Flocon d'Étoile [TERMINÉ]

Chapitre 17 - Un simple accident ?

