Le problème de Mia, c'est qu'elle a un don pour matcher les gens, mais elle n'est jamais tombée en amour elle-même. Sa mère s'est remariée avec l'homme de sa vie, sa meilleure amie a eu un coup de foudre dans un bar et Mia, elle, continue d'enfiler...
C'était la fin d'année scolaire et comme à chaque année, on célébrait ça avec un party. L'alcool coulait à flot, la musique faisait vibrer le plancher et les joueurs de beer pong hurlaient.
Les bruits semblaient lointain autour de moi. Mes oreilles bourdonnaient et j'avais le coeur au bord des lèvres. On était plusieurs à observer la scène devant nous, figés. Personne ne fit quoi que ce soit pendant quelques secondes avant que je me fasse bousculer. J'aperçus la tignasse de Charles, d'un brun qui tirait au noir, et ce dernier poussait la foule pour pouvoir se rendre vers l'avant. J'avais l'habitude d'être en contrôle de mes actions, même d'être dans le feu de l'action, mais ce soir, j'étais spectatrice. Je me sentais lâche, comme tous ceux près de moi qui regardaient la scène, figés ou bien pire, qui sortaient leur téléphone pour filmer. Il ne s'était jamais rien passé ici jusqu'à il y a deux semaines.
Ça va faire des vues.
C'est ce que j'ai entendu certaines personnes murmurer autour de moi.
Je sortis de mes pensées lorsque j'entendu la foule d'étudiants s'exclamer; leurs yeux étaient rivés sur Charles qui venait de plaquer un garçon beaucoup plus imposant que lui au sol . Ce dernier se laissa faire, le regard vide. Mon coeur se serra dans ma poitrine. J'avais l'impression que la soirée était floue et que le moment présent n'était qu'un rêve.
À quelques pas des deux garçons, le corps de Valérie était à la vue de tous. Un corps calciné. Le feu de camp semblait soudainement énorme. On ne la reconnaissait même plus. Je voulais éteindre le feu, la tirer de là, faire n'importe quoi, mais encore une fois, j'étais figée.
Au loin, on entendait les sirènes de police hurler. Ça me fit rapidement dégriser et la situation me frappa de plein fouet. C'était le deuxième meurtre en quatorze jours, le deuxième meurtre dans un village où rien d'intéressant ne se produisait. Surtout, je ne pouvais pas ignorer le fait qu'il s'agissait encore de deux personnes que j'avais matchées.
J'avais un mauvais pressentiment.
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