Prologue ☆

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Giulia, il y a 5 ans
Italie, Vérone

J'ai chaud. J'ai faim. Le soleil d'Italie frappe sur nous depuis ce matin. Mon ventre cri famine depuis que j'ai ingéré le croissant d'Olga. Mais la chaleur et la famine sont les derniers soucis auxquels je peux penser à l'instant. Tout ce que je veux c'est en finir avec cette raclure de Rodrigue. Deux heures que nous nous entraînons, deux heures qu'il me met KO, sans ménagements. 

Je suis épuisée et mon grand-père nous observe au loin. Les sourcils froncés. Jugeant ma position et mon regard. C'est à cela que consiste mon entraînement. Enfin entraînement serait un grand mot. Nous nous battons comme chien et chat.

Que ce soit dehors, dans une salle de combat, dans la cuisine ou dans n'importe quel endroit où nous nous trouvons tous les deux, nous nous battons, nous nous insultons. Nous ne nous aimons pas. Il ne me supporte pas, enfin c'est surtout mon caractère, et je ne supporte pas son air complètement détaché de certaines situations.

Nous nous dévisageons, le regard équivalent à notre humeur. Tous deux épuisés de cette bataille sans fin. Mon grand père se rapproche sans jamais nous interrompre.

Je sais pourquoi je me bats, je sais pourquoi je fais tout ça et je n'abandonnerai pas. Je sais qu'il fait cela pour que je m'endurcisse. Il fait cela dans l'espoir que je devienne une femme forte. Cette femme qui, selon lui, est ancrée en moi. Une femme forte que je ne connais pas pour le moment mais qui vit en moi depuis ma naissance, selon ses dires.

Mais grand père, j'ai perdu toute force depuis qu'il n'est plus là.

Depuis toujours et plus depuis que je suis arrivée sur le sol italien, mon grand père ne cesse de répéter que j'ai l'âme d'une combattante à qui veut l'entendre. Que j'ai la force d'une vraie condottiere. Ces femmes, cheffes de bande majoritairement composées de mercenaires en tout genre dans la culture italienne du quatorzième et seizième siècle.

Mon grand-père est fortement attaché à la culture italienne. Pour lui, la coutume, la loi et l'honneur sont primordiaux.

Je retrouve le regard azur de Rodrigue, et sors de mes pensées. Il fait deux têtes de plus que moi, des épaules carrées, un regard bleu qui me jauge de toute sa hauteur et de toute la haine qu'il me voue. Il porte un short de sport noir et un teeshirt de la même couleur.

Deux mois que je suis ici, deux mois qu'il est mon garde du corps. Partout où je serais, il sera là. Sous ordre de mon grand-père qui me protège comme la petite fille que je suis à ses yeux, Rodrigue me surveille et me suit comme mon ombre. Et quand il ne me sert pas de baby-sitter, nous nous battons comme aujourd'hui. Depuis maintenant deux semaines, après un mois et demi où ma seule préoccupation était de me morfondre au fond de mon lit et de manger les délicieux cookies d'Olga, je m'entraîne, et me surpasse de jour en jour même si il y a certains jours où ma seule envie est de rester dans mon lit. Cependant je peux compter sur le soutien de mon grand père qui me ramène toujours sur le droit chemin. Et il me rappelle à chaque fois pourquoi je me bats.

Je me reconcentre face à l'énergumène face à moi, je reste en position, le regard droit, le menton levé, le regard espiègle – il déteste qu'on le provoque ça le met en rogne, mais moi c'est ce que je préfère. Je profite de ce moment de faiblesse pour lever ma jambe droite qui vient se planter en plein dans ses côtes.

J'ai le plaisir de voir son visage se tordre de douleur. Je suis souriante, fière de moi. Comme quoi ça fonctionne d'avoir chaud et d'être affamé, je pourrais m'enfiler les cookies d'Olga en rentrant. Mes pensées sont interrompues quand Rodrigue se relève, la rage dans ses yeux est rouge. Il est rouge de colère, de haine. Je viens de lui mettre un coup dans les côtes et il n'est pas prêt pour ce qui arrive.

Enfin c'est ce que je pensais, jusqu'à ce que je lève une seconde fois mon genou dans l'espoir d'atteindre ses bijoux de famille, mais qu'il m'attrape et me retourne de sorte que je perde l'équilibre et que je me retrouve au sol en deux secondes. Je suis sûre que je suis tombée comme une chèvre. Il me maintiens de manière que je ne puisse pas changer la donne. Je me débats du mieux que je peux mais rien n'y fait, Rodrigue m'a clouée au sol.

