Mia n'en croyait pas ses oreilles. Elle était juste descendue voir si le dîner était prêt. Ses parents n'avaient pas entendus qu'elle était derrière la porte. Ils se sentaient libres de parler de choses que Mia n'était pas sensée entendre. Sous le choc, elle remonta en trombes les escaliers jusque dans sa chambre et se jeta sur son lit. Elle se sentait mal, très mal. Elle en voulait désespérément à ses parents. Ils lui avaient mentit. Ils n'étaient pas ceux qu'elle croyait. Elle-même n'était pas celle qu'elle pensait être. Car, à travers la porte du salon, elle avait entendu ses parents le dire très clairement : elle avait été adoptée.
Comment ?Comment ses parents avaient ils pu lui mentir aussi ouvertement ?Car ils ne lui avaient jamais parlé de ça avant. Elle n'avait plus faim. Elle sentait la colère et la tristesse lui peser sur l'esprit et le cœur, et cela l'épuisait.
Au bout d'un moment, sa mère vint la chercher pour le repas :
«Mia, vient manger. »
Elle ne répondit rien. Elle ne voulait pas lui parler. Sa mère fronça les sourcils en insistant :
«Qu'est-ce qui t'arrive ? C'est prêt, viens manger ! »
Mia décida de se tourner vers elle en soupirant. Elle lui fit face, le visage grave, et râla, presque méchante.
«Mais qu'est-ce qui te prends ?!, se scandalisa sa mère. Calme toi ! »
Mais sa fille, adoptive, ne répondit rien. Plongée dans l'incompréhension, elle se résigna à laisser Mia seule en ajoutant d'une petite voix :
«Bon, viens quand tu auras faim... »
Mia sentit un petit pincement au cœur, mais tint bon. Sa mère avait mérité qu'elle la traite comme ça.
Celle-ci retourna au salon, encore hébétée, pour aller chercher son mari :
«Je ne sais pas ce qui se passe, mais Mia est de très mauvaise humeur. Elle a catégoriquement refusé de venir manger, et elle a été méchante avec moi.
- C'est bizarre, répondit il. Elle ne s'était jamais comportée comme ça avant. J'irai la voir après le repas ».
Une fois la cuisine rangée, monsieur Sutton monta dans la chambre de Mia. Il s'approcha doucement et vit qu'elle s'était endormie. Elle avait cédé malgré sa rage et sa peine. Son père retourna dans sa chambre puis tenta de rassurer sa femme :
«Elle dort. Si demain ça ne va pas, on lui parlera et, au pire, on peut l'emmener chez le docteur Keller ».
La jeune femme hocha la tête, après quoi ils se couchèrent.
Le lendemain matin, Mia se sentait terriblement mal. Elle ne se sentait toujours pas de voir ses parents. Elle n'avait toujours pas faim. Tout ce qu'elle voulait, c'était rester couchée, dormir et oublier. Oublier.
Bien évidemment, ses parents vinrent la voir. Ils voulaient lui parler, lui amener à manger et lui demander un million de fois ce qui n'allait pas. Elle les ignora. Mais quand sa mère voulut l'obliger à se lever, elle réagit plus violemment qu'elle ne l'aurait voulu. Elle n'aimait pas crier. Sa mère, d'abord décontenancée, répliqua ensuite, en colère :
«Ça suffit, Mia ! Je t'interdis de faire ça ! Je ne sais pas ce qui t'arrive, mais tu n'as pas à être violente ! »
Mia se retourna et l'ignora.
Le soir, ses parents décidèrent qu'ils l'emmèneraient voir le docteur Keller le lendemain.
Sophia Keller était une femme très grande, ce qui aurait pu effrayer ses plus jeunes patients, mais elle possédait des yeux, une voix et des gestes si doux qu'elle les charmait tous. Mia la connaissait depuis qu'elle était bébé. Sa présence familière l'apaisait. La doctoresse l'ausculta, lui posa des questions, lui parla calmement. Au bout d'un moment, elle se tourna vers le couple Sutton :
«Écoutez, la bonne nouvelle, c'est que Mia ne semble pas avoir de problème physique. Je pencherais plutôt pour une petite déprime. Elle a pu être causée par différentes choses. Arrêtez vous dans un magasin pour lui prendre un petit plaisir, puis rentrez vous occuper d'elle. Elle a peut-être juste besoin de passer un peu de temps avec vous ».
Le couple n'était pas très rassuré, mais faute d'autre piste, ils se dirent que c'était sûrement la meilleure chose à faire.
Mia ne savait pas quoi penser. Ses parents s'étaient arrêtés lui acheter un cadeau et sa nourriture préférée. Puis ils étaient rentrés et s'étaient installés ensemble sur le canapé. Elle s'était blottie contre eux. Finalement, elle se sentait moins trahie que... perdue. Si elle n'était pas leur fille, alors qui était elle ? Qui était elle sensée être ? Elle se posait encore un tas de questions quand sa mère l'embrassa sur le crâne et lui dit :
«Ma chérie, je ne sais pas ce qui c'est passé, mais, quoi qu'il en soit, sache que nous t'aimons. Nous serons toujours là pour toi ».
Mia soupira légèrement, soudain soulagée. Oui, c'était vrai. Même si elle n'était pas leur fille biologique, ses l'aimaient, elle le savait. Elle était leur fille dans tous les cas. C'était une certitude.
Alors Mia se cala entre ses parents et, tout en ronronnant, la jeune Maine Coon s'endormit.
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Mia Sutton [one-shot]
Short Story"Suite à une révélation, quelqu'un apprend que toute sa vie n'était qu'une illusion". Voilà le défi que m'a lancé mon amie Y ! Et vous, comment réagiriez vous si vous appreniez qu'on vous mentait depuis le début ?