homme et sa main enserrait toujours son poignet. A ce moment, elle ne sentait plus que son cœur qui battait à tout rompre et brusquement, pour couronner le tout, elle sentit le rouge lui monter aux oreilles.

– Mais oui, laissez donc Hector s'en occuper, intervint Frédéric. C'est vrai que ça peut être dangereux et puis, c'est un homme robuste, dit-il avec un sourire rassurant.

Tayla reprit ses esprits et hocha la tête en s'excusant à nouveau de sa maladresse. Puis, elle alla prendre un autre verre dans le placard et le remplit d'eau pour l'apporter à Samantha, qui attendait toujours, pendant que le jeune Hector ramassait les débris de verre avec prudence.

Pendant les dix minutes qui suivirent, le couple âgé termina de faire les présentations, y compris avec Erwan, qui les avait rejoints, sans doute animé par la curiosité de voir quelle était la jeune fille qui allait venir dans la maison. Ils discutaient tous avec enthousiasme, mais Tayla nota que le regard d'Hector était bien plus souvent posé sur elle que sur n'importe quoi d'autre. Elle avait bien remarqué qu'il la fixait pendant de longues secondes avant de revenir à la conversation, mais elle se força néanmoins de ne pas croiser son regard.

Une fois l'intervention chez le couple Miller terminée et installée dans sa voiture, Tayla tenta de remettre de l'ordre dans ses idées lors du trajet.

– Pourquoi ?... se murmura-t-elle

En effet, pourquoi la simple vue d'un jeune homme la mettait dans cet état ? Elle qui avait toujours été entourée de garçons – maintenant devenus des hommes – cela ne l'avait jamais dérangée, ni jamais mise mal à l'aise ou autre. Alors, pourquoi maintenant ?

Seulement voilà : plus elle réfléchissait, plus elle se rendait compte qu'il était parfaitement son genre. Elle se remémora son regard, se souvint des quelques paroles échangées, de son physique, de son charisme et de son aura, indéniables. Oui, c'était tout à fait son type. Mais dans ce cas, cela ne pouvait-il s'agir que d'une attirance physique ? Oui, elle en était certaine, pensa-t-elle, comme pour s'en convaincre.

– Oui c'est sûr..., souffla-t-elle comme pour se persuader. Une attirance physique, rien de plus.

Rassurée, elle poursuivit sa route et rentra pour retrouver Dan, toujours aux prises avec les méchants du jeu. En souriant, elle les rejoignit pour se mettre dans la partie, mais surtout avec une arrière-pensée que c'était le moyen idéal pour se changer les idées.

Les semaines suivantes se déroulèrent, chacune d'entre elles étant la copie conforme de la précédente. Elle allait en cours, rentrait chez elle pour se préparer et allait au domicile de ses différents patients. Elle avait en charge plusieurs patients par semaine.

Lorsqu'elle allait chez le couple Miller, elle remarqua qu'elle se faisait violence pour se composer une attitude normale et professionnelle avant même de passer le pas de la porte. Mais elle s'efforçait aussi de rester amicale et ouverte afin de ne pas les froisser. Il en allait aussi de l'image de la société qu'elle représentait.

Bien évidemment, ses visites chez les Miller augmentèrent les passages des deux garçons, Erwan et Hector n'hésitant pas à monter pour discuter avec eux (ou avec elle ? Elle n'aurait su le dire avec précision...). Ils sympathisèrent tout naturellement.

Cependant, Tayla devait se contenir quand elle croisait le regard d'Hector, toujours aussi bleu et toujours aussi envoûtant, d'autant que le jeune homme semblait avoir une attitude normale à son égard. Elle espérait donc que cela continue, pour sa tranquillité d'esprit...

Au détour de leurs conversations, elle apprit que son oncle travaillait dans la police et qu'il y effectuait des stages, non seulement dans le cadre de ses études, mais aussi lors de ses temps libres et le DUT qu'il suivait lui servirait uniquement à obtenir un diplôme supplémentaire après son bac. Ensuite, son projet était d'intégrer officiellement l'école de police.

Elle découvrit aussi qu'il avait une moto personnelle, mais aussi une moto de police, prêtée par la brigade. Elle qui adorait les motards et les policiers – comme cela peut plaire à la plupart de la gent féminine – ça n'arrangeait pas les choses pour son petit cœur, déjà bien chamboulé. Néanmoins, elle se concentra et essaya d'adopter un ton et une attitude les plus neutres possibles.

Ce jour-là, alors que Tayla caressait le chat roux sur ses genoux, qui semblait la trouver à son goût, le couple et les deux garçons étaient dans la cuisine, à discuter tranquillement de tout et de rien. Puis, à un moment donné, Samantha fit remarquer aux deux jeunes hommes :

– Eh bien, on dirait que l'on vous voit un peu plus ces derniers temps. J'ai vraiment l'impression d'avoir deux fils à la maison, s'exclama-t-elle avec joie. C'est parce qu'il y a une fille qui vient régulièrement chez nous ?

– Ben, j'avoue que Tayla est marrante, répondit Erwan avec toute l'innocence d'un adolescent bourré d'hormones et qui comptait bien essayer ses techniques de drague en lui lançant un grand sourire. J'avoue que c'est agréable.

– Attention, elle est déjà en couple, jeune homme, rappela le sexagénaire.

– C'est pas parce qu'il y a un gardien de but qu'on ne peut pas marquer ! répliqua Erwan du tac au tac.

Ce qui lui valut une tape sur l'épaule de la part de la vieille dame, lui rappelant de témoigner du respect à leur jeune aide, qui sourit en retour.

Quant à Hector, il leva les yeux au ciel en entendant cette réplique et but silencieusement une gorgée de sa boisson, avant de reposer son verre et de plonger son regard dans celui de Tayla.

Celle-ci ne dit mot et soutint son regard. Il faut dire qu'elle avait déjà entendu cette phrase maintes et maintes fois dans le groupe de garçons qu'elle fréquentait.

Mais, même si leurs amis disaient ça pour les taquiner, Dan et elle, personne n'avait jamais osé faire d'avances à la jeune fille. Cela témoignait non seulement d'un respect élémentaire, mais c'était aussi par prudence, car tout le monde savait que si quoi que ce soit se passait, le groupe volerait aussitôt en éclat. L'équilibre était donc la clé et elle mettait un point d'honneur à ce que cela n'arrive jamais.

D'ailleurs, elle espérait bien – que ce soit à l'intérieur du groupe ou en dehors – qu'aucun garçon ne lui fasse des avances. Elle s'était aussi promis que si c'était le cas, elle l'enverrait balader, comme cela lui était déjà arrivée de le faire. Forte de ses convictions, elle s'engagea à rester sur la même ligne de conduite et de ne pas flancher, même auprès d'Hector – qui ne l'avait toujours pas lâchée du regard – quoi qu'il en coûte.

UN RESSENTI INTERDITOù les histoires vivent. Découvrez maintenant