I'm not sorry

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♪ House of Memories, Panic! At The Disco ♪

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Il aimait la mort,

Elle aimait la vie.

Il vivait pour elle,

Elle est morte pour lui.

William Shakespeare.

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Aujourd'hui, je t'écris.
En rouge, comme ma colère. Comme le sang qui bouillonne dans mes veines et menace de les faire exploser de frustration. De désespoir, aussi...

Peut-être que tu ne liras jamais ça, mais je m'en fiche. Peut-être que tu t'énerveras, mais ça m'est bien égal.

Moi, Winter, dix-huit ans et une boule de rage grosse comme mon poing dans le cœur, je te déteste. De toute mon âme, de tout mon être, la liste est longue.

On se connait depuis longtemps, pourtant, tu ne m'as jamais paru autant étranger qu'à cet instant précis.

Je te quitte.

C'est ce que tu m'as dit. Toi, ma raison de vivre, tu n'étais plus qu'un parfait inconnu dans une enveloppe charnelle bien trop familière à mes yeux... Je pensais tout savoir de toi mais je ne suis qu'une idiote. J'aurais préféré ne t'avoir jamais connu.

Te rappelles-tu seulement du jour où nos regards se sont croisés pour la première fois ? Non ? Je m'en doutais, tu n'as jamais eu très bonne mémoire ; elle et toi, vous ne faisiez pas la paire... C'était un vendredi d'avril, comme le jour de ma naissance. Que c'est drôle, en y pensant : Winter, l'hiver, une fille du printemps... J'étais tout le contraire de toi. Un garçon d'octobre au regard triste et aux yeux gris, gris comme le ciel un matin d'automne pluvieux. Tu sais, c'est d'abord de ton regard que je suis tombée amoureuse... Purée, qu'est-ce-que je hais octobre.

Revenons-en à ce fameux jour, puisque tu l'as oublié. Je m'en souviens encore comme si c'était hier... Dehors, il faisait beau. Après une averse monstrueuse, le ciel s'était progressivement débarrassé de sa teinte morose pour laisser place à une myriade de nuages cotonneux percés de rayons dorés, éparpillés ça et là sur sa toile azurée dont on ne distingue jamais la fin. Je pouvais les contempler pendant des heures, assise sur une chaise, derrière la fenêtre de ma chambre sombre. Là, confortablement installée, je cherchais des formes dans ces amas de vapeur moutonneux. Les cumulus défilaient et je m'émerveillais devant lapins, chapeaux, visages, fleurs, tout autant d'illusions que je m'imaginais pour combler la monotonie de mes journées. Quelle odieuse utopie.

Winter, tu as pris tes comprimés de fer ? Les deux gélules, tu es sûre ?
Et tes trois verres d'eau par repas, tu en fais quoi ?
Ne reste pas au soleil, rentre plutôt lire à la maison. Il fait trop chaud pour toi dans le jardin.

Ce vendredi-ci, je n'avais pas le droit de sortir : forcément, il y avait trop de soleil. Ma peau risquait de roussir sous les rayons, ou pire : j'aurais pu commencer à saigner du nez. Un vrai cauchemar.
En y réfléchissant, l'origine de mes problèmes a toujours été mon sang. La chaleur et le soleil fragilisaient les fins vaisseaux de mon nez, puis ceux-ci éclataient et c'était parti pour au moins une demi-heure. Du sang, du sang, du sang. Rouge, toujours rouge, toujours plus de rouge, partout. Sur mon visage, mes mains, mes vêtements souillés par ce flot d'hémoglobine. Une vie écarlate.

Médicaments, repos, sang.
Encore des médicaments, toujours du repos, chaque fois plus de sang.

Il faudra la cautériser. Le plus tôt sera le mieux, en espérant que ça fonctionne.

I'm not sorryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant