Piscine Party

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À la fin de la journée, lorsque j'étais chez-moi, j'avais appelé Peter pour lui dire qu'il fallait qu'on se voit et qu'on parle.

– Passe à la maison, m'avait-il dit.

– Tu es avec qui ?

J'avais demandé parce qu'il n'était jamais seul chez lui; toujours avec ses potes et je voulais vraiment seulement parler avec lui. Il avait insisté pour que j'y aille mais j'avais toujours refusé. Je lui ai dis que je préférais le voir à l'école et qu'on discutera là-bas. Je voulais éviter le ridicule que je ressentirais s'il s'avérait que Théo avait raison sur toute la ligne.

Le lendemain de ce jour, Peter et moi nous étions isolés à la pause. Il faisait froid et j'avais mon pull-over sur moi. Il me prit par la taille et me rapprocha près de lui. Tout son corps dégageait de la chaleur comme ci, il avait reçu une immunité contre le vent glacial qu'il y avait.

- Même sans pull, je suis toujours plus chaud que toi, disait-il en riant, viens je te réchauffe.

Je me laissais allée dans ses bras, le temps de quelques secondes. J'avais toujours apprécié cette sensation qu'il me procurait à chaque étreinte. Je me sentais valorisée, en sécurité. S'il y'a bien un truc qui me plaisait chez Peter c'était cette forte présence masculine qui émanait de lui. La virilité en personne.

Je me détachais de lui et le regardais droit dans les yeux.

- Tu es toujours en colère contre moi ?

- Plus vraiment, je suis là pour que tu m'expliques tout.

Je commençais donc l'histoire dès le début, bien sûr en omettant le fait que j'avais utilisé Théo pour en quelque sorte oublier Joan. Et aussi, que j'avais de probables sentiments pour ce dernier. Avec Théo ce n'était vraiment rien du tout.

Je lui parlais aussi de son rapprochement avec l'autre fille et à quel point ça ne me plaisait absolument pas.

- Quoi? Tu es jalouse ? S'exclamait-il avec son sourire habituel.

- Franchement ? Non. Mais, en vu de ce qu'il y'a entre nous, je ne trouve pas ça correct que tu fricotes avec elle.

- Qu'est-ce qu'il y'a entre nous ?

J'étais stupéfaite fasse à sa question.

- Comment ça qu'est-ce qu'il y'a entre nous ?

- C'est toi qui l'a dit et je te pose la question.

- Nous sommes en couple !

Peter s'était mis à rire. Rire le genre qu'il était presque entrain de s'époumoner. Moi je ne riais pas, il n'y avait rien de drôle à l'intérieur.

- À quel moment tu as pensé que toi et moi, nous étions en couple ?

Mes yeux s'écarquillaient de surprise et mon cœur battait de plus en plus fort. J'avais l'impression que tout mon monde était entrain de s'écrouler. Après tout se qui s'était passé entre nous, toutes ses semaines où il se comportait en gentleman avec moi, où il me stressait pour que j'assiste à ses matchs de basket, où il me caressait, m'embrassait, me disait qu'il m'aimait. Il venait simplement me lâcher au visage que tous ça c'était seulement dans ma tête.

Je me rappelais de la fois où Joan, m'avait rit au nez parce que j'avais été bête de croire qu'il serait mon cavalier pour le bal. Et je me rendis compte qu'au final ils étaient tous les mêmes.

À un moment donné, j'ai voulu me dire que Peter ne comprenait pas la situation et qu'il posait une question sérieuse et non rhétorique. Je ressentais donc le besoin de lui expliquer, de le convaincre qu'entre lui et moi, il y'avait bien une relation, consentie.

- Tu te souviens lorsque tu m'avais demandé si j'acceptais d'être ta copine ?

Il fit mine de réfléchir un peu.

- Oui ?

- Je t'avais répondu que j'acceptais d'être avec toi. C'est donc à partir de là que je nous ai cru en couple. Si bien que c'est à partir de ce jour que toi et moi ça a commencé à être ambiguë.

