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-Tu as fini ? me demandait Amélia.

    Je n'eus pas le temps de répondre que mon assiette me passait sous le nez.
Je n'avais même plus la force de répliquer : ça faisait des mois que c'était comme ça. Amélia évacuait sa frustration sur moi et je le comprenais parfaitement.

-Amélia, soufflais-je.

    Elle ne prenait pas la peine de m'accorder une once d'attention. Elle partait dans la cuisine et y posait les assiettes.

-Amélia. Je te parle.

    À nouveau, elle ne répondait pas. C'est sûrement ça qui m'énervait le plus chez elle.
    Elle revenait vers la table et y prenait les couverts restants. J'attrapais son avant-bras afin d'attirer mon attention mais Amélia me repoussait immédiatement. En plus de me repousser, elle plaquait ma main sur la table et y plantait un couteau entre mon pouce et mon index.

    Amelia savait pertinemment que j'étais la. Ce n'était pas qu'elle ne prêtait pas attention à moi mais en fait, qu'elle préférait m'ignorer totalement.

    Immédiatement, je me levais et l'attrapais par la gorge. Je plaquais sa tête sur la table, à quelques centimètres du couteau qu'elle avait planté elle-même il y a quelques secondes.

-Lâches-moi, sifflait-elle.

-Tiens, tu parles maintenant ?

-Crèves.

    Même si la relation fraternelle que j'avais avec Amélia était fusionnelle, ça arrivait souvent que nous nous disputions. Il nous arrivait même de nous battre mais nous savions pertinemment que nous passerions à autre chose et que tout redeviendrait comme avant.
    Cependant, depuis ces derniers temps, Amélia était terriblement en colère contre moi. Quand elle ne m'ignorait pas, elle me jetait des regards dédaigneux et grimaçait lorsqu'elle passait à côté de moi. Tandis que je faisais de mon mieux pour être patient, c'est comme si elle faisait tout pour me faire perdre mon sang-froid.

    Elle donnait un coup de coude dans les côtes ce qui bloquait ma respiration pendant une seconde. Je relâchais alors Amélia qui prenait cette seconde d'inattention pour se redresser.
    Sans que je m'y attende, elle me donnait un coup de poing en pleine mâchoire.

-Vieux mec, sifflait-elle en s'essuyant le visage.
 
    Là, on peut dire que je n'y attendais pas. Même si nous nous battions, nous ne nous étions jamais mis des coups aussi violents. En général, c'était plus une histoire de dominer l'autre. Mais là, encore une fois, c'était différent.
     Elle était en colère et elle me le faisait clairement ressentir.

-Arrêtes ton comportement de chieuse, grognais-je en caressant ma mâchoire.

-T'en veux une deuxième ?

-Fais attention à toi. Je t'ai peut-être laissé me mettre un coup une fois mais ça n'arrivera pas une deuxième. Crois-moi, la menaçais-je.

-Sinon quoi ? Tu vas me frapper ?

    Je fronçais les sourcils immédiatement.

-Arrêtes de te comporter comme si j'avais déjà levé la main sur toi.

-Tu viens de le faire.

-Tu sais très bien que ça n'a rien à voir. Je ne te taperais jamais pour te faire du mal. Jamais, insistais-je.

-C'est vrai. Tu vas m'abandonner comme tu l'as fait avec Serafina alors ?

    Pendant une seconde, j'avais l'impression que ma tête tournait. C'était extrêmement rapide et pour ainsi dire, je cru même que c'était une illusion de ma part. Mais le malaise ainsi que la douleur à mon cœur me rappelaient que c'était bien réel.
    Amélia cherchait clairement à m'abattre ce soir. Elle savait où taper et si je ne tenais pas parole, je lui en aurais sûrement déjà mis une.

The Wolf On The LooseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant