Chapitre 1

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-Oh oui mon beau, c’est ça !
      Bridget était appuyée contre la porte, et elle s’efforça de ne pas rougir en écoutant les bruits qui la traversaient. Un couple de grands Vexlings passa par là, leur peau grisâtre rougissant alors qu’un nouveau gémissement indécent émanait derrière elle. Elle leva son verre de pétillant pour les saluer, et leur lança son sourire le plus charmant.
      – Il n’y a rien à voir, circulez.
      Elle but une gorgée de sa boisson rose fruitée, ses bulles chatouillant sa gorge. Encore quelques gorgées, et elle ne remarquerait sans doute plus tous ces cris et gémissements, songea t-elle tandis que ses doigts la picotaient. En tant que témoin de mariage de sa nouvelle meilleure amie, Bridget considérait qu’il était de son devoir de garder la porte tandis que le couple de jeunes mariés consommait son union. Parce que même si cela n’était pas consigné dans le manuel du témoin, elle ne voulait pas qu’un invité ne les surprenne et n’ait, de ce fait, la surprise de sa vie. D’autant plus s’il s’agissait de son organisateur de mariage excentrique, Serge, dont elle se doutait qu’il finirait par venir chercher le couple à tout instant.

Bridget inspecta le couloir incurvé, ses murs étincelants dotés de grandes fenêtres donnant sur l’obscurité d’encre de l’espace, et elle tenta de se concentrer sur la musique instrumentale qui planait dans l’air. Sauf erreur de sa part, il devait s’agir de la chanson thème de « Vivre à trois », et elle se mit à chantonner en se balançant sur place tandis qu’elle sirotait son pétillant.

Entendre une telle chanson ici n’aurait pas été surprenant. Après tout, la station spatiale dans laquelle elle se trouvait était appelée le Bateau de l’Amour, et les extra-terrestres qui l’avaient construite, une race de soldats redoutables appelée les Drexiens, semblaient s’être renseignés sur la Terre en regardant leurs séries télévisées des années soixante-dix et quatre-vingt, avec quelques touches de modernité des émissions plus modernes comme le Bachelor. Au départ, elle avait trouvé étrange leur désir de vouloir construire une station spatiale pour plaire aux terriennes, mais elle trouvait à présent ces rappels de sa terre natale amusants. Cela même si elle n’avait pas connu toutes ces vieilles émissions.
      – Plus fort !
      Le cri derrière elle la fit sursauter et elle jeta un œil aux alentours afin de s’assurer que personne d’autre ne l’ait entendu. Heureusement pour elle, la majorité des invités du mariage étaient déjà à la réception, si bien que le large couloir était relativement vide. Un grand robot passa à côté d’elle, planant à quelques centimètres au-dessus du sol, mais Bridget ne s’inquiéta pas de sa réaction. Elle se redressa, regrettant d’avoir mis des talons hauts en dépit du fait qu’elle aimait paraître plus grande, d’autant plus lorsque les Drexiens faisaient une tête, voire deux de plus qu’elle.
      Ses pieds avaient été sérieusement endommagés par sa carrière de danseuse de ballet, et le fait de les glisser dans des talons en pointe était une forme de torture en soi. Elle retira l’une de ses chaussures rose poudré et poussa un soupir de soulagement en posant le pied sur le carrelage blanc glacé. Elle savait qu’il serait plus douloureux encore de le remettre dans sa chaussure, mais elle s’en fichait à cet instant. Bridget retira son autre chaussure, un grognement presque aussi fort que celui des jeunes mariés sur les lèvres.

Un  Drexien à la peau bronzée et aux épaules larges la dépassa sans lui jeter un regard, et elle devina en le voyant réprimer un sourire qu’il l’avait entendue, elle ainsi que les gémissements qui résonnaient derrière la porte devant laquelle elle se tenait. Bridget rougit furieusement, mais elle ne put s’empêcher de le fixer tandis qu’il s’éloignait, admirant la vue. Elle se demanda si le Drexien qui avait été choisi pour elle avait lui aussi de jolies fesses. Elle l’espérait. Il rentrerait bientôt d’une mission dans les confins de l’espace, mais elle n’avait jusque là pas vu le moindre Drexien qui ne soit pas renversant. Tous semblaient gigantesques et musclés, si bien qu’elle était plus qu’impatiente de rencontrer son fiancé en personne.

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