Chapitre 1 : Horiag

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70 ans après les faits, dans la vallée de Huram sous la dominance du nouveau souverain, le village de Horiag s'apprête à fêter le solstice d'été...

Des hommes et des femmes se pressaient autour de nombreux stands afin de voir ce que les commerçants locaux et les marchands ambulants avaient à vendre. On pouvait entendre les femmes, se demandant quel foulard ou robe elles allaient prendre, éclater de rire ou glousser. Les hommes, eux, s'attroupaient autour des stands d'armes ou d'outils, montrant leur force et rigolant entre eux. Tout le monde semblait heureux, le temps lui-même inondait la vallée de rayons de soleil et d'une petite brise, propre à l'été.

Seule une personne ne participait pas à la fête. Il se trouvait dans la forêt voisine et coupait du bois. Il en était à sa cinquième bûche et n'arrêtait pas de penser aux contrées lointaines, bien au-delà de la vallée de Huram.

« Il y a tellement de choses à découvrir et à explorer dans ce vaste monde et je suis bloqué dans ce village, entouré de gens ne pensant qu'à ce qui se passera le lendemain ! » pensa Jack.

Jack était né dans ce village et y vivait avec son père depuis maintenant 21 ans. Depuis l'âge de huit ans, il aidait son père à couper du bois, devenant l'un des bûcherons du village. Et ce métier l'ennuyait au plus haut point : toujours la même chose, de jour en jour, et d'année en année. Lui, ce qu'il voulait, c'était vivre et partir loin, explorer les contrées et les immenses cités de l'Est pour devenir un jour un serviteur du Bien. Il ne pouvait s'empêcher de penser aux nombreux contes qui parlaient d'eux et les glorifiaient. Des soldats courageux et fiers qui ne reculaient jamais, quel que soit l'ennemi en face d'eux, se battant jusqu'à leur dernier souffle tels des anges de guerre. D'après certaines légendes, chacun d'entre eux maîtrisait le fluide, une magie d'une puissance inouïe capable de briser les armures les plus résistantes et de terrasser des armées. Perdu dans ses pensées, il ne vit pas le temps défiler. Le soleil était sur le point de se coucher ; Jack commença donc à ranger les bûches qu'il avait coupées et se mit en route vers le village, la hache sur l'épaule.

De retour à Horiag, les rues étaient plus ou moins désertes, seuls quelques enfants jouaient encore dehors. La plupart des maisons étaient vides elles aussi, mais il entendit des bruits venant de l'auberge, alors il se dirigea vers celle-ci et entra. Dedans, la bière coulait à flots, les hommes riaient et chantaient. Jack se fraya un chemin jusqu'à une extrémité de la taverne où s'était attroupé un petit groupe autour d'un vieil homme qui parlait.

L'homme s'arrêta de parler à l'arrivée du nouveau venu dans le cercle, le fixant de son regard vitreux. Il le scruta encore un instant avant de reprendre son récit.

« Et alors, le Roi Axarii, dans un élan de bravoure, s'élança vers le troll et lui planta son épée... »

Jack demanda au forgeron, qui écoutait attentivement les yeux brillants comme un enfant, qui était cet homme. L'homme musclé, à la barbe aussi touffue que la forêt, lui répondit :

« C'est un vieux marchand venu des contrées de l'Est, expliqua le forgeron. Il tenait un stand de runes et de voyance lors de la fête du village. J'avoue y être allé pour demander si l'année serait bonne pour moi. »

Le forgeron semblait gêné de parler de cela devant le jeune garçon. Mais le jeune homme n'avait pas écouté ce que le forgeron lui avait dit ; il s'était arrêté lorsqu'il avait entendu le mot « rune ». Des runes, beaucoup d'hommes en utilisaient pour faire croire qu'ils étaient des devins ou des sorciers, mais le jeune homme savait très bien que la plupart étaient de simples charlatans, monnayant à des prix exorbitants leurs conseils. Pourtant, le garçon, sans savoir pourquoi, trouvait cela très étrange que ce vieillard soit un simple marchand et charlatan. Il y avait une sorte d'aura autour de lui, qui, avec son visage marqué par le temps, sa gestuelle et sa façon de parler, lui donnait un air mystérieux. Le jeune bûcheron se focalisa sur l'aura qui semblait émaner de cet homme, essayant de déceler une once de magie. D'un coup, après plusieurs minutes de concentration, un petit frisson lui traversa le corps et il crut pendant une fraction de seconde voir un masque en forme de renard sur le visage du vieil homme.

« Et pourtant, les chevaliers du Bien ne reculèrent pas, affrontant le dragon cracheur de feu, afin de défendre la cité et à ce moment... »

Le vieillard s'arrêta de parler et regarda le jeune bûcheron, celui-ci fut incapable de bouger, cloué sur place par le regard du vieil homme. Celui-ci se toucha la barbe de ses doigts squelettiques, fit tourner une pièce entre ses doigts, regarda de nouveau le garçon, puis se leva et dit en lançant la pièce au tavernier : « La suite, je vous la raconterai demain soir. N'hésitez pas à venir à mon stand aussi, il faut bien que je nourrisse le vieil homme que je suis », dit-il d'un air comique avant de sortir de la taverne en jetant un dernier coup d'œil au garçon.

La taverne reprit son ambiance habituelle et les bières coulèrent à flots. Le garçon, toujours cloué sur place, ne savait pas trop quoi penser. C'est alors qu'une immense frappe dans le dos lui fit reprendre conscience.

« Ha Ha, une histoire plutôt intéressante, n'est-ce pas ? Dommage que ce ne soit que des bêtises, mais bon, on ne peut lui enlever le fait qu'il narre bien », expliqua le père de Jack, en finissant une bière.

Le jeune homme regarda son père à moitié ivre et soupira. Bien sûr que c'était des histoires, mais il avait tellement envie d'y croire, surtout que le vieillard semblait différent. Il repensa au masque qu'il avait vu pendant une fraction de seconde. Il se décida donc à se rendre au stand du vieil homme afin d'en savoir plus. Après être sorti de la taverne, il remarqua que la lune était pleine et qu'un petit vent froid venu du nord soufflait.

Se rapprochant de la roulotte, où se trouvait le stand du marchand, il vit un chien qui, le voyant, pencha la tête sur le côté, ses yeux luisant dans la pénombre, avant de déguerpir dans le sens opposé. Le jeune homme continua son chemin et, une fois à dix mètres, il entendit quelqu'un sur sa gauche lui dire :

« Je t'attendais, jeune homme. »

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⏰ Dernière mise à jour : May 20 ⏰

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