Chapitre 3 : La nourriture précieuse

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« La nourriture, c'est de l'or », répétait souvent Sophie à ses amis. Chaque visite au supermarché était une leçon d'économie domestique. Les étals de produits frais semblaient réservés à une élite économique lointaine. Les repas improvisés se composaient souvent de pâtes bon marché et de conserve, les plaisirs culinaires devenant un luxe rare.

Dans leur petit appartement, elle et ses colocataires se rassemblaient souvent autour de plats simples mais réconfortants. Les dîners étaient l'occasion de partager non seulement de la nourriture, mais aussi des histoires sur la dernière augmentation de loyer ou les factures inattendues qui arrivaient toujours trop tôt.

Un samedi matin, Sophie décida de visiter le marché local. Elle aimait flâner entre les étals, sentir les fruits et légumes frais, discuter avec les commerçants. Mais ces visites étaient aussi frustrantes, car elle voyait des produits qu'elle ne pouvait pas se permettre. Les légumes bio, les fruits exotiques, les fromages artisanaux – tout cela était hors de portée.

Ce matin-là, elle s'arrêta devant un stand de légumes. Les tomates rouges et juteuses lui faisaient envie, mais leur prix la fit hésiter. Elle opta finalement pour quelques pommes de terre et des carottes, des produits de base qu'elle pouvait intégrer dans plusieurs repas. Le marchand, un homme d'un certain âge avec un sourire chaleureux, lui fit un rabais.

« Pour une jeune fille comme vous, on peut bien faire un geste », dit-il en lui tendant les légumes.

Sophie le remercia chaleureusement, touchée par cette gentillesse inattendue. De retour chez elle, elle décida de préparer une soupe pour ses colocataires. Les moments passés en cuisine étaient devenus une forme de thérapie, une manière de transformer des ingrédients simples en quelque chose de nourrissant et de réconfortant.

Le soir, autour de la table, elles savouraient la soupe chaude, parlant de leurs journées respectives. Claire, en particulier, semblait abattue après une longue journée de cours et de travail.

« J'aimerais bien pouvoir acheter des légumes frais », soupira Claire, en mélangeant les pâtes dans une casserole usée. « Mais à ce prix-là, c'est impossible. »

Sophie posa une main réconfortante sur son épaule. « On s'en sortira », dit-elle avec un sourire contraint. « On trouve toujours un moyen. »

Les mots étaient un mantra qu'elle répétait souvent, espérant que leur détermination les mènerait à traverser ces moments difficiles. Les discussions autour de la table tournaient souvent vers des sujets pratiques : comment cuisiner avec peu, comment économiser sur les courses, où trouver les meilleures affaires.

Parfois, elles se rendaient ensemble à des associations qui distribuaient de la nourriture. Ces visites étaient humbles et parfois difficiles à accepter, mais elles leur permettaient de compléter leurs provisions. Elles croisaient d'autres jeunes dans la même situation, partageant des regards de compréhension et de solidarité silencieuse.

Survivre en France : La Jeunesse face à l'OrOù les histoires vivent. Découvrez maintenant