Il se remit à rire et moi ça m'irritait de plus en plus. Je ressentais la colère monter en moi. Avais-je l'air d'un clown en plein spectacle ?

Finalement, Peter m'expliquait qu'il ne m'a jamais dit qu'on était en couple. Que je ne devais pas confondre entre quand quelqu'un pose une question et quand il demande quelque chose. Lorsqu'il avait dit « accepterais-tu d'être avec moi? » il avait posé une question mais ne m'avait rien demandé.

En somme, pendant tout ce temps j'étais en couple, seule, dans ma tête. J'avais peur de jouer avec lui pourtant c'est lui qui était en train de jouer avec moi. Je me sentais ridicule.

Pourquoi est-ce que personne ne m'aime ?

...

J'avais fini d'avoir la honte de ma vie. Heureusement pour moi, très peu de personnes étaient au courant de ma pseudo relation avec Peter. Sinon, les gens allaient en parler un peu de partout et j'allais être la risée du collège, celle qui s'était imaginée un couple dans sa tête. J'étais fâchée contre Peter. Il avait essayé de revenir en me disant qu'il était enfin prêt pour une véritable relation, qu'il m'aimait et tout ça, mais ce n'était que  —à mon humble avis— du mensonge pur et dur.

Lors d'un weekend, Peter avait organisé une Piscine Party et il avait bien sûr eu la brillante idée —notez l'ironie— d'inviter tout le collège, dont la plupart étaient des élèves de première. J'étais donc aussi conviée. Au départ, je ne voulais pas y aller, parce que je ne voulais pas le voir. Giovane avait su me convaincre d'y aller en me disant que même si c'était lui qui avait organisé cette sortie, ça ne devait pas m'empêcher d'y aller et surtout, de m'amuser.

Ally et Dana avaient décliné l'offre disant qu'elles ne se sentaient pas apte à montrer leur corps aux autres. Elles avaient honte de leurs gros ventres.

Lors qu'elles nous ont annoncés qu'elles ne viendraient pas, la balance s'était penchée. Deux belles filles, avec des corps de sabliers, fesses et poitrines au rebond; sur lesquels la plupart des garçons bavaient. Elles avaient refusées de venir simplement parce qu'elle avaient honte de leur gros ventre.
Et moi donc ? Qui était toute grosse, sans forme, sans rien et que personne n'allait s'attarder sur mon corps, qu'est-ce que j'allais bien chercher à cette piscine party ?

Malgré mes insécurités et les pensées négatives qui tournaient autour de moi comme la terre tourne autour du soleil, j'y étais finalement allée. Arrivée là-bas, j'avais pu voir comment les filles assumaient leurs corps; qu'il y'avait même pire que moi, et ça m'avait donné un peu confiance.

Certaines personnes nageaient, et d'autres comme moi, restaient au bord de la piscine. Quelques parties de mon corps touchaient l'eau à différents intervals. Parfois je mettais juste mes pieds ou mes jambes, d'autres fois j'osai en entrant totalement mais tout ça sans toute fois aller plus loin que les bords de la piscine. L'ambiance générale était agréable. Il y'avait même un mignon maître nageur qui m'avait proposé de m'apprendre à nager. Théo était là aussi et on se parlait normalement, avec de légères ambiguïtés mais juste pour rigoler. On s'amusait bien, mais l'ambiance était retombée lorsque j'avais vu Peter arriver.

Il n'avait pas perdu de temps à me remplacer. Il était accompagné d'une fille que je ne connaissais pas. Elle marchait avec lui comme s'il était son trophée. Les deux étaient passés à côté de moi comme si de rien était, qu'on ne se connaissait pas et qu'il n'y avait jamais rien eu. Je ne pouvais que m'en vouloir. Je me faisais pitié, tellement j'avais voulu combler le vide que Joan avait laissé que je m'étais rendu vulnérable et facilement accessible.

Je regrette !

MAL-ÊTRE [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant