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Louise fixait le reflet de son visage dans le miroir, ses yeux marqués par des cernes profondes et une tristesse que rien ne pouvait dissimuler. Les coups de Mark, son conjoint depuis des années, avaient laissé des traces invisibles mais omniprésentes, gravées dans son âme. Chaque soir, elle espérait une lueur de tendresse de sa part, une preuve que l'homme qu'elle avait aimé autrefois existait encore quelque part derrière cette façade brutale.

Elle se souvenait encore des débuts de leur relation, des moments de complicité et de passion qui les avaient unis. Mark avait su charmer son cœur avec une facilité déconcertante, et elle avait plongé dans cette histoire d'amour avec une ferveur aveugle. Mais avec le temps, les caresses étaient devenues des menaces, les mots doux des cris, et les gestes tendres des violences.

Louise restait. Elle restait par amour, parce qu'elle croyait qu'il pouvait changer, qu'il allait retrouver cette tendresse perdue. Mais elle restait aussi par peur. La peur des représailles, des coups encore plus violents, de la solitude qui l'attendait peut-être au bout du chemin. Mark la tenait prisonnière de ses propres émotions, oscillant entre l'espoir et la terreur, l'amour et la douleur.

Ce soir-là, alors que Mark était encore au travail, Louise prit une grande inspiration et ferma les yeux. Elle se surprit à rêver d'une vie différente, d'une existence où elle pourrait être libre et heureuse.

Quand Mark rentra, le bruit de la porte d'entrée résonna dans l'appartement comme un coup de tonner. Louise, occupée à préparer le dîner, sentit immédiatement la tension s'épaissir dans l'air. Elle continua à éplucher des légumes, ses gestes machinalement précis, essayant de maîtriser l'angoisse qui commençait à monter.

Mark traversa la cuisine sans un mot, son visage fermé. Il alla directement dans la chambre pour se changer. Louise entendit le bruits sourds de ses pas et le fracas des tiroirs ouverts et fermés brutalement. Elle ferma les yeux un instant, cherchant à rassembler son courage. Quand elle entendit le bruit distinct des clés sur la commode, elle comprit qu'il s'apprêtait à repartir.

Elle sortit de la cuisine et le trouva dans le couloir, ajustant sa veste.

Louise: Où vas-tu ?

Elle demanda doucment, essayant de ne pas trahir la nervosité dans sa voix. Mark se figea, puisse tourna lentement vers elle, une lueur de colère dans les yeux.

Mark: Ça ne te regarde pas !

Elle baissa les yeux pour éviter de confroter son regard avant qu'il ne crache où il allait.

Mark: Je vais chez un ami pour la soirée. Ne m'attend pas pour manger.

Louise resta immobile, ses doigts crispés sur le torchon qu'elle tenait. Elle savait que toute réponse de sa part risquait d'aggraver la situation. Alors elle hocha simplement la tête, un mouvement à peine perceptible. Mark la toisa un instant, puis tourna les talons et quitta l'appartement, claquant la porte derrière lui.

Le silence qui suivit était lourd, étouffant. Louise retourna dans la cuisine, mais ses mains tremblaient trop pour continuer à cuisiner. Elle s'appuya contre le plan de travail, luttant contre les larmes. La maison, sans Mark, semblait soudainement vide, mais pour la première fois depuis longtemps, cette solitude lui apporta un étrange sentiment de soulagement.

Louise prit une profonde inspiration, essayant de chasser les pensées sombres qui l'assaillaient. Elle savait que ces moments de répit, quand Mark n'était pas là, étaient rares et précieux. Elle posa le torchon et se dirigea vers le salon, ses pas résonnant doucement dans l'appartement silencieux.

Mon SauveurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant