(Une jeune fille)
Ce jour-là restera gravé en moi. Un jeudi d'automne, alors qu'il pleuvait des cordes, je me suis arrêté dans un petit conservatoire près de mon lycée. J'attendais la fin de cette averse pour rentrer chez moi. Les gouttes d'eau continuaient de couler sur les vitres. Perdu dans mes pensées, je commençais à marcher. Mes vieilles chaussures trouées grinçaient à en faire trembler les murs et les manches de mon manteau noir frottaient ma taille en un rythme boitillant. Je continuais toujours dans le même couloir. Au fur et à mesure que j'avançais, une douce mélodie vint chatouiller mes oreilles. J'arrivai devant la porte d'où s'échappait cette musique. La curiosité me piqua. J'entrouvris la porte sans bruit et passai ma tête à travers l'ouverture. Là, devant mes yeux, une pianiste très âgée, était assise devant son instrument.
(Une vieille dame)
Depuis quelques minutes, je suis assise au piano. Mes mains, fendillées de ridules, se déplacent lentement sur le clavier. Les touches noirs et blanches dansent sous la pression de mes doigts qui s'appliquent à garder un rythme défini. Mon corps suivait la musique, le son faisait vibrer chacune de ses fibres. Le prélude de Bach en Do majeur s'échappait de la pièce pour peindre mon monde en couleur.
(la jeune fille)
La pièce était immense. Elle était remplie de sièges qui s'arrêtaient jusqu'à la scène où la musicienne jouait. Je la regardai. Elle ne me vit pas. Pourtant, mes yeux à moi restaient rivés sur cette artiste. J'aimais ce son clair et pur. Rien ne semblait l'atteindre. Créant une bulle, elle se maintenait en totale harmonie avec son instrument. Je fis quelques pas vers elle. Mes chaussures, toujours aussi bruyantes, marquaient le tempo. La musique eut sur moi l'effet d'un aimant et avant la fin de la mélodie je me trouvais en face d'elle.
(la vieille dame)
Mon morceau prit fin. Je soupirai de plaisir tout en continuant de savourer ce doux parfum de plénitude. J'ouvris les yeux mais je ne pus rien voir. Je vivais dans le noir depuis tellement longtemps. Seule la musique arrivait à me décrire des paysages, à m'écrire des histoires, à colorier mon univers sombre dans lequel m'avait laissé mon mari. J'en venais souvent à me demander : « et si j'avais eu des enfants ? Les choses auraient-elles été différentes ? » mais ensuite je me résonnais : « Voyons Joy, tu n'as plus le temps pour avoir des remords, vit le reste du temps qu'il te reste et n'oublie pas les moments magnifiques qui t'ont été donnés de vivre. ». Les larmes coulaient sur mon visage en laissant derrière elles la marque de ma tristesse. Au bout d'un moment, comme pour m'interdire de me résigner, je sentis une main amicale sur mon épaule.
(la jeune fille)
Mes deux coudes étaient appuyés sur le couvercle du piano. J'étais transporté. La fin du moreau arriva, j'ouvris alors les yeux. Quelle fut ma surprise de croiser le regard de la pianiste ! Ces beaux yeux bleus ridés restaient vides. Aucune chaleur, n'émanait d'elle. Cette vieille dame était aveugle. Je vis des larmes couler sur ses joues. Elle, son monde était noir tout comme le mien. Je m'approchai et posai ma main sur son épaule.
- Vous allez bien madame ?
(la vieille dame)
- Oui, je te remercie mon enfant. Ai-je répondu
Cette voix était calme. Je sentais la jeunesse et la tristesse dans cette petite main. Qui était-elle ? Je n'en savais rien mais je sentais que nous étions faites pour nous entendre. Prise d'un léger vertige, je lui demandai : « Tu sais jouer ? Joue-moi quelque chose ... ». Sur le siège, je me décalai pour qu'elle puisse s'assoir. Le son strict du tabouret qui recula me parcourut d'un frisson. Cette enfant, je ne la connaissais pas mais je voulais parler avec quelqu'un, me confier. Ma solitude me pesait trop. Je ne perçus aucune hésitation chez cette jeune fille. Elle déposa ce qui ressemblait à un sac et s'assit près de moi. Ce qui l'avait fait accepter mon caprice restait un mystère.
(la jeune fille)
Je m'assis à côté de lavieille pianiste. Je savais jouer du piano depuis mes 4 ans. Ma mère me l'avaisenseigné. Mais...
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Bonjour, voilà le tout premier chapitre de la nouvelle.
Alors, d'après vous, pourquoi la jeune fille hésite-t-elle à jouer ?
Qui est cette vieille dame ?
En tout cas, j'espère que vous aimé...
À la prochaine pour la suite !
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Elle a continué de jouer
Short StoryQuand on me demandait de me présenter, je répondait toujours la même chose : "Mon prénom n'a aucune importance. J'ai 17 ans et j'aime le piano." Enfin ça c'était avant que je les rencontre. Elle et lui...