PROLOGUE

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P R O L O G U E





RANYM.


Un éclat assourdissant m'extirpe malgré moi de mon sommeil. Je me lève de mon lit, encore sonnée par ce réveil brutal, pour découvrir l'origine de ce vacarme. Mais à peine ai-je le temps de faire quelques pas vers l'encadrement de la porte de ma chambre, qu'un homme cagoulé me barre la route braquant son arme sur moi. Mes paupières deviennent rondes alors qu'il me hurle des ordres.

— Les mains en l'air !

Je ne comprends rien, mon cerveau refuse d'assimiler les informations qu'il reçoit. Comme si tout était irréel. Comme si ce n'était qu'un mauvais rêve mais les hurlements qui m'ordonnent de lever les mains en l'air semblent si réels...

Alors, lentement, mes bras se lèvent, obéissant au gendarme qui se trouve face à moi. Je lance un regard par dessus ses épaules, et je croise dans les yeux de mes parents la même incompréhension que moi.

Deux gendarmes nous escortent jusqu'au salon, leurs armes toujours pointés sur nous. J'observe silencieusement la porte d'entrée cassée, du moins seul l'encadrement en bois et la serrure ont succombé à l'attaque. Le bruit venait donc de là. Ils ont forcé l'entrée avec un bélier.

J'inspire une goulée d'air avant de fermer les yeux. Je comprenais enfin leur venu.

Mes frères.

Rany et Ryad.

Ce n'est pas la première perquisition que les forces de l'ordre commettent à mon domicile. Pourtant, elle reste de loin la plus brutale.

Enfoirés.

Les sanglots de ma mère raisonnent dans le salon, sous le regard dénué d'empathie des officiers qui nous surveillent, la main posée sur leurs armes, prêts à tirer, comme si nous aussi nous étions des criminels à craindre.

La frustration commence à prendre une grande place, et ne pas savoir ce qui se déroule dans la chambre de mes frères, m'agace d'autant plus.

Et pendant que les minutes s'écoulent, des mots qui rêvent de s'échapper de ma bouche me démangent un peu plus à chaque seconde qui les rendent captifs. Je me retiens comme je peux de cracher ma haine, je l'avale de force afin d'être calme mais c'est un impossible.

Mon pied droit tremble de colère, et ma voix fuse telle la lave d'un volcan en éruption.

— On peut savoir ce qu'il se passe ? je demande calmement.

Je n'ai que le silence comme réponse.

Pire que ça, l'officier présent ne daigne pas m'offrir un seul regard de compassion.

Je tente de reprendre mon calme, et après quelques minutes, la rage qui m'aveuglait se dilue et je remarque que je n'ai pas couvert ma chevelure. D'un geste rapide et maladroit, je saisis le foulard présent sur le canapé et l'entoure autour de mon visage.

Mon regard dérive un instant en direction des officiers de gendarmerie présents dans le couloir de l'immeuble, au pied de la porte sans oser entrer à l'intérieur tandis qu'il échanges avec un interlocuteur via leur talkie-walkie.

Lorsque le chef de brigade arrive au salon, je me redresse aussitôt, prête à arracher le plus d'informations possible à cet homme.

— Bonsoir, commence-t-il avant que je ne le coupe.

— Bonjour, je rectifie sèchement. Il est six heures du matin au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, monsieur l'agent.

— Ranym ! me sermonte étroitement ma mère.

TOUT CE QUI TOMBE SE BRISEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant