Chapitre 3.

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J'entre dans la salle au bras de ma mère. La pièce est remplie, uniquement de gens que je ne connais pas à l'exception d'Amelia. Je n'avais envie d'avoir personne d'autre a mes côtés pour affronter ce désastre annoncé.

Oscar Wilson se tient raide comme un piquet devant le bureau de l'officiant. Il est beau évidemment, comme toujours, dans son costume d'un vert sombre accordé à ses yeux. Ses cheveux clairs sont attachés dans un chignon faussement soigné, mais ce qui me frappe, c'est la froideur de son regard.

La pièce est jolie également, avec de grandes fenêtres type Art déco que l'on ne voit plus beaucoup de nos jours. Les meubles sont en bois visiblement nobles. L'endroit manque néanmoins de vie et de couleurs, ou peut-être que c'est mon inconscient qui met un filtre fade sur cette journée.

Le parterre des invités, constitué de ce que je suppose être sa famille et ses amis, me fixe avec insistance pendant que je marche fébrilement en essayant de ne pas trébucher dans ma robe. Puis une fois arrivée devant lui, ma mère s'installe et la musique -le boléro de Ravel- se coupe brutalement. Tant mieux, je déteste ce morceau.

« Merci à tous pour votre présence, entame l'officiant. Nous sommes réunis en ce jour pour unir Oscar Wilson à Olivia Mills, dont la compatibilité exceptionnelle nous garantis un couple prospère. Nous allons procéder a l'échange des alliances. »

Deux anneaux dorés, impersonnels puisqu'identique à ceux de chaque couple nous sont amenés. Oscar ne me regarde pas, mais prends ma main d'un geste rapide pour m'enfiler l'alliance, tel une corvée. Je fais de même, sans ménagement, afin qu'il n'ai pas l'impression que je suis heureuse d'être là. Et pourtant cet anneau nous scelle dans cette relation que ni l'un ni l'autre n'avions souhaité. J'observe ma main, désormais sertie de l'alliance, et un long soupire s'échappe de mes lèvres : c'est fini, je suis liée à lui.

« Bien. Vous êtes unis par le mariage. Félicitations. Je vous laisse vous diriger vers le banquet »

C'est ce qu'on appelle une cérémonie express. Le banquet gratuit n'arrive même pas à me consoler. Aucune once de romantisme a attendre de ce mariage, bien sûr, mais je m'attendais peut-être à un peu d'empathie de la part de celui que je dois désormais appeler « mon époux ».

Les invités se dirigent vers la salle de réception attenante pour profiter de la profusion de nourriture, et nous restons là, planté l'un en face de l'autre. Je me risque à prendre la parole :

« Bonjour. Je suis Olivia, je...

- Je sais qui tu es. Tu travailles sur le plateau.

- Oui, en effet. Je ne pensais pas que tu m'avais déjà vue, puisque tu ne me dis jamais bonjour. »

Il lève un sourcil, l'air agacé, mais ne semble pas vouloir répondre.

« Nous sommes attendus, reprend-t'il. »

Et il s'en va rejoindre le reste des invités, me laissant seule comme une idiote, dans ma stupeur et ma désolation.

Lucky YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant