The wrong place at the right time

CHAPITRE 3

Ma main frotte doucement la pierre froide et humide pour la nettoyer un peu et lui rendre son aspect brillant. Mes doigts continuent leur route sans parvenir à s'en détacher puis frôlent l'écriture dorée, retraçant les lettres des noms de mes parents.

Lina James et Jack James.

Je viens ici toutes les deux semaines environ, mais voir leurs prénoms écrits ici me fait toujours un pincement au cœur, comme pour nous rappeler qu'ils sont bien morts et enterrés sous terre.

Finalement, après avoir passé un dernier coup du plat de la main sur la pierre tombale, je m'agenouille devant elle.

La terre humide se transforme presque en boue à cause de la pluie de cette nuit, mais je n'y fais pas attention. Je sais que lorsque je rentrerais à la maison, je prendrais une bonne douche.

Je le fais à chaque fois que je rentre du cimetière, comme si je voulais repartir à zéro après, me nettoyer de leurs souvenirs pour reprendre ma journée dans un nouvel état d'âme.

Faire couler sur ma peau cette tristesse pour me couvrir d'apaisement. J'essaye en tout cas.

- Bonjour papa, bonjour maman.

Je sais que personne ne répondra, mais j'aime imaginer leurs voix et ce qu'ils diraient. J'arrive à ne plus pleurer lorsque je me trouve au pied de cette tombe, mais au début cela m'était impossible.

Dès que je venais ici, ça me rappelait un peu plus qu'il étaient décédés et que jamais je ne les reverrais. Certains jours, je n'arrive pas à retenir mes larmes, lorsque je suis épuisée mentalement, mais surtout le jour de leur premier anniversaire de mort.

Je n'aime pas ce terme.

Un anniversaire, c'est quelque chose que l'on fait et que l'on voit souvent comme une grosse fête qui dure toute la nuit, entouré de tous ses amis.

Alors même si j'ai toujours préféré les anniversaire sans prises de têtes, avec un gâteau et ma famille autour, cela ne retire pas la joie que procure ce moment.

Alors comment peut-on attribuer ce mot à un décès ? Rien n'est bien dans une mort, que la victime soit une personne qu'on aime ou un être atroce.

Je fais tout mon possible pour ne pas laisser glisser mes larmes sur mes joues aujourd'hui, car je sais pertinemment que c'est la dernière fois que je viendrais dans ce cimetière.

Ça fait presque une semaine que Noah m'a appelé et mon départ n'est pas plus tard qu'après-demain.

Ces derniers jours ont été fournis en réflexions, mais j'ai tout de même décidé de retrouver mon frère et de venir habiter chez lui.

Je suis assez réticente quant à l'idée de m'incruster dans sa vie, mais je me rassure en me disant que c'est lui qui m'a proposé de le rejoindre, alors je n'ai aucune crainte à avoir.

Mais je n'aime pas déranger les gens, alors une pointe d'hésitation reste tout de même présente.

Mais quand je me suis rendue compte que je ne pourrai plus aller me recueillir sur la tombe de mes parents, j'ai eu vraiment très mal au cœur.

San Francisco, c'est loin. Très loin. De l'autre côté des Etats-Unis.

Mais je me promets de venir les voir quand même. Mes visites ne seront que très rares, malheureusement, mais c'est un devoir.

Un besoin.

Je dépenserais toutes mes économies dans un billet d'avion direction le Michigan s'il le faut, mais jamais je laisserais cette tombe pourrir.