– On arrête là pour aujourd'hui, tonne alors la voix de mon grand-père, ce qui nous fait tous deux redresser la tête.

Rodrigue, bon chien qu'il est, me relâche et je m'écroule une seconde fois en moins de dix minutes. Je reste allongée sur le dos, le temps de reprendre mon souffle un minimum. Ce genre de leçons me fatigue plus qu'autre chose, même si elles me permettent de me défouler, de lâcher prise, de laisser la pression partir le temps d'un instant.

Le retour à la réalité me frappe et je réalise que cela fait bientôt deux mois que je suis en Italie et que j'ai laissé mon passé en France. Trois que je l'ai perdu.

Son absence dans ma vie me rappelle à quel point je l'aimais. Je l'aimais tant. Et je l'ai perdu. Il croyait en moi comme personne n'avait jamais cru. J'étais la sua stella (son étoile en Italien). J'étais son étoile, il était mon soleil. Jamais plus je ne le reverrai.

Soudain, comme si un trou se creusait alors encore une fois dans ma poitrine, je suffoque. Ce trou s'élargit jusqu'à prendre place dans ma tête et y rester. Mes maux m'empêchent de respirer. je ne suis plus que l'ombre de moi même quand une ombre se présente devant moi. J'essaye d'ouvrir les yeux, en vain. Je sers l'emprise autour de mes jambes que j'ai ramenées au niveau de ma poitrine. Quand je sens qu'on m'attrape par les épaules et qu'on me secoue fortement. Je reconnais le visage fermé de mon grand-père.

– Giu' écoute moi, respire avec moi, voilà comme ça, c'est bien mio Tesoro (mon trésor),  me dit-il avec un sourire moqueur quand il utilise ce surnom qu'il use depuis que je suis petite, lorsqu'il s'aperçoit que je reprend doucement mon souffle en harmonie avec le sien.

Chaque fois que je me remémore la personne que j'avais quotidiennement dans ma vie, une crise de panique débarque et je ne sais même pas pourquoi je m'accroche tant à des souvenirs qui s'effaceront avec le temps. Il était mon tout, ma raison de vivre dans cet ensemble merdique, avant que lui  n'arrive dans ma vie et chamboule mes pensées, mes envies, mes désirs. Mais désormais je ne me laisserai pas abattre, je veux être la meilleure, je veux me surpasser. Un long chemin m'attends avant d'arriver au but final mais la détermination n'a jamais été un obstacle à quoi que ce soit dans ma vie.

À partir d'aujourd'hui je décide que je ne laisserai plus le passé faire obstacle à ma tâche. L'heure de la vengeance a sonné et je suis prête à tout pour venger mon honneur.

Quitte à perdre cette part de d'humanité dont j'avais fait la promesse de ne jamais laisser sombrer

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𝐇𝐞𝐲 𝐡𝐞𝐲 𝐡𝐞𝐲 𝐦𝐞𝐬 𝐧𝐨𝐮𝐢𝐥𝐥𝐞𝐬 !! 🦋

𝐂𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐥𝐥𝐞𝐳 ?

𝐀𝐥𝐨𝐫𝐬 𝐝𝐢𝐭𝐞𝐬 𝐦𝐨𝐢 𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐣𝐞 𝐯𝐞𝐮𝐱 𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐬𝐚𝐯𝐨𝐢𝐫 !!

𝐏𝐨𝐮𝐫 𝐥𝐞 𝐦𝐨𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐜𝐞 𝐧'𝐞𝐬𝐭 𝐪𝐮'𝐢𝐧𝐭𝐫𝐨𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐟 𝐦𝐚𝐢𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐜𝐡𝐨𝐬𝐞𝐬 𝐬𝐞́𝐫𝐢𝐞𝐮𝐬𝐞𝐬 𝐚𝐫𝐫𝐢𝐯𝐞𝐫𝐨𝐧𝐭 (𝐮𝐧 𝐣𝐨𝐮𝐫 🤭)

𝐒𝐮𝐫 𝐜𝐞 𝐨𝐧 𝐬𝐞 𝐝𝐢𝐭 𝐚 𝐭𝐫𝐞̀𝐬 𝐯𝐢𝐭𝐞 𝐞𝐭 𝐣'𝐚𝐢 𝐡𝐚𝐭𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐬𝐮𝐢𝐭𝐞 ! 🤓

𝐋𝐨𝐯𝐞, 𝐋𝐨𝐥𝐚✩

The Weight of MemoriesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant