Chap. 5

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Emily

– C'était quoi, ça ?

Je prend les mains de ma meilleure amie et la secoue dans tous les sens, tout en lui posant quatre-vingt dix-mille questions à la fois. Vic devient ennemi avec les garçons les plus beaux gosses de l'université, comme ça, sans rien me dire ? On voit l'amitié !

– S'il te plait, ne m'en parle plus, me répond-elle en passant une main dans ses cheveux bruns. J'avais cours à côté de Finn, et j'ai critiqué son meilleur ami...

Je pouffe sous son regard désespéré, et lui donne une tape amicale dans le dos.

– T'inquiète pas, vu comment il te bouffait des yeux, il va vite oublier ce petit incident.

– Finn ?

Je roule des yeux devant son regard, tout en lui disant que je parlais de Jay. Ensuite, je lui prends le bras et l'entraîne loin de ce couloir, et de plus en plus près du réfectoire. Même si nous ne parlons pas, nous savons toutes deux que ce midi, tout va être décisif. A midi pile, nous allons recevoir une alerte sur notre téléphone sur le fait que deux lettres sont arrivées pour nous. Suivi des trois défis.

Plus nous avançons, plus le nombre d'étudiants se multiplie. Normal, tout le monde se précipite pour manger. Moi, je n'ai pas très envie, soudain, mais j'évite soigneusement de penser à ça.

– Cette université est énorme, me dit Vic, tout en regardant autour de nous.

Effectivement, il y a trois ou quatre bâtiments, et pour passer des salles de cours au réfectoire, nous avons dû en traverser deux. Le plafond est tellement haut quant à lui, que nous avons l'impression qu'il touche le ciel. Il doit y avoir mille salles de classes, sans compter les salles de profs, de repos, ou de colle.

Une fois arrivée devant la grande porte du réfectoire, nous poussons un petit soupir en commun, prête pour la suite. D'un même coup de main, nous ouvrons la porte, et même si Vic n'est pas souvent choquée par quoi que ce soit, je la vois écarquillé les yeux. Certe, sur les photos, la salle paraissait grande. Mais les universités aiment montrer des choses fausses, alors nous nous attendions à quelque chose de beaucoup plus petit. Cependant, la salle est si grande que nous voyons à peine le fond -bon ok, j'abuse un peu, mais vous avez compris le style. Ensuite, il doit y avoir une centaines de tables, toutes rondes, comme lors des mariages, et j'ai l'impression qu'il y a minimum cinq choix de plats.

– Ils ont pas déconné sur la nourriture, je dis à ma meilleure amie, sans apercevoir une fille courir vers nous, avec un visage timide.

– Excusez-moi, vous êtes Victoria et Emily ?

Nous nous tournons vivement vers elle, ne l'ayant absolument pas aperçue. C'est une jeune fille qui doit avoir un an de moins que nous, avec de jolis cheveux châtains et des tâches de rousseurs sur tout son visage, la faisant ressembler à une enfant. Les yeux de Victoria se posent instinctivement vers l'heure, et nous comprenons bien vite.

– Oui, pourquoi ?

– Je m'appelle Bianca, et on m'a demandé de vous donner ses lettres.

Je décroche à la première partie de la phrase, si bien que c'est Victoria qui lui prend les lettres de la main, remerciant la fille d'un sourire vide d'émotions. Bien sûr, comme d'habitude, Bianc n'a rien voulu laisser au hasard. Jusqu'à sa couleur de cheveux à son prénom, elle a fait en sorte que comme chaque rentrée, nous nous souvenions encore une fois d'elle. Lorsque je reprends mes esprits, la fille est déjà partie, et je la regarde de dos, mes yeux perdus dans la vague.

– Je n'arrive pas à croire qu'elle ai pu faire ça, dit Vic à côté de moi, la regardant aussi.

– Parfois, je jurerais qu'elle est encore vivante, et qu'elle rit en nous voyant comme ça.

Victoria hoche la tête en silence, et après quelques secondes de contemplation, je suis forcée de redevenir forte pour elle, et de la prendre par le bras, avec un grand sourire.

– Tu viens ? On va s'asseoir, j'ai vu deux places libres vers le fond de la salle.

Sans attendre de réponse, je la traîne vers les deux places, et je m'installe en face d'elle, prenant la lettre dans sa main qui comporte le nom d'Emily. Bien sûr, il y a un cœur.

– Vic, on va prendre à manger, on va manger la moitié de notre plat, puis on va ouvrir la lettre. Ok ?

Ma meilleure amie semble reprendre des couleurs, et je soupire de soulagement, me détendant sur mon siège bancal -encore un coup de ceux qui se balancent. Elle accepte, et nous allons chercher notre plat. Je vois des hamburgers, des frites, des pizzas, ou encore même une sorte de paella, mais j'opte pour une salade. Plus simple si jamais nous sommes secouées après la lecture de la lettre, parce que vomir des burgers n'a jamais été mon kiff.

Vic, elle, prend une pizza, et regarde un instant mon assiette, avant de prendre deux pommes pour le dessert.

– Une pour toi, me dit-elle avec un sourire.

Je suis prête à repartir, lorsque mon plateau percute quelque chose de dur, qui me fait relever la tête. Moi qui était concentrée pour ne rien faire tomber, ma pomme roule sur le bord et commence à tomber, comme au ralenti, et je fais un petit cri, comme si le sort de la pomme m'importait peu. Heureusement, une main la rattrape et la repose sur mon plateau, et je pousse un soupir de soulagement, croisant le regard de celui que je viens de percuter.

– Merci, et désolé du...

Lorsque je le reconnais, je déglutis difficilement.

𝐋𝐀𝐒𝐓 𝐃𝐀𝐘Où les histoires vivent. Découvrez maintenant