Pensées du soir

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Devant moi, sur mon bureau de travail, brille la chandelle odeur vanille que j'ai allumé quelques heures auparavant. Je regarde mon écran, vide de mots, vide de sens. L'art d'écrire, qui était pour moi aussi naturel que de respirer, semblait m'avoir posé un lapin. Un long lapin, datant d'il y a déjà plus d'un an. Cela ne voulait pas dire que j'étais strictement incapable d'écrire, mais les idées, qui à 16 ans m'auraient assaillies sans relâche, étaient incapable de percer la surface de mon esprit à 17 ans. 

Découragée, je fixe mon écran, soupirant. Derrière moi, mon père regarde les nouvelles, ses écouteurs sur les oreilles. Il joue t à des jeux mobiles en même temps. Lui aussi, sa flamme est morte. Le jour de l'enterrement de son frère, on aurait dit qu'il avait laissé une partie de son âme dans la tombe. Le grand homme enjoué et vif d'esprit qu'il était dans ma jeunesse, je ne l'ai plus vu depuis déjà 7 ans, lorsque son grand frère a reçu un diagnostic de cancer généralisé. J'ai dû faire le deuil de mon père et de mon parrain simultanément, à peine remise de celui de mon grand-père maternelle. Ma grand-mère maternelle suivie peu de temps après, me laissant avec une mère meurtrie par la vie, et un père qui n'était plus que l'ombre du héros que j'admirais dans mon enfance. 

Mon regard dévia alors vers la chandelle. Sa lueur était la seule lumière de la pièce. Son reflet me faisait mal aux yeux, mais je n'en avais que faire. J'aurais voulu pouvoir l'absorber, remplacer la lumière qui m'avais quitté. C'était impossible, je le savais bien, mais espérer était la seule chose que je pouvais faire aussi bien qu'avant. M'accrocher à l'espoir, voilà bien la seule chose dont j'étais capable. 

Soudainement, je me lève, vais m'enfermer dans la salle de bain. Je sens les larmes me piquer les yeux, ma gorge se serre, mes mains s'agitent. La chanson S.O.S résonne dans mes oreilles. Je plonge ma tête dans mes mains, laisse les larmes couler silencieusement. Je me mord la lèvre pour éviter de laisser s'échapper un son. Une minute plus tard, je reprend contenance, chasse les pensées qui m'ont envahies l'espace de quelques minutes. Toujours en silence, je vais boire un peu d'eau, puis annonce dans le vide que je vais prendre ma douche. 

Coeur d'ambreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant