Chapitre 19:

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MATTHIEU ADAM

   Se sentir seul au monde alors qu'en réalité, physiquement je suis entouré. C'est ce qu'il m'arrive, on me parle, on me demande mon avis sur x ou x chose.

   On me bouscule, on attends à ce que je participe, mais je suis hors de moi, hors de mon corps. J'ai beau voir ce qu'il se passe, j'ai beau savoir que je suis autour de mes amis, rien ne me vient.

   Je n'entends rien, ne sens rien, ne ressens que du vide, je me vois répondre, parler, rire même, mais pourtant, je n'ai pas l'impression que c'est vraiment moi.

   Enfin...

   Je veux dire... Je vois bien que c'est moi, mais la sensation que ça me procure, c'est comme ci, c'était quelqu'un d'autre.

   Et que moi, je ne suis que là en tant que spectateur de la scène.

-Tu en penses quoi Matt?

   Je tourne la tête vers Robin qui vient de me poser une question que je n'ai pas du tout entendu.

-Ma mère vient de voir que j'ai reçu une lettre de chez toi Matt, tu sais ce que c'est?

   L'intervention de Ben me fait peur, comment ça une lettre qui est parti de chez moi à destination de chez lui?

-Demande lui de regarder, lance Robin.

   Ben ne se fait pas prier et renvoie un message, la sonnerie retentit quelques secondes plus tard.

-Bah alors? Ca dit quoi?

   Ben relève la tête vers moi, le visage durcit, je sens mon souffle se faire court et je peine à rester impassible face à son expression.

-C'est bon, je suis inquiet maintenant, montre, notre ami lui prend le portable des mains, action auquel il ne bronche pas.

-Oh merde...

   Ma tension augmente considérablement, la panique vient doucement se propager à l'intérieur, tout mes sens en alerte.

   Si papa à envoyé des lettres à mes amis, ça ne peut qu'être une seule chose... Il vient de leur envoyer une invitation à l'enterrement de ma mère.

-Matt...

   Je me lève brusquement, me préparant à fuir cette situation, si je n'en parle pas, c'est qu'il y a une raison, je ne suis pas prêt, pas encore, ou sans doute jamais, c'est beaucoup trop dur.

   Je me tourne pour partir mais on me retient, je tombe sur le siège que j'occupais il y a encore trente secondes.

-Désolé mec, mais là, on se doit d'agir même si tu n'es pas prêt.

   Aux paroles du percé, je me mords la lèvre pour éviter que celle-ci se mette à trembler.

-On ne te demande pas de détail, loin de là, on ne te demande pas de t'ouvrir et d'en parler, on le sait que ça prendra du temps, car c'est ce qui s'est déjà passé il y a deux ans.

-Mais on ne veut pas que tu restes seul, que tu te sente seul, on comprend que c'est dur d'informer ses potes d'une telle situation, mais, vraiment, maintenant on le sait, alors ne nous rejette pas.

-Comme la première fois, laisse-nous t'épauler pour que ce poids te soit moins étouffant, Matt, on est là.

   Leurs paroles si complètes, si bienveillante me fait l'effet d'un couteau, mais je n'arrive pas à savoir si c'est la sensation d'avoir retirer une épine du pied ou celle de me retourner le couteau déjà présent dans la plaie.

MY SOULMATEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant