I- La génèse :
Allongé sur le canapé mité, le regard vide fixé sur le mur blafard de cette pièce glauque emplie de la puanteur de l'urine de chat et des vapeurs de whisky bon marché, il laissait sortir de sa bouche sèche des volutes de fumée émanant de ses cigarettes qui empoisonnaient autant son corps que son esprit.
Cet esprit dont il s'enorgueillissait jadis être parmi les plus vif. Haute estime de soi menant à l'arrogance et au dénigrement de l'autre.
Où était donc passé ce jeune homme que les filles s'arrachaient dès qu'il entrait dans une pièce. Qu'était devenu cet être qui avait tout pour lui ? S'interrogeait-il.
Evidemment, ce changement a dû venir de la vie, de mauvaises rencontres. Cela ne pouvait pas être de son fait. Il y avait eu la mort de son père, les mères de ses enfants, et puis, et puis ... la faute à pas de chance.
Bref, ce n'était en aucun cas lui qui par fénéantise et couardise avait bousillé ce potentiel ... c'était les autres.
D'ailleurs Sartre le disait bien : « l'enfer, c'est les autres ».
Et puis, s'il était si empli de vices, pourquoi Dieu lui aurait-il laissé la vie sauve deux fois de suite après ses deux infarctus, qui n'étaient eux non plus, pas de sa faute bien entendu.
Tout à coup, un message fit tinter son téléphone portable ... Qui était-ce à cette heure-là ?
L'agence immobilière qui disait : « Monsieur, suite au non-paiement de vos loyers, vous êtes priés de quitter ce logement dans les plus brefs délais ... »
Et voilà, il était en l'espace d'une fraction de seconde devenu SDF, Rmiste à quarante-cinq ans.
Là, son esprit alla très vite en besogne.
- J'ai perdu mon logement ! Je ne peux plus recevoir mes enfants ! Qu'est-ce que j'ai fait au bon Dieu pour mériter ça ?
La réponse divine fut instantanée. Il tomba à
Genoux sur le parquet glacé et nauséabond, se mit à vomir du sang et s'évanouit.
Quelques jours plus tard dans la pâleur d'une chambre d'hôpital un homme d'une soixantaine d'années arborant un masque bleu clair et portant une blouse blanche lui dit avec un air entendu : « Monsieur, vous êtes passé très prêt de la mort. Vous avez une cirrhose à un stade très avancé. Plus d'alcool, plus de cigarette, et perte de poids obligatoire accompagnée de sport. »
Comment allait-il vivre avec ça ?
Un nouveau chemin s'ouvrait-il devant lui ?
Bien sûr, l'idée de balayer d'un revers de la main son passé, sa famille lui traversa l'esprit. Mais pourquoi vouloir éradiquer les racines du mal et non y puiser la force nécessaire à sa reconstruction pensa t'il.
Cette famille si proche, et si complexe à apprivoiser, et tellement importante dans sa vie : Sa mère, la mère de ses enfants, et enfin ses trois enfants.
Comment ne pas évoquer en premier, le rôle prépondérant de sa mère ? Cette femme sans qui il n'aurait pas pu s'épanouir et sans qui il aurait sans doute plusieurs fois disparu de la surface du globe.
Ce giron maternel symbole du repos moral et psychologique. Ce havre de paix et de simplicité.
La mère de ses filles, une femme sèche et pragmatique. C'est aussi une personne qui sait être délicieuse, douce et empreinte d'une grande empathie.
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La naissance du Phoenix
Short Story" C'est l'histoire d'un homme comme vous et moi, Broyé par une Société sans pitié et tout ce qu'elle peut avoir de plus vil et de plus infamante pour les besoins fondamentaux de l'humanité, en lui faisant miroiter des envies et la violence quotidien...