Nos cris du cœur

Chapitre 1

Gabriel 

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La journée a été anormalement calme à la gendarmerie. Je finis de taper un rapport sur le clavier de mon ordinateur. J'ajoute le point final avant de soupirer de lassitude. C'est la partie de mon métier que je déteste le plus : la paperasse. Je serais prêt à engager quelqu'un pour le faire à ma place. Je me masse les tempes en posant les coudes sur mon bureau. Cette affaire est l'une des plus ennuyantes que j'ai eue à traiter. Un petit vaurien s'amuse à voler les batteries des trottinettes électriques laissées dans les rues de Paris. La plupart du temps, on les retrouve quelques mètres plus loin, caché dans des lieux insolites. C'est sans doute un gamin qui s'ennuie, livré à lui-même qui veut faire chier le monde pour passer le temps. Il n 'a rien d'un grand criminel. Moi, bien que ça me fasse rire, j'ai l'impression de perdre mon temps. De toute façon, je hais ces trottinettes électriques, les gens roulent n'importe comment !

- Gab, tu te joins à nous ? On va au bar en sortant ! me hèle Simon, un collègue.

Avant que je ne puisse lui répondre, mon portable personnel vibre sur ma planche de travail. L'écran s'allume et le nom de Lilianna s'affiche dessus. Je réagis au quart de tour et peut-être un peu trop précipitamment pour paraître naturelle.

- Et bien mon gars, c'est un plan cul qui t'envoie un message pour que tu réagisses aussi vite ? ricane Simon.

Je me retiens de lui faire un doigt d'honneur et me contente de grogner pour toute réponse. Je ne parle jamais de ma vie personnelle au boulot et encore moins avec un gars comme lui. Et depuis quand un gars célibataire, de 28 ans, à forcément besoin d'un plan cul ? Je me satisfait très bien tout seul, bon sang !

Jeudi
19h57 - De Lilianna : Salut Gabriel, excuse moi de t'embêter... j'ai reçu un nouveau SMS un peu bizarre. C'est un nouveau numéro.

19H58 - De moi : Salut Lily, passes au poste demain, on verra ça ensemble. Ne t'inquiète pas.

"Ne t'inquiète pas". Mais quel con je suis, je demande à une gamine de 19 ans à peine, de ne pas s'inquiéter qu'un barjo la harcèle par messages. J'ai envie de me mettre des baffes.

20H00 - De Lilianna : D'accord, merci. Bonne soirée 🙂

20H01 - De moi : Bonne soirée Lily ;)

Je range mon téléphone dans ma poche avant de partir vers les vestiaires pour me changer. J'ai hâte de troquer mon uniforme contre mes habits de civil. J'accepte de sortir au bar avec mes collègues, je n'ai aucune envie d'aller m'enfermer chez moi et de ressasser le passé en boucle. La porte de mon casier claque, je coince mon badge entre mes lèvres pour pouvoir prendre mon sac de sport à deux mains. J'entends mes collègues débattre derrière la porte, ils sont en forme ce soir !

- J'espère ne pas rentrer seul ce soir, mes couilles sont en feu !
- Avec ta tête d'huître pas fraîche, c'est avec ta main droite que tu vas te retrouver en tête-à-tête, mon vieux.

Je lève les yeux au ciel devant ce langage fleuri. Il n'y a pas a dire, ce sont de gros beauf incapable de se satisfaire d'une seule femme. Leur attitude m'écœure parfois, mais dans le fond, ils ne sont pas méchants et toujours respectueux. Ils sont juste un peu... rustique.

- Et toi Gab, tu vas chasser la minette ce soir ? me taquine Simon.
- Non Simon, je ne vais pas "chasser la minette", dis-je en pinçant les lèvres.
- Tu devrais tirer un coup pour te détendre un peu, tu as l'air tendu.