La peur

Elle avait eu peur. Lorsqu'il était parti pour se diriger au restaurant et qu'il avait roulé à une vitesse anormalement rapide, ils avaient tous pensé qu'il pouvait avoir un accident. Jean Paul l'avait dit « il va trop vite s'il continue comme ça il va se tuer ». Nicky avait vainement tenté de lui dire de ralentir. Et Florence avait littéralement hurlé sans le casque pour le sommer de s'arrêter. Mais ce qu'elle n'avait pas exprimé à haute voix c'était à quel point elle avait eu peur.

Peur qu'il se plante. Peur qu'il y reste. Peur de ne plus le revoir. Peur de le perdre même s'il n'était pas avec elle. Elle avait presque perdu ses moyens. Et lorsqu'elle lui avait dit qu'elle allait lui en coller une, forcément il l'avait pris à la rigolade. Mais la réalité c'était qu'elle ne trouvait pas ça drôle du tout. Elle avait été littéralement terrorisée.

Lorsqu'elle s'était retrouvée face à lui, il avait poursuivi son petit jeu. Elle était pourtant sérieuse.

- je vous ai demandé de ralentir tout à l'heure. Vous m'avez pas écouté

– c'est vrai. Vous voulez toujours m'en coller une ?

Et il avait eu ce sourire. Un petit sourire faible mais qu'elle avait détecté. ce sourire était tellement attendrissant qu'elle n'arrivait pas à lui en vouloir bien longtemps. Mais il ne se rendait pas compte à quel point elle avait eu peur, et elle était incapable de lui dire. Ils avaient poursuivit leur enquête sans en reparler. Mais Florence flippait de plus en plus. Elle avait confiance en lui mais elle savait aussi qu'il aimait la moto et la vitesse. Et le fait de le voir foncer tête baissée comme ça la terrorisait.

Elle voulait lui en reparler mais elle se sentait ridicule et ne savait pas aborder le sujet. Pourtant une partie d'elle voulait qu'il sache ce que ça lui avait provoqué. Le coup au cœur que ça lui avait mis.

La journée s'achevait. Pascal récupéra son casque pour rentrer chez lui.

- commissaire à demain bonne soirée

- euh oui oui merci. Bonne soirée à vous aussi Pascal

Elle lui fit un petit sourire discret qu'il trouvait  étrange

- est-ce que ça va commissaire ?

- oui ça va... vous rentrez en moto?

- oui pourquoi? Vous voulez venir faire un tour?

- alors la, non. Non merci Pascal.

- pourquoi vous dites ça comme ça?

- pour rien. Allez y.

- bonne soirée Pascal, bonne soirée Mme la commissaire

- Merci jean Paul répondirent les deux en même temps

- ah au fait, dit Jean Paul à Pascal. - fais gaffe quand même, t'étais limite toute à l'heure tu m'as foutu les jetons .

- je sais quelqu'un a failli m'en coller une... lui répondit Pascal en esquissant un sourire à Florence.

Ça lui déclencha une colère noire. Il se moquait de la situation. De sa peur viscérale qu'il ignorait. De se foutre en l'air.

Elle explosa.

- Vous vous foutez de la gueule du monde ou quoi? Dit elle en se levant de son bureau

Jean Paul se recula pour disparaître sachant que ça allait barder. Pascal écarquilla de grands yeux, ne comprenant pas cet accès de colère soudain

- non mais ça va pas ou quoi qu'est-ce qu'il vous prend ? dit Pascal un peu vexé

- Vous roulez comme un malade Pascal. Vous vous rendez compte que vous auriez pu vous foutre en l'air ? Sérieusement! Alors arrêtez de prendre ça à la légère. On parle de votre vie là! Vous percutez ou pas du tout?