15.

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Orion,

J'avais trop de choses à dire pour pouvoir les écrire. Je me retrouvais chaque jour face à ma feuille mais rien ne venait. C'était trop triste. C'était trop laid. Je ne voulais pas que tu découvres mes piètres vers qui tombaient en miettes à peine nous posions les yeux dessus. Je voulais te donner un peu de beauté, un peu de moi, et je ne crois pas que je sois ma tristesse. Enfin, je crois qu'il n'y a pas que ça. Je crois que nous sommes plus que nos chagrins. Je ne voulais pas que ce soit elle partout. Elle et ses beaux cheveux. Elle et ses yeux mélancoliques. Elle et son amour comme une drogue pour mon cœur endolori.

Je voulais t'écrire pour te dire "je vais mieux". Au début, je n'y croyais pas, tu sais. On pense toujours qu'on ne se relèvera pas.

Et puis un jour on se réveille et ça ne fait plus mal. La brûlure au fond du ventre s'éteint et nous pouvons y penser sans se déchirer le cœur. On peut la croiser au détour d'une rue et sourire, même si elle est heureuse sans nous. Parce que nous aussi on a appris à être heureux sans elle.

Un jour, Orion, puisque tu tiens temps à connaître les détails, je me suis réveillé et j'étais en proie à quelque chose de tout à fait extraordinaire : j'étais content. Foutrement content. Je ne suis pas en train de te dire que mes peines sont mortes et qu'elles fleurissent dans la terre. Je te dis que j'aime, le matin, sentir le soleil sur mes bras. J'aime rire avec mes amis. J'aime ses repas interminables en famille. J'aime toutes ces possibilités, tout ce que je peux devenir. J'aime cette liberté dans mon ventre. J'aime les cafés bondés, les livres qu'on savoure allongé dans l'herbe, la musique dans mes oreilles, les longues marches, parler de tout, de rien, les étoiles, et surtout, j'aime t'écrire Orion. J'aime les mots qui coulent. J'aime les mots qui saignent sur le papier. J'aime le nouveau visage que je commence à dessiner. J'aime l'amour qui finit toujours par renaître dans nos cœurs cabossés. J'aime la fin de cette histoire que je suis en train d'écrire, parce que je sais que la prochaine sera encore meilleure.

Enfin voilà, je voulais t'écrire pour te dire "je vais mieux".

Je vais mieux, Orion.

Ton fidèle ami,

S.

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