1. Fille de ............

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Lou :

Allongée sur mon lit, je lis les derniers commentaires sur mon père, Cha Heong-Jun, acteur coréen qui a débuté sa carrière dans les années 2000. Sa dernière série fait couler beaucoup d'encre. Les avis des fans sont partagés. Mon père est toujours célèbre même après quarante ans. J'ai peur de sa célébrité, et, de continuer à vivre dans son ombre. Je n'ai connu que ce genre de vie. Je ne le supporte plus.

J'ai vingt ans aujourd'hui, je ne désire plus me cacher par peur que l'on découvre que je suis sa fille. Je ne suis pas du tout fière d'être de la famille d'un acteur, bien au contraire, je le cache. Je suis très solitaire, je n'ai pas eu beaucoup d'amis, et, aucun dans la confidence. C'est difficile dans ma situation de faire confiance à quelqu'un. Je me sens tellement seule, que j'ai pensé à plusieurs reprises de mettre fin à ma vie. Notamment depuis le décès de ma mère, suite à un cancer foudroyant détecté tardivement. Sans le soutien de cette dernière, ma vie me parait tellement terne. Et  mon père ? Il n'en a jamais été un. Je ferme les yeux devant le désastre de ma vie. Je veux fuir ce que je suis. Mais, c'est impossible et encore plus c'est humiliant de faire semblant, de me dissimuler derrière une vie que je m'invente. 

Mon père n'est pas très présent dans ma vie. Du plus loin que je me souvienne, il ne l'a jamais été. Je garde en mémoire des images de ma mère, pleurant le soir en songeant que je dormais et que je ne pourrais pas l'entendre. Elle a beaucoup souffert de l'attitude égoïste de son compagnon. Mon père a caché sa relation et ma naissance pour pouvoir continuer à exercer son métier. Les acteurs doivent rester célibataires, d'inconditionnels séducteurs et les amoureux imaginaires des fans. C'est le secret de leur succès. J'ai détesté mon père et je le déteste encore, de croire qu'il peut continuer à jouer les jolis cœurs alors que ma mère l'attendait à la maison. Je serre les poings. Je lui en veux tellement que je ne crois pas qu'une seule vie suffira pour assouplir cette haine. Je le vois comme un homme cruel, insensible, et, surtout très égoïste. Je désire le fuir. Si seulement, je le pouvais..........

Pourtant, je n'ai pas eu d'autre choix que de le suivre, ici à Séoul. J'ai bien imaginé vivre seule à New York. Je ne connaissais pas le pays d'origine de mon père. N'ayant aucun autre membre de famille, ni aucun lieu pour habiter, je l'ai suivi dans cette ville totalement étrangère à moi. J'ai passé ma vie à New YorK, et notre père vivait dans ce pays, également, de temps en temps. Il nous a caché des journalistes. Il n'a dupé personne. Même ma pauvre mère agonisante le savait, et n'attendait pas qu'il lui rende visite dans ses derniers instants. Elle a accepté la situation bien mieux que moi, aveuglée par l'amour qu'elle lui portait. Je reste persuadée que si mon père avait un tant soit peu considérée ma mère comme sa compagne, elle n'aurait pas développé cette maladie à cause du chagrin d'amour. Bref, devant ce lamentable tableau de famille, je me suis promise de ne jamais tomber amoureuse, de ne jamais dépendre sentimentalement de quelqu'un. Au grand jamais ! Je ne veux pas d'une vie misérable, en espérant que mon petit-ami me porte un peu d'attention. Je ne souhaite pas vivre d'espoir mensonger. Non ! Je ne crois qu'au concret. Je ne visionne ni n'imagine mon futur. Je vis les instants présents, discrètement, sans suscité aucun intérêt de qui que ce soit. Je suis habituée ainsi, l'ombre est mon alliée précieuse depuis mon enfance.

L'invisibilité de mon existence est comme un réconfort pour moi. Au moins, j'avance sans laissé de trace de mon passage. Mon père m'ignore encore, et, me considère comme un fardeau dont il ne peut pas se débarrasser sans avoir mauvaise consciente. Je parierais qu'il regrette ma naissance. Même à cela, je n'ai pas envie d'y penser. Qu'on me laisse engager chaque jour qui passe comme je le peux. Parfois, je vais bien quand j'oublie qui je suis et m'accroche à la vie imaginaire que je me suis inventée. Chaque journée se ressemble, je ne fais pas de bruits, donc, personne ne sait que je suis et qui je suis. C'est mieux ainsi pour moi, notamment.

FILLE DE ...............................Où les histoires vivent. Découvrez maintenant