La fin d'un été

Chapitre 1

POV DRACO

"Dis maman pourquoi j'ai peur? Pourquoi je ressens cette boule dans ma gorge. j'essaye de déglutir mais j'ai tellement mal. Et cette crampe dans mon estomac. Cette sensation de froid qui m'étreint? Dis maman pourquoi tu ne peux pas m'aider?

- Tu grandis mon chéri, tu deviens un homme. Tu ne peux rien faire. Ton corps va changer et tes émotions aussi. Tu ressens différemment les choses."

J'ai envie de pleurer en entendant sa voix douce. Elle ne comprends pas j'ai douze ans et je ne suis qu'un adolescent qui commence sa lente transformation en adulte. Tout ce mal être n'est t-il qu'une crise de puberté? Je pense à mes jeux vidéos et je me dis que je suis un mutant peut-être.

Merde ça veut dire qu'on va me courir après pour m'anéantir. Je vois en pensée mes parents évoluer dans ce monde et amèrement je me dit qu'être adulte et trouver sa place dans le monde c'est un genre de lent anéantissement

Je repense à mon père, à ses yeux fatigués quand il rentre du travail. Aux rides au coin des yeux de maman, à ses mains séchées et ses yeux sans arrêt mouillés. Sont-ils heureux?

Je leur demande souvent:

" Ça va maman?

- Bien sûr mon chéri, comment cela ne pourrait-il pas aller, j'ai le plus gentil des garçon et un incroyable mari."

Je vois à son visage qu'elle le croit mais une ombre parasite le tableau...

Je veux comprendre.

" Pourquoi alors tu ne souris plus? Pourquoi tu ne chantes plus et pourquoi tu es si fatiguées?

- Draco mais que t'imagines-tu?"

Elle rit pour de vrai et mon cœur se réjouit. Elle me dit en me serrant fort dans ses bras:

" Tout va bien dans le meilleur des mondes possibles".

Cette allusion à Candide me plait mais je suis trop jeune pour en comprendre toutes les subtilités je crois.

" Ça c'est sûr!"

Je suis mieux. Je décide d'aller prendre l'air.

Je ferme la porte et courre dans le jardin, au passage j'arrache une feuille de la haie et l'a serre fort dans mes mains. Je m'allonge dans l'herbe et je me laisse bercer par les bruits des alentours. J'entends tellement tout que je m'imagine être un super héros en devenir, doté de pouvoir surprenant ce qui expliquerait la réaction de certaines personnes en me voyant!

La tondeuse du voisins deux rues plus loin, les odeurs de cuisines et de graisses mal cuites, la lessive et surtout cette odeur d'herbe qui me chatouille les narine.

Je ferme les yeux bien décidé à profiter du moment.

Maman me dit souvent que je pense trop et que tout le monde va bien. Je veux sourire mais de nouveau cette étrange sensation.

Je commence à avoir froid, je décide de rentrer.

Il y a quelque chose chez moi qui cloche.

Mon père rentre. Il gare la voiture et prend le temps de fermer le portail à clés. Parfois je me fais l'effet d'être le prisonnier d'un homme maniaque et que lui seul à les clefs du royaume pour que je ne puisse m'échapper. Je pousse les rideaux pour ne pas qu'il me voit. Pourtant je ne fais rien de mal, je ne l'espionne pas.

J'entends les pas de ma mère qui se précipite dans la salle de bain et se colorie les lèvres .

La porte s'ouvre et papa dépose les clefs dans le petit bol en céramique posé sur la table haute du vestibule.

Pour moi ce bruit est le summum de l'élégance et du pourvoir de l'adulte. Moi aussi j'aurais bientôt des clés quand je vais commencer dans mon nouveau collège.

Nous avons déménagé il y a deux mois. Plongé dans mes pensées je n'ai même pas vu mon père s'approcher et me caresser les cheveux. Il me propose un thé froid. Je saute sur mes pieds et file nous chercher deux verres.

Je l'aime si fort lui aussi. J'entends maman s'approcher et lui parler doucement. Je repose les deux verres doucement car je sens que je dois les laisser. nous boirons ce thé plus tard.

Je monte les escaliers qui mènent à ma chambre et je m'assois sur le fauteuil devant la fenêtre. je regarde la rue, les passants et les enfants qui se pressent de rentrer. l'été touche à sa fin et la magie du temps suspendue de cette période estivale s'évanouit.

Je passe la main dans mes cheveux que j'ai long. J'examine leur couleur si pâle, si différente. Des fois je me dit: Papa et maman ne m'aime pas car je suis différent puis je revois leurs sourires tendres et les baisers sur mon front. La voix de mon père qui me dit: tu es splendide mon Draco.

Je ferme les yeux et décide de ne plus m'en faire.

Seulement au même moment j'entends maman. Elle pleure et ses sanglots traversent le plafond, traverse le sol de ma chambre et traverse mon cœur.