CHAPITRE 10

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KELLY







Le vent s'installe en cette belle fin de journée. Les mots sont si beaux à tel point qu'ils peuvent briser la barrière de la vérité.

Je longe le long de la rue afin de rentrer chez moi, laissant derrière le chagrin d'une journée terrible. Je ne suis pas retournée voir les filles, j'ai même fini par m'endormir sur le sol des toilettes.

Miteux.

Je suis ce que je redoutais le plus. Pourtant, en me réveillant, je me suis regardée à travers ce miroir et je me suis promis que je ne me laisserai plus autant aller. Alors, mes affaires en mains, j'ai quitté l'université pour rentrer chez moi.

Le soleil a disparu et les nuages ornent le ciel bleu, cachant les quelques étoiles qui se battent en duel. Le bus a eu du retard, j'ai donc dû attendre, revoyant par moment des gens de mon ancien lycée.

De quoi me déprimer encore plus.

Je sors de mon sac mes clés après les avoir cherchées durant des secondes entières et les enfonce dans la serrure. Je la tourne lentement puis laisse mes pieds trainer sur le sol en direction de la porte d'entrée.

Et vous savez ce qui m'attend ?

Vous les entendez, vous ?

Entendez-vous ces cris qui traversent ces murs, pourtant bien épais. Le retour en arrière est si brusque que je me demande réellement si je ne suis pas retournée dans le passé.

Mes parents sont sûrement en train de se disputer.

Mais je suis surprise de voir que le silence revient lorsque j'ouvre enfin la porte. Est-ce que j'ai rêvé ?

Je ferme les yeux, prenant un grand bol d'air tandis que je ferme la porte derrière moi. Le grincement de cette dernière me rappelle que la maison est plongée dans un silence mortuaire.

J'ai rêvé.

Je retire rapidement mes chaussures, ne voulant pas m'attarder dans ce hall d'entrée. Mais ma mère en a décidé autrement quand elle vient se placer devant moi.

___ Tu étais ?

Sa question, qu'elle a prononcée avec froideur, me donne envie de vomir. Le regard blasé, une mine totalement déconfite, je l'ignore afin de la contourner.

Kelly, ne joue pas à ça.

Mon corps s'arrête.

Pas par choix, mais par obligation, puisque sa main compresse mon bras.

___ Le bus a eu du retard.

___ Tu n'es pas rentrée avec tes copines ?

Des questions.

Des questions.

Elles s'amassent au fond de mon crâne, me laissant souffrir d'une migraine imaginaire.

Imaginaire parce que mon âme n'est pas dans cette pièce, elle est loin, loin dans le passé où je ne souhaite que la mort.

Un souffle franchit la barrière de mes lèvres tandis que je me tourne légèrement vers elle. Répond à ses questions Kelly pour que tu puisses t'enfermer dans ta chambre.

Je cherche une excuse qui pourrait passer afin qu'elle me laisse tranquille.

__ Non, elles sont rentrées plus tôt dans l'après-midi. Moi, je suis restée réviser.

𝑷𝑨𝑹𝑭𝑨𝑰𝑻𝑬 𝑰𝑳𝑳𝑼𝑺𝑰𝑶𝑵Où les histoires vivent. Découvrez maintenant