Chapitre I : Luana

13 1 1
                                    

Umbra, de nos jours, 17 ans, 6h, Paris, France,

Dring ! Dring !

Chaque matin, c'est le même refrain. Mathis met un réveil très tôt qui réveille toute la maison sauf lui parce qu'il a le sommeil lourd. Cette cacophonie ne cesse que lorsque l'un de ses frères n'aille éteindre le téléphone. Je m'y suis tenue qu'une seule fois, il y a un an et j'en ai encore des cauchemars. J'ai hésité à laver mes yeux au Javel pour m'enlever les souvenirs de cet adolescent nu dans son lit. Depuis je laisse cette tâche à d'autres.

Comme tous les jours, lorsque je sortirais de ma chambre, Matthew s'extirpera de la sienne et fera semblant de ne pas savoir que la sonnerie vient de la chambre de son frère ; l'histoire d'avoir une raison de m'attraper le bras et de le serrer au point de m'en laisser la marque pour seulement me demander si c'est moi qui l'ai réveillé.

Je me lève enfin de mon lit pour prendre mes affaires. J'ai besoin d'une bonne douche !

Je me glisse hors de ma chambre dans le plus grand silence possible malgré ma porte qui grince. Et comme à son habitude, Matthew passe sa tête. Son regard haineux se pose sur le mien. Cela me retourne l'estomac.

– C'est qui le connard qui ne sait pas éteindre son réveil !

Je l'ignore en passant à côté de lui. Il me saisit fermement le bras.

– C'est toi, Bella ?

– Non, il m'a réveillée aussi.

Je réponds ceci en arrachant mon bras endolori de sa poigne puis presse le pas vers la salle de bain tout en massant cette partie de mon épiderme. Je l'entends souffler bruyamment. Il sait que c'est la seule chose qui peut faire à cette heure.

J'ai le sentiment désagréable qu'une boule s'est nichée dans mon estomac. J'espère en être libérée après ma douche.

Je rentre et vais directement allumer l'eau pour lui laisser le temps de chauffer. Dès qu'elle est brûlante, je pénètre dans la douche pour me placer dessous. Je la laisse couler le long de mon corps. Ça me fait un bien fou ! Je la préfère brûlante, lorsqu'elle me laisse des traces rouges sur le corps, j'aime le contrôle que j'ai sur elle ; si j'en ai assez, je n'ai qu'à la couper. Ce n'est pas aussi facile avec les humains. C'est ma façon de me rassurer que je sois toujours bien vivante. Je lave ensuite mon corps puis mes cheveux.

Lorsque j'en sors, de la condensation est présente sur le grand miroir lumineux. Avec ma serviette, j'essuie celle-ci afin de regarder mon reflet. Malgré le fait que je sois heureuse de constater que tous mes hématomes aient disparu, je n'arrive toujours pas à aimer cette immonde silhouette qui pourtant fait envie à certain. Chaque parcelle de mon corps, jusqu'au moindre millimètre, me renvoie à mes pires cauchemars. J'attache mes cheveux bouclés à l'aide d'une pince avant de jeter un coup d'œil à mes yeux vairons et de sortir.

J'ai réussi à me faire à l'idée que mes yeux sont comme ça et que je ne peux rien y faire, même si plus petite, je subissais divers critiques des autres enfants. Mon grand frère avait réussi, après plusieurs années, à me faire enlever mes lunettes de soleil. Je ne les lâchais plus après avoir subi une agression me visant les yeux. J'avais donc une grande appréhension au départ mais j'avais fini par les assumer pleinement. Aujourd'hui, j'hésite à reporter des lunettes ou bien mettre des lentilles de couleur pour échapper aux critiques incessantes et beaucoup plus cruelles des élèves du lycée. Mais pour le simple souvenir d'Elio qui se bat pendant les dernières années de sa vie pour me faire aimer mes yeux, je ne peux me résoudre à l'idée de le faire.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Jun 13, 2024 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

MorenoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant