Échos

Chapitre 2

Ethan se sentait sonné, la neige avait rattrapé son plongeon sans plus de dégâts, mais elle caressait sa peau meurtrie. Ses coupures saignant légèrement au contact du froid. Il s'extrayait avec difficulté du fourré dans lequel il avait atterri et évalua rapidement la situation. Ses vêtements n'allaient pas beaucoup l'aider dans la tempête de neige actuelle et faisaient de lui une cible bien trop reconnaissable. Il allait falloir les changer rapidement, malheureusement son portefeuille était resté dans son sac à dos dans le poste de garde du musée, il avait bien son téléphone, mais n'avait jamais voulu y lier sa carte bleue.

Tout ce qu'il avait sur lui était une barre chocolatée, son portable, les clés du musée et quelques centimes pour acheter un bonbon. Il jugea dangereux de retourner à son appartement ou dans ses endroits habituels, surtout sans savoir qui était à ses trousses. Ethan savait qu'il allait devoir utiliser ses autres compétences, ça faisait longtemps, mais ouvrir une porte, avec un peu de patience, était toujours à sa portée.

Quelque chose avait changé, depuis qu'il avait vu le fragment de la furie, il y avait une chaleur en lui qu'il n'aurait pas pu expliquer. Le sentiment d'un bonheur passé, mais aussi quelque chose de plus tangible comme un poids sur sa poitrine, mais qui n'était pas désagréable, au contraire.

Il n'avait pas le temps de se pencher là-dessus maintenant, il devait se dépêcher, les faisceaux lumineux aperçu avant de sauter par la fenêtre ne tarderaient pas à comprendre par où il s'était enfui. Prenant sur lui et évitant de penser aux douleurs, il s'enfuit comme il put le plus loin possible. Évitant les grandes artères de la ville, il privilégiait les petites ruelles sombres à peine baignées par les rayons de la lune encore bien cachée par les nuages responsables de la tempête de neige. Il avait espéré que certains habitants aient oublié de rentrer du linge qui aurait été mis à sécher, mais par ce temps rien ne restait longtemps dehors.

Vers trois heures du matin, il se trouvait dans un quartier assez loin du centre-ville. Il marchait depuis environs une heure et se pensait désormais hors d'atteinte de ses poursuivants. Ethan était frigorifié, il fallait absolument qu'il trouve des affaires de rechange et un endroit pour passer la nuit et vite. Il tourna autours de plusieurs petites boutiques de vêtement, mais sans pouvoir trouver le moyen d'y entrer.

Finalement, il trouva une friperie dans un très vieux bâtiment dont la porte arrière semblait déjà être sur le point de lâcher. Sans trop de difficultés, il ouvrit la vieille porte et se faufila à l'intérieur. Il dénicha rapidement un jean, un pull à capuche noir, une épaisse veste à carreaux et une paire de gants. S'habillant à la hâte derrière le comptoir, en forçant un peu, il ouvrit la caisse du magasin, il y avait quelques billets, il en prit une partie, suffisamment pour se nourrir quelques jours. Il laissa le reste et griffonna un mot d'excuse promettant de venir rembourser plus tard qu'il glissa dans la machine.

"Vraiment désolé" lâcha-t-il comme si quelqu'un pouvait l'entendre.

Les habits et l'argent réglé, il lui fallait un endroit pour dormir et il ne pouvait pas se permettre de sieste dans le magasin. La maison près du Lac d'Earl et Joyce lui avait traversé l'esprit une seconde, le crépitement de la cheminée, Earl faisant ses mots fléchés et Joyce préparant de bons petits plats, quel paradis. Il ne pouvait pas y aller bien sûr, il les mettrait surement en danger. Par chance, à Détroit, se trouvait beaucoup de maison à l'abandon très peu gardée, c'était donc son prochain objectif.

Les vêtements additionnés à cette chaleur qu'il ressentait dans la poitrine lui faisait beaucoup de bien. Le sentiment d'avoir retrouvé une partie de lui longtemps perdue venait s'entrechoquer avec la peur qu'il ressentait à chaque croisement, à chaque personne qui croisait son chemin. La tempête s'était légèrement calmée et les nuages laissait maintenant passer la lumière douce de la lune. Ethan y était habitué, il avait toujours était un animal nocturne. C'est pour cela qu'il avait postulé pour le travail de garde dès qu'il l'a vu sur le site d'annonce. Il eut une pensée pour toutes les œuvres qui avaient été détruites ce soir.