RULING HEARTS (French Ver.)

I - Déjà

La grande salle de bal du palais royal était remplie de la lumière scintillante de centaines de lustres en cristal, dont les reflets dansaient sur le sol en marbre poli. La noblesse de tout le royaume s'était rassemblée pour la soirée, leurs voix se mêlant et créant un faible bourdonnement d'excitation.

Parmi la foule, une jeune noble se tenait debout, les yeux remplis d'un mélange d'inquiétude et de curiosité. Elle était vêtue d'une élégante robe de soie d'un bleu profond et ses longs cheveux tombaient en cascade dans son dos en vagues chatoyantes.

Elle regarda le prince héritier, entouré d'une foule d'admirateurs, se déplacer dans la pièce avec un air d'autorité tranquille. C'était un personnage saisissant, grand et large d'épaules, avec des cheveux couleur d'or bruni et une mâchoire ferme. Ses yeux profondément enfoncés semblaient ne rien manquer et il bougeait avec une confiance presque royale.

Tandis que la jeune femme l'observait, elle ressentit un battement de nervosité au ventre. Les rumeurs lui étaient parvenues : il était connu pour sa concentration intense sur le devoir et son dédain pour les attachements émotionnels.

À ce moment-là, une main douce lui toucha le coude et elle se tourna pour voir sa mère, les yeux pétillants d'un mélange de fierté et d'inquiétude.

"Ma chérie, as-tu déjà parlé au prince ?" » demanda doucement sa mère.

Elara regarda le prince, qui était en conversation avec un groupe de nobles. À ce moment-là, comme s'il sentait son regard, il se tourna et leurs regards se croisèrent un instant. À cet instant, elle ressentit un éclair de malaise, comme s'il pouvait voir directement dans son âme.

Lady Eleanor remarqua son expression.

"Vous y réfléchissez trop, ma chérie," dit-elle doucement. "Le prince Lucien est un homme bon, et il a la réputation d'être juste et équitable. Vous avez de la chance d'être fiancée à lui."

Elara hocha la tête distraitement, ses pensées ailleurs. Elle savait que sa mère avait raison : elle aurait pu être fiancée à de pires prétendants, et le prince était largement respecté et admiré par beaucoup. Mais elle ne pouvait pas se débarrasser du sentiment de malaise qui l'avait envahie alors qu'elle l'observait.

"Il est tellement intense", murmura-t-elle, à moitié pour elle-même.

"Il doit l'être", dit Lady Eleanor, une note de compréhension dans la voix. "Il s'entraîne à gouverner depuis qu'il est enfant, et le poids du royaume repose sur ses épaules. Ce genre de responsabilité peut rendre un homme intransigeant."

Elara se mordit la lèvre, regardant le prince s'excuser du groupe et traverser la pièce jusqu'à l'estrade au fond. Il monta les marches et se tint devant la foule, une présence imposante qui fit immédiatement taire les chuchotements et les bavardages.

"Commençons", dit-il d'une voix grave et résonante. "Nous sommes réunis ici ce soir pour célébrer les fiançailles entre notre royaume et la Maison Valrose, ainsi que mon union avec Lady Elara."

La salle a éclaté sous les applaudissements et Elara a senti ses paumes commencer à transpirer alors que tous les yeux se tournaient vers elle. Le prince Lucien lui tendit la main et elle se dirigea vers l'estrade, les genoux faibles.

Alors qu'elle lui prenait la main, elle sentit une décharge électrique la parcourir. Elle vit une lueur dans ses yeux, mais elle disparut si vite qu'elle se demanda si elle l'avait imaginé. Il la guida à ses côtés et ensemble ils firent face à la foule.

"Je vous remercie tous pour votre présence", a poursuivi le prince Lucien, sa voix se répandant avec confiance dans la salle. "Ce mariage rapprochera nos royaumes et renforcera les liens de confiance et d'amitié entre nos peuples."

Elara, debout à côté de lui, ressentit une soudaine montée de nervosité. Elle essaya de se calmer, mais ne put s'empêcher de lui jeter un coup d'œil. Son profil était ciselé, ses traits nets et saisissants. Mais il y avait quelque chose dans son regard qui la déstabilisait – une sorte d'intensité qui la faisait se sentir exposée et vulnérable.

