CHAPITRE TREIZE | Un retour non désiré

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Cela faisait déjà une semaine depuis l'intervention, et malgré les saignements persistants, j'avais tenté de reprendre le cours de ma vie tant bien que mal. La décision de quitter mon emploi et de mettre ma formation entre parenthèses pour me concentrer sur ma guérison m'avait semblé nécessaire. Après tout, subir à la fois une rupture et une interruption de grossesse m'avait secouée au plus profond de moi-même. M'inscrire à un atelier d'art dans ma ville avait été ma manière de prendre du temps pour moi, de redécouvrir qui j'étais au-delà de ces épreuves. Le fait que Mickaël m'ait bloqué sur tous les moyens de communication et que j'aie fait de même me permettait de ne rien attendre de lui et de me concentrer sur mon propre chemin.

Aujourd'hui, comme chaque jour depuis une semaine, je m'étais installée dans un parc verdoyant, un petit tableau posé au sol devant moi, mes mains couvertes de peinture.

— Bon, c'est fini pour aujourd'hui. Demain, le thème sera : ce qui n'a pas de forme, qui ne se touche pas et qui n'a pas de volume. À vous de trouver un modèle. Cela peut-être une photo, ou encore une vidéo, je ne sais pas. Mais c'est ce que vous peindrez demain alors préparez-vous.

Le professeur claqua dans ses mains pour signifier que son cours était terminé. Tandis que je restais assise sur l'herbe fraîche, observant le professeur ramasser les toiles de chaque élève, une idée précise germa dans mon esprit. J'attrapai mon téléphone.

Lorsque j'habitais avec Mickaël, ses amies étaient venues à la maison et nous avions pris des photos de fumées de cigarette. Je me souvenais particulièrement d'une photo où ma main reposait sur son cou, la fumée s'échappant de ses lèvres. Malheureusement, dans ma volonté de tout effacer de ma vie qui concernait Mickaël, j'avais supprimé cette photo. Mais pour l'art, pour cette quête de renaissance à travers la créativité, j'avais besoin de cette image.

Je savais que la photo avait été prise avec le téléphone de Dylan.

Mes lèvres se pincèrent alors que je commençais à composer mon message. Malgré la fin de ma relation avec Mickaël, j'avais tissé des liens avec ses amis. Je me sentais donc légitime de leur demander un petit service.

Moi : « Salut Dylan,

C'est Talyah. Excuse-moi de te déranger, mais j'avais quelque chose à te demander. Actuellement, je suis en cours d'art et j'aurais besoin de la photo que nous avions prise de la fumée de cigarette quand elle s'évaporait. Celle de Mickaël. Je ne sais pas si tu l'as encore, mais si c'est le cas, ce serait génial si tu pouvais me l'envoyer. Je te remercie d'avance. »

Après avoir envoyé le message, je glissai mon téléphone dans la poche arrière de mon jean et me relevai pour m'étirer. Cela faisait aussi un bon moment que je n'avais pas vu Achille. En ce moment, il passait une certification en cybersécurité, une certification nommée OSCP, si je me souviens bien. En tout cas, il était particulièrement concentré là-dessus, d'après ce que je savais.

Alors que j'allais entamer mon trajet pour me rendre à l'arrêt de bus après m'être correctement étiré, j'ai senti mon portable vibrer plusieurs fois.

Une urgence ? Pourquoi recevais-je autant de messages ?

Je le pris immédiatement en main pour découvrir le contenu affiché sur l'écran : Dylan m'avait répondu.

« Talyah, c'est Mickaël.

J'ai besoin de te parler.

Débloque-moi s'il te plait.

Je te donnerai les photos je les ai.

Réponds. »

Juste en dessous du dernier message, il était écrit trois appels manqués et d'ailleurs un autre appel s'afficha sur mon portable. Appel que je décrochai. Comme si moi, Talyah Lowe le plus gros clown du siècle n'allait pas répondre. On parle quand même de moi là.

Regarde moi te haïr (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant