Chapitre 1

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Mardi, 20h34. Toulouse. J-90

G.

Je m'avance vers le cours, je suis presque en retard mais ça ira. Je ne peux pas m'empêcher d'y aller avec un frisson d'excitation, en me demandant si ce cher inconnu sera encore là, ce soir. Je pousse le bâtant de la porte de l'amphithéâtre, il y a quelques élèves comme toujours et lui. Il se tient au fond de la salle, à la même place que hier soir, la tête baissé. Mais quand j'entre il lève les yeux et m'aperçoit. Je crois voir une lueur dans son regard mais je lis sans doute trop de livre et ça me monte à la tête. Incapable d'avancer, une élève me bouscule pour que j'avance. En prenant place sur mon banc de cours, comme hier, je le sens toujours derrière moi mais cette fois-ci j'ai choisi de monter un rang plus haut, juste devant lui. Je prends délibérément cette place. Je sais pas ce qu'il me prend mais je dois savoir, je dois l'approcher, j'ai besoin d'en savoir plus. L'un des nombreux défauts de mon cerveau, je n'aime pas le mystère, quand j'ai un truc en tête ça m'obsède.

Le professeur arrive mais ce soir il semble différent. Comme impatient mais aussi pressé.

Il dépose son cartable sur bureau, claque des mains et nous salut à tous. Et c'est là qui le dit, l'élément déclencheur de notre petite guerre, non, la guerre.

«Vous aurez 95 jours pour élucider un cold case. Vous pouvez être seul ou à deux maximum. Vous disposez de toutes les ressources, à vous de vous montrer les plus fins et de trouver les coupables sur ces cas auxquels personnes ne jettent ne serait-ce que un œil depuis des décennies.» il continue sa tirade en s'avançant et déposant des dossiers devant les élèves, formant déjà des binômes ou non. Je sens une présence se rapprocher dans mon dos, près de mon oreille avant qu'il ne chuchote « Lorsque les forces sont jointes, l'efficacité est double. Équipe? » Je ne relève pas la marque de Newton dans sa phrase, trop accablée par la question à la fin de celle-ci. Mon cou me pique, une sorte de frisson. Je me contente de hocher la tête. Il ne répond rien mais je sais que il l'a vu.

«les cas que je vous donne sont de l'ordre du crime mais aussi de la psychologie. Bienvenue en criminologie. Je ne vous demande pas forcément de résoudre l'affaire, mais au minimum d'être apte à faire les liens implicites entre les différents éléments, de tirer des conclusions. J'ai dans certains cas, enlever des rapports qui vous guiderez trop, si vous avez une idée venez me voir. Si c'est la bonne vous aurez le rapport.» Monsieur Vos continue sa présentation pendant que j'écris sur un papier mon numéro de téléphone, une heure et un lieu. Entre deux phrases je me retourne pour lui donner le papier sans même le regarder.

--

J'attends dans ce café. C'est pas n'importe quel café mais c'est mon endroit. J'y vais tout les soirs pour la simple et unique raison, l'étagère. Peu sont ceux qui savent ce qu'ils s'y cachent. Pour ça il faut gagner la confiance d'Amara, et ce n'est pas chose aisé. Je regarde ma montre pour constater qu'il est 20h14. On a rendez-vous dans une minute. Sera-t-il en retard ? Je passe cette minute à contempler le café Stugnazo. Un endroit aussi sombre que lumineux, pleines de verdures qui ornent les pierres de la pièce. Je ne saurai dire pourquoi mais il y a toujours cette drôle d'ambiance sombre mais apaisante. Je suis toujours à la même place, là où Amara me laisse m'assoir parce que elle sait que cette table est la mienne. Tout les clients le savent. J'ai aussi ma table à l'étagère. Une sorte de balcon surplombant la salle principale, accessible uniquement par l'escalier en colimaçon, ce qui diffère du double grand escalier principal. 

J'observe toujours le plafond sombre quand je baisse les yeux et le vois passer la petite porte de véranda en verre digne des petits restaurant grec, entourée de bois. M'apprêtant à me lever parce que je suis persuadée qu'il ne me trouvera pas. Mais son regard me trouve directement. Au même moment, Amara s'approche de lui. Je l'entends dire "Mademoiselle Chadwick vous attends à sa table, veuillez me suivre." Je jurerai la voir sourire mais cette femme est beaucoup trop impassible avec les étrangers. Tout deux s'aventurent dans l'escalier à ma rencontre. 

Arrivé à mon niveau, son regard va dans le mien. C'est sombre. Un sourire étire légèrement mes lèvres, à peine perceptible. Parce que je sens que ça va s'avérer plus que satisfaisant cette petite collaboration. Au même moment, Amara me demande ce que je veux boire, d'un hochement de tête elle sait que je prendrai comme d'habitude. Elle réitère la même question au jeune homme debout devant moi qui demande un verre de vin rouge. as-tu besoin de te souler pour être en ma présence ? La maîtresse des lieux s'en va pendant qu'il s'installe en face de moi. J'étudie sa présence quelques instants. Un pull bleu marine en maille et un pantalon droit blanc casé, c'est plutôt inhabituel pour un homme. Ses cheveux sont un peu ébouriffé, signe que il sort de la douche.

C'est seulement après avoir fait mon constat de sa personne que je relève les yeux pour apercevoir son sourire presque arrogant. M'aurait-il vu le détailler ?Je tairai les idées qui me sont venues en tête. Je m'apprête à lui poser une question quand il me devance.

- Alors chère inconnue, par où commençons nous ? il prononce ça comme un secret en s'avançant vers moi

-Par ton prénom. Puis peut-être que je te donnerai une copie du dossier si tu es toujours aussi poli. J'ai bien conscience que je donne l'impression de le draguer, mais je joue simplement au même jeu que lui, désireuse de le voir perdre.

-Adonis Hearst. Et tu es ?

-Georgia Chadwick. Un espèce de défi silencieux se fait entre nous depuis que j'ai prononcé mon prénom.



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⏰ Dernière mise à jour : Sep 12 ⏰

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