T1.Chapitre 31 - Arrivée en Suède

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Mia

— Mesdames et messieurs, l'équipage du SAS SK 8100 vous souhaite la bienvenue à son bord. Le trajet durera 1 h et 55 minutes et arrivera à 9 h 55 à Stockholm. Nous vous souhaitons un bon vol parmi nous.

Le pilote répète le même discours en polonais et suédois. Entendre ma langue natale fait fondre ma poitrine. Je suis si émue de savoir que je vais rentrer chez moi que des larmes menacent à tout instant. Malheureusement, j'angoisse aussi, mentir à Aleksander est tellement pénible.

— Dimitri et les filles sont heureux de te savoir en vie, m'informe le Prince en rangeant son ordinateur. Je te prendrai un nouveau téléphone en rentrant.

Petite pensée pour mon portable qui a fini en miette dans cette planque en Pologne.

Heureusement, il ne m'en a pas voulu, au contraire. Il était même flatté que la peur m'ait fait agir ainsi.

— Tu es Suédoise ? m'interroge-t-il de but en blanc.

Extirpée de mes pensées, je blêmis à l'entente de sa question.

Ne te trahis pas !

— J'ai reconnu ton accent, désamorce-t-il. Et je me rappelle les mots en suédois prononcés quand je t'ai dévoilé la vérité sur le trafic du gang.

Il est vrai que j'avais lancé un florilège de blasphème. Il n'avait pas relevé sur le coup, et le faire maintenant m'allège.

— Je suis démasquée, ironisé-je pour détendre l'atmosphère.

Ce ne serait pas pour te détendre, plutôt ?

— Ne te prive pas pour parler en Suédois alors. J'aimerais t'entendre plus, me glisse-t-il suavement à l'oreille.

Oh, Seigneur que ces deux heures de vol vont être difficiles à tenir ! Même en première classe.

C'est ma première fois, d'ailleurs, et comme pour le jet je pourrais très vite y prendre goût ! Les sièges sont confortables, les divertissements plus nombreux et j'apprécie que l'on puisse s'enfermer, comme pour se couper du reste du monde.

L'avion décolle. Nous nous faisons servir un petit-déjeuner requinquant, buvons un excellent mimosa, puis j'écoute un peu de musique. Aleksander me vole un écouteur et se moque de mes goûts trop métalleux.

— Tu écoutes, quoi, toi ? Du classique, peut-être ?

— Du jazz, m'avoue-t-il d'un ton léger. Je te ferai écouter plusieurs vinyles que je possède quand nous rentrerons en Russie.

— Je ne sais pas si ton père appréciera que tu me ramènes chez vous.

— Mais je n'habite pas avec lui, répond-il un œil séducteur dans ma direction.

L'air se charge immanquablement de tension sexuelle. C'est tellement puissant depuis qu'il m'a... Y repenser me fait fondre sur place et je deviens moite quand ses doigts entrelacent les miens.

Je ne devrais pas apprécier sa tendresse, pourtant plus le temps passe, plus je suis éprise. C'est idiot et ça finira forcément mal. Il est un grand criminel et je suis une putain.

— Si tu ne veux pas qu'on aille plus loin, je respecterai ton choix, déclare-t-il sans que je m'y attende. Tu sais, c'est aussi intense et déstabilisant pour moi et cette proximité forcée exacerbe chacun de nos ressentis, j'en ai conscience. Mais sache que je ne joue à aucun jeu, et que je n'ai pas envie que ça s'arrête.

Je suis stupéfaite qu'il se dévoile de la sorte. J'ai l'impression qu'il lit dans mes pensées et cela m'ébranle violemment.

Comment peut-il toucher juste, chaque fois qu'il ouvre la bouche ? Fait-il exprès pour se moquer de moi, pour me manipuler et obtenir ce qu'il veut ?

Est-ce cela que tu ressens ?

Je ne sais plus et je flippe beaucoup trop à l'idée de me faire prendre de nouveau pour une conne.

