1.𝐌𝐎𝐑𝐓 𝐒𝐈𝐋𝐄𝐍𝐂𝐈𝐄𝐔𝐒𝐄

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DARIYA

30 juillet 22:00

J'ai froid.

Très froid.

Extrêmement froid.

Suis-je au pôle Nord ? Absolument pas. Je suis devant une vieille maison qui semble inhabitable, debout comme un piquet en attendant que cette foutue cargaison arrive.

Adossé contre le capot de ma voiture, je n'ai qu'un vulgaire pull pour me protéger du froid, avec un jean noir et des baskets blanches. Rien de très réchauffant.

Je n'ai qu'une envie : rentrer dans ma voiture et allumer le chauffage.

Mais je ne peux pas. Pourquoi ?

Parce que l'enfoiré qui me sert de coéquipier est parti avec la clé de la voiture, il m'a enfermée dehors et il est parti faire du repérage.

Bon dieu, je vais le tuer.

J'observe la végétation autour de moi, espérant que ça m'occupe. Le lieu de livraison de cette cargaison ne me plaît pas. Pourquoi une forêt ?

N'était-il pas mieux près d'une maison abandonnée ou au bord d'une vieille route ?

D'accord, ici il y a une vieille ruine, mais quasiment 98 % du décor est rempli de vert.
Ça me fait penser à un début de film d'horreur, et merde, ça me donne des frissons.

J'espère que ce couillon se retrouve avec les couilles gelées, ça m'évitera de le frapper. En parlant de lui, il m'appelle.

Conversation téléphonique.

Ouais ?

— Rappelle-moi l'heure de la livraison, s'il te plaît ?

— C'est prévu qu'il arrive à 21h et qu'il livre sa cargaison à 21h30. Pourquoi ?

— T'as vu l'heure ?

— Merde, il est déjà 22h, j'avais pas remarqué.

— Tu crois que c'est fait exprès ?

— Appelle Tom et demande-lui, j'espère que ce n'est pas un piège.

— Oui. Je vais faire ça.

— Bien. Rappelle-moi.

— Hmm.

Il raccroche et je compose le numéro de Tom.

Conversation téléphonique.

Oui, Dariya ?

— Rassure-moi, la livraison est à 21h ?

— Ouais, c'est ce qui est prévu. Pourquoi ?

— Le livreur n'est pas là.

— Il est déjà 22h, vous avez essayé de le joindre ?

— Avec quel numéro ?

— Ah, ouais, merde. Bon, je vais le localiser et je te rappelle d'accord ?

— Fais ton boulot, mais fais vite.

— J'y suis. À toute.

— Hmm.

Je raccroche encore une fois. Je suis gelée, j'ai froid, ma peau est congelée, je suis fatiguée.

Et comme si ce n'était pas suffisant, mon téléphone sonne une seconde fois. Le numéro qui s'affiche est anonyme.

Comment ça anonyme ?

Conversation téléphonique.

Ouais ? Je demande. Mais rien, à part un silence de mort.

— Bon, je n'aime pas les blagues et encore moins celles au téléphone, donc réponds.

— Dommage, moi qui adore les blagues.
Cette voix, rauque, forte, puissante. Je la reconnais, mais d'où ?

— Qui est-ce ?

— Ne fais pas l'idiote, Dariya. Tu m'as parfaitement reconnue.

— Ah non, désolée, mais... attends, Tom ?
Je l'entends glousser, il souffle et lâche un juron.

— Qui est ce Tom ?

— Toi. T'es qui ?

– On ne répond pas à une question par une autre, ma chère.

— Je t'ai déjà dit que je déteste les blagues ?

— Ooh, mais oui. Dis-moi, aimes-tu ma blague ?
Je fronce les sourcils et me redresse d'un coup.

— De quoi tu parles, Mykhailo ? Qu'est-ce que tu as fait ?

— Dariya. Il souffle mon prénom et lâche un rire satanique. Dariya, Dariya, Dariya... ma belle Dariya.

— Je sais mon prénom, merci, et je sais que je suis belle, merci. Maintenant, réponds à ma question. Qu'est-ce que tu as fait ?

— Va voir par toi-même.

Quel enfoiré, il vient de me raccrocher au nez. Je souffle de frustration et me dirige vers l'emplacement de Marko.

J'essaie de l'appeler, mais en vain. Pourquoi il ne décroche pas, sérieusement ?

J'accélère mes pas. Plus j'avance, plus le stress monte. Quand j'arrive où devait être mon acolyte, je me fige.

Colère.
Tristesse.
Frayeur.

Je m'approche de son corps gisant sur le sol. Il baigne dans son sang, la terre rouge, son visage pâle, une aura sinistre flotte dans l'air.

Comment n'ai-je pas pu l'entendre ? Comment n'ai-je pas pu le voir ? Pourquoi ne suis-je pas restée avec lui ?

Idiote.
Idiote.
Idiote.

Je me baisse et passe ma main sur son visage, il n'a même pas pu fermer les yeux. Je touche quand même son pouls. Et comme je le sais, il n'y a pas de pouls.

Mon ami est mort. Et le tueur est Mykhailo.

Mon téléphone vibre dans ma poche, je le sors et un message s'affiche.

« 𝐴𝑙𝑜𝑟𝑠, 𝑐𝑜𝑚𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑡𝑟𝑜𝑢𝑣𝑒 𝑡𝑢 𝑚𝑎 𝑏𝑙𝑎𝑔𝑢𝑒 ?
Приготуйся, гра тільки почалася, маленьке серденько.»

Quel enfoiré celui-là. Je te vengerai, mon frère. Une Vlasenko tient toujours parole.

𝐌𝐘 𝐏𝐈𝐍𝐊 𝐃𝐄𝐕𝐈𝐋Où les histoires vivent. Découvrez maintenant