Il a continué à prononcer son discours, ses paroles avec assurance et autorité. Les nobles présents dans la pièce écoutaient avec une attention soutenue, certains hochant la tête en signe d'accord, d'autres chuchotant entre eux. Mais Elara pouvait à peine se concentrer sur ce qu'il disait. Elle était hyper consciente de la sensation de sa main sur la sienne, si proche de son corps.

Il lui tenait fermement la main, mais son contact ne sentait aucune chaleur. C'était presque froid et impersonnel, comme toucher une statue. Elara ressentit une pointe de déception, espérant un soupçon d'affection ou d'attirance. Mais il n'était que professionnel, son expression inchangée tandis qu'il parlait. Lorsqu'il la regarda, ses yeux étaient comme de la glace – vifs et prudents.

Finalement, le discours a pris fin et les applaudissements ont repris. Le prince Lucien remercia encore une fois tout le monde et ils se retirèrent de l'estrade. Il la guida à travers la foule, ses pas longs et déterminés, sa poigne sur sa main d'une fermeté inébranlable.

Elara avait du mal à suivre son rythme, son esprit s'emballant alors qu'elle essayait de trouver quelque chose à dire. Mais avant qu'elle puisse parler, il l'interrompit.

"Nous partons", dit-il sèchement, sa voix à peine au-dessus d'un murmure. "Il y a des choses dont nous devons discuter."

Il la fit passer par une porte latérale et ils sortirent dans un jardin isolé. L'air était frais et parfumé, le bruit de la fête étouffé par les murs de pierre. Il l'arrêta à l'ombre d'un grand chêne et se tourna pour lui faire face.

"Nous sommes désormais officiellement fiancés", dit-il d'une voix basse et grave. "Il est de notre devoir d'honorer l'accord entre nos familles. Mais je dois être clair : je n'ai aucune intention de permettre à des relations amoureuses de compliquer notre mariage."

Il a poursuivi : "Une fois que nous serons mariés, nous vivrons des vies séparées. Il n'y aura aucun partage de chambre ni aucune forme d'intimité sauf dans l'accomplissement de nos devoirs. Est-ce clair ?"

Elara hocha la tête en silence, la gorge soudainement sèche. Elle sentit un vide dans sa poitrine : elle savait que leur mariage ne serait pas basé sur l'amour, mais l'entendre parler si froidement de l'avenir la remplit d'un sentiment de résignation.

Elara déglutit difficilement, se forçant à parler. Sa voix était à peine au-dessus d'un murmure.

"Oui, c'est clair", dit-elle, la voix légèrement tremblante.

Le prince Lucien hocha la tête, apparemment satisfait. Il s'appuya contre l'arbre, les yeux fixés sur elle. Son regard était illisible, lui donnant l'impression d'être un insecte épinglé sur un panneau d'affichage.

"Il y a encore une chose", dit-il d'une voix basse et sérieuse. "Vous ne devez jamais essayer de m'impliquer dans des questions émotionnelles. Je ne m'intéresse pas à vos sentiments ou à vos désirs. Notre mariage sera un partenariat de convenance, rien de plus."

Elara se mordit la lèvre, essayant de cacher la douleur que ses paroles avaient causée. Elle savait qu'elle devrait être reconnaissante qu'il ait été franc sur ses intentions, mais une partie d'elle avait bêtement espéré quelque chose de plus qu'une simple alliance sans émotion.

"Si vous avez des attentes en matière d'amour ou d'affection, vous feriez mieux de les rejeter maintenant", a-t-il poursuivi, sa voix froide et neutre. "Je n'ai ni la capacité ni le désir de vous donner autre chose que ce qui est nécessaire pour maintenir l'alliance de nos familles."

Elara prit une profonde inspiration, rassemblant tout son courage.

"Je comprends", dit-elle, sa voix calme mais ferme. "Je sais que ce mariage n'est pas une question d'amour. Je n'ai jamais attendu autre chose que ce qui est nécessaire pour remplir nos devoirs de mari et de femme."

Le prince Lucien l'observa un moment, comme s'il cherchait la moindre trace de malhonnêteté ou de manque de sincérité. Finalement, il hocha la tête, apparemment satisfait de sa réponse.

"Bien," dit-il en s'éloignant de l'arbre. "N'oubliez pas cela et nous nous entendrons très bien."