Introduction

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Il était 20h, nous étions le 7 juillet 2024.

À Matignon, Gabriel Attal ne pouvait que patienter, n'ayant pas eu le courage d'assister aux premiers résultats des seconds tours des législatives au quartier général d'Ensemble. Il savait depuis les premiers tours que le camp présidentiel avait perdu tout espoir d'obtenir une moindre majorité, et que sa place de Premier ministre était sur la sellette depuis l'annonce de Macron, qui décidait alors de la dissolution de l'Assemblée Nationale.

Quand bien même il n'avait encore que 35 ans, et un avenir politique qui ne pouvait que continuer car n'ayant, de son propre avis, jamais fait de véritable faux pas, son cœur était serré. Ancien militant du Parti socialiste, il n'était pas réjoui de songer que ce parti, qui avait semblé sombrer quelques années plus tôt, avait enfin regagné un peu d'électeurs, fussent-ils là uniquement en raison du Nouveau Front Populaire.

Lui-même avait vaincu une candidate qui avait été une ancienne camarade de parti. Cécile Soubelet avait elle aussi réussi à passer au second tour dans la 10e circonscription des Hauts-de-Seine, avec près de 35% des voix quand Gabriel en avait cumulé presque 44%. Le second tour, ils s'étaient défiés dans un duel, sans autre adversaire que le risque d'abstention ou les votes blancs.

Comme lors des dernières législatives, le Premier ministre de la France n'était pas inquiet de savoir s'il serait élu ou non. Le premier tour avait montré l'intention des électeurs, lui octroyant une belle avance, qui se confirma finalement lorsque les résultats provisoires apparurent enfin sur son poste télé.

56% pour lui. Il était réélu dans cette circonscription. Sa rivale avait elle cumulé 42%, et le reste devait se partager entre des votes nuls et des votes blancs. Le texte indiquant les résultats de sa circonscription indiqua la seule information que Gabriel était véritablement curieux de connaître : le taux de participation.

Plus faible qu'au premier tour, mais plus fort que lors des dernières législatives. Il poussa un soupir désabusé, sachant ce qui allait suivre.

Ce n'était pas ses premières législatives, à 35 ans il avait voté pour toutes celles qu'il avait pu, se faisant un devoir de ne jamais s'abstenir, même du temps où il n'était qu'un petit militant qui n'avait pas l'envergure de devenir député français.

Mais pour la première fois depuis qu'il avait eu la possibilité d'user de son droit de vote, il était inquiet de l'arrivée du RN au pouvoir. Les premiers tours de ces législatives les avaient annoncé à 34% des votes des français, lorsque la majorité des bulletins avaient été dépouillés, baissant finalement à 29% des votes, un taux très important mais qui avait permis de soulager un peu son inquiétude.

Le RN aurait eu du mal à obtenir une majorité absolue.

Mais même en sachant que tous les bulletins n'étaient pas encore ouverts, à 20h10, il voyait s'étaler le nombre de sièges obtenus par le RN.

216. Autant dire une gifle. D'autant que dans les circonscriptions où les bureaux de vote fermaient à 20h, il pourrait encore se trouver quelques sièges que le parti d'extrême droite se verrait bien ravir.

En comparaison, NFP en comptabilisait bien 146, et Ensemble 112. Beaucoup, mais à peine assez pour égaler le RN, surtout lorsque les deux groupes peinaient à s'entendre. La gauche avait accepté de faire un pas en avant vers le camp présidentiel, en désistant automatiquement tous leurs candidats arrivés troisièmes lors des triangulaires annoncées une semaine plus tôt. À la stupeur de Gabriel, Macron n'avait pas fait ce pas en avant, lâchant que ce serait une décision prise par chaque candidat de son parti de se désister ou non, si ce candidat était troisième.

Pour mon pays (Attal x Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant