Samedi 6 juillet, 12H55

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Samedi 6 juillet 2024

La Villa des Souvenirs

12h55


Premier jour de vacances et ça s'annonce déjà catastrophique. J'ai rangé toutes mes affaires dans l'armoire que ma tante a laissé à ma disposition et je me suis rendue compte que je n'avais aucun vêtement adéquat. Une dizaine de pulls larges et plusieurs t-shirts trop petits, c'est tout ce qu'il reste de ma vie d'avant. Je n'ai pas pu tout emporter dans la petite valise que l'assistante sociale m'a autorisée à emmener avec moi. Partie de Lille ce matin, je n'aurais pas pu imaginer que l'air serait aussi étouffant ici. Aussi chaud. C'est fou l'écart de température qu'il peut y avoir entre deux villes situées à quelques heures de train l'une de l'autre. Heureusement, il y a un ventilateur à côté de mon lit. Pour le reste, il faut croire que je me contenterais du nécessaire : la pièce ne contient qu'une armoire et un petit bureau.

Pour inaugurer cette nouvelle vie, j'ai décidé d'entamer ce carnet. C'est Émilie, ma psychologue, qui m'a conseillé de le faire. Elle a dit que ça m'aiderait, afin "surmonter le traumatisme". J'ai du mal à voir comment écrire dans un journal m'aidera à aller mieux, mais je me suis dit que je pourrais toujours tenter l'expérience. Ce n'est pas le temps qui va me manquer après tout. Alors voilà, c'est le jour 1.

Loin de l'agitation du centre-ville, la Villa des souvenirs est un "petit havre de paix", selon tante Marie. Et je la crois : de ma chambre, je n'entends que le cri des mouettes qui planent au-dessus du grand jardin. Nommer les maisons, c'est quelque chose qu'ils aiment bien faire dans le sud. Celle-ci appartenait à mes grands-parents, tante Marie et ma mère y ont vécu tous les plus beaux moments de leur enfance. Maman me racontait souvent leurs balades sur la plage, les sorties à vélo avec leurs copains de l'époque, leurs châteaux de sable immenses ("à en faire pâlir Versailles!") et les glaces aux milles parfums dégustées chaque jour de l'été. Aujourd'hui, tante Marie y habite avec son fils, Nathaniel. Je ne l'ai pas encore vu, il est parti jouer à FIFA chez un ami. J'appréhende un peu son retour, j'ai peur que ce soit bizarre. Ça fait trois ans qu'on ne s'est pas vus. Pourtant, c'était mon cousin préféré quand j'étais petite. Il était toujours gentil avec moi et on avait presque le même âge, à quelques mois près. Malheureusement, les réunions familiales étaient plutôt rares à cause de la distance. Aujourd'hui il n'y a plus vraiment de famille à réunir, ça simplifie les choses...

Je dois y aller, Marie m'appelle pour manger.

La maison aux volets bleusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant