Aujourd'hui, c'est mon premier jour dans ce nouveau lycée, le pire jour de toute l'année je pense. Voyez cette pauvre fille, qui est là, qui fait pitié, seule sur son misérable banc. Bah cette girl c'est moi, Rose. L'histoire commence bien n'est-ce pas? Attendez de lire la suite puisque mon histoire est une longue longue, bien longue dégringolade. Seule sur mon banc, je ne suis plus la même qu'avant. Dans mon ancien lycée, tous les jours, j'entendais «T'aurais pas un snap?», «Salut beauté!» ou «Roh t'es magnifique, tu voudrais pas sortir avec moi par hasard?». Bref, j'étais populaire à ma façon : en étant la plus belle du lycée, mais aussi la plus inaccessible. J'avais alors tout un fan-club. Seuls les plus impopulaires n'étaient pas autorisés à demeurer avec moi. Je ne vais pas vous faire un dessin : les gens harcelés je m'en contrefichais. Par-contre, oh la la les beaux gosses stupides...disons hmm que je pouvais en parler pendant des heures et des heures. Il me suffisait de croiser leur regard sans intelligence, contemplant l'horizon, pour que mon cœur frétille. Ils ne se posaient pas de questions, ne se remettaient jamais en question. En somme, je pouvais les contrôler à ma guise hé hé. Ils étaient tous aussi prévisibles et c'étaient pour cela que pour ne pas m'ennuyer je choisissais les pires beaux gosses stupides,c'est-à-dire les jolis connards. Attention ! Parce qu'avec cela, il était nécessaire d'avoir quelques bases de kung-fu. J'ai assez bien résumé mes occupations préférées...
Cependant, il n'y avait pas qu'eux, et je me gardais bien d'intégrer des beaux crétins à mon cercle social le plus proche. Ainsi, j'avais des « amis », comme les gens de basse condition les appellent. D'ailleurs, parlons-en de ce cercle le plus proche. Tout d'abord, il y avait Jonathan, rugbyman tout le temps joyeux et plutôt craquant. Ensuite, il y avait Christina, elle c'était ma bestie, nous passions tout notre temps ensemble, avant d'être séparées par ce foutu déménagement. Puis j'avais Raoul, surfer bronzé, un peu sombre mais sympa ; Mat, un joueur de golf stupide mais drôle ; Emily, une blonde avec beaucoup d'énergie ; Tania, une petite chinoise craquante avec qui je faisais la bad girl... et maintenant bah je suis toute seule sur un banc. Personne ne me regarde. Personne ne s'assoit à côté de moi. J'ai une place sur le banc. Ah ben oui c'est tout et c'est mon seul réconfort. Comment réagir ?
D'abord, il faut que je m'explique. Voilà je suis une jeune américaine, une déesse de la romance, une bad girl aimée et détestable en même temps. A présent, je suis en France et mon statut a bien bien changé. Ah si vous saviez à quel point je me sens mal ! Ah malheur ! La France...pays qui se prend pour je ne sais qui mais qui est je n'en sais rien. Pourquoi je crache sur la France ? C'est une bonne question, à laquelle je vais répondre en un plan en trois parties. Donc, argument n°1 : la vie est chère. Argument n°2 : les élégants sont vulgaires et les vulgaires sont galants ici. Puis argument n°3 : comment ça on finit les cours à 18h dans ce lycée de merde?!
J'ai des origines françaises dont je suis fière. Mais si je savais que ce délicieux cookie de la Mie Câline était à 2,40 euros je ne me serais pas vanter de ce fameux dessert en prônant que la cuisine française était la meilleure du monde. Bruh ça fait 2,55 dollars environ ! You got that ?! J'ai une mère française, mais elle me disait souvent qu'elle n'était pas n'importe quelle française. Ah oui? En effet, elle est bretonne. Bon. Ça change quoi ? Bretton pour moi ça se rapprochait plus de la conférence de Bretton Woods de 1944 que de la «Bretagne », alias le pays des bigoudens. Maman m'avait raconté tout un tas de légende. C'était passionnant mais voilà quoi, ça l'était à l'époque. Maintenant, Merlin et ses copains sont un peu has been. Ainsi, la fée Morgane avait bercé mon enfance. C'est vraiment dommage parce que j'ai compris qu'elle faisait des trucs de sorcière et pas des trucs de fée Clochette. Même les lutins sont strange là-bas. Vois-tu l'ami, on dirait que le père Noël a puni ses lutins en les envoyant en Bretagne. Les pauvres ont dû se demander pourquoi la neige faisait «Bêêêêh » maintenant. On les appelle les korrigans. De même ils ont dû être surpris de voir que le sel c'était pareil que la neige. À une différence près. C'est salé. Ah la la le sel... On en voit partout de ça : dans le beurre, dans les cheveux des vieux marins, à la poissonnerie et même une fois j'en ai vu qui le jetait par-dessus l'épaule. Drôle de...
«Drôle d'oiseaux » comme disent les vieux. Tout ça pour dire que les lutins de Bretagne sont réputés pour jouer des tours au gens qui rentre après minuit chez eux. Euuuuh font-ils la fête un jour ou biennnnn ? Mais attendez où est le positif de la Bretagne ? Y en a-t-il un? C'est un grand oui! Sauf que ça n'est pas mon genre de faire des compliments. Allez hop NEXT. Korrigans nom bien étrange quand même. Mais bon, no comments, no reaction. Todo is okay. L'autre jour, j'ai vu le terme dans un jeu de société qui s'appelle Fantasy. That's it. Voilà tout ce que j'avais à dire sur la Bretagne. Pourquoi je le dis ? Ha ha, je n'habite pas en Bretagne mais j'aime mes origines. Avant, j'habitais à Bismark, dans le Dakota du Nord, des Etats-Unis d'Amérique. Mon père est californien et ma mère est bretonne. Ces deux origines m'avait valu une réputation de dingue dans mon ancien petit lycée, plantée au beau milieu du coin le plus perdu des States. Je ne comptais même plus les Dom Juan qui m'avait dit que j'étais magnifique, en ponctuant ce mot si mondialement célèbre d'un fort accent américain. Mes parents avaient divorcé : une sale affaire, où j'avais décidé de rester avec mon papa chéri. Bon voilà mon histoire, versez pas trop de larmes, je n'en vaux pas la peine. Vraiment. Là je loge à Nantes, en France. Pauvre de moi. J'ai quitté les beaux États-Unis d'Amérique... Qu'adviendra-t-il de moi?
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La pouffiasse-version n°2
Non-FictionL'ambition c'est d'assurer un bon come-back à la pouffiasse, une histoire que j'essaie de retravailler en lui donnant au maximum un côté réaliste. Bien sûr il s'agit ici d'une parodie de romance. La bad girl est présentée sous tous ses angles: bons...