Pourtant, m'éloigner devient bien difficile et je me surprends à replier mes phalanges sur les siennes.

*

Après pas moins de six heures de route, nous arrivons dans la ville qui m'a vu naître et grandir. Je suis tellement anxieuse à l'idée d'être si proche de ma famille et à la fois si loin.

Et un détail me file la nausée, c'est de savoir que ma ville est un nid à criminel. Peut-être en ai-je déjà croisé dans mon enfance ? Cela me rendrait malade... N'ont-ils trouvé qu'ici pour faire leur stupide trafic ?

Y penser n'est pas bon pour moi, alors j'essaie de m'occuper tandis que le Prince se met au travail.

Un peu plus tard, nous sommes allés faire des courses pour remplir les placards si vides de cette nouvelle planque, qui est l'exacte copie de la dernière.

Puis, nous avons préparé le circuit pour les repérages que l'on doit assurer avant l'arrivée des autres. Je l'ai ensuite aidé à retirer l'espèce de prothèse qu'il s'est collée au visage pour cacher sa cicatrice. On a beaucoup ri quand j'ai tiré d'un coup sec et que ça lui a arraché une petite plainte aigüe. Moi qui pensais qu'il avait enduré moult souffrances durant sa formation de mafieux !

— Je préfère me prendre un coup de jus, plutôt que de me faire enlever cette seconde peau, rit-il.

J'aime rire avec lui. C'est si frais, léger, simple.

Au fil des jours, j'en viens même à imaginer un avenir qui n'existera jamais, j'en ai conscience. Je me berce d'illusions, car ça me fait me sentir bien et à l'aise avec lui.

Nous travaillons, rions, mangeons ensemble. On partage des moments purs, sains, qui nous déconnectent de cet univers dangereux dans lequel nous baignons en dehors des murs de sa chambre.

Le soir venu, il nous est devenu impossible de dormir l'un sans l'autre, et la question ne se pose même plus. J'ai même mon sac d'affaires à côté du sien dans sa petite armoire.

Je dois avouer que les nuits ne sont pas des plus reposantes. Sa proximité est atrocement affriolante. Et nos mains sont souvent très baladeuses sous le couvert de ses draps.

Il est si prévenant, à mon écoute, une chose qui n'est pas arrivée depuis longtemps.

Tout comme lui, je n'ai pas envie que ça s'arrête, je n'ai pas envie de retourner au club, à part pour chanter et voir les filles. Je n'ai pas non plus envie que Yian et les autres débarquent d'un jour à l'autre.

Je ne sais plus bien ce que je veux, ce que je fais. Ma raison est peu à peu anesthésiée par les battements fous de mon cœur qui s'amplifient de seconde en seconde, de regard en regard.

Bon Dieu, que suis-je en train de faire ? Pourquoi imaginer reprendre nos vies après la mission m'effraie et me blesse ?

Pourquoi ai-je peur qu'il m'oublie après tout ça ? Pourquoi ai-je peur qu'il me manque atrocement ?

Je m'attache, c'est plus qu'une évidence, et je n'ai pas la force de freiner la chute libre de mon palpitant qui se fiche même des conséquences que nous connaissons pourtant si bien.

Si tu ne te ressaisis pas, tu vas t'écraser au sol, Mia !

Je le sais pertinemment, et c'est effrayant ! Mais ce qui l'est encore plus, c'est que je n'ai aucune envie d'ouvrir mon parachute.


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Aloooors ?? Pensez-vous que tout va bien se dérouler maintenant que Mia est rentrée au pays ? Auriez-vous survécu à ces 2H de vols à côté du Prince ?? Je suis pas sûre pour ma part que j'y aurai survécu haha !!

Hâte de la suite ?

Moi oui !!!

N'hésitez pas à me dire si vous avez aimé ce chap :)

A mercredi pro :)


RADUCHKA T1 (terminé), T2 (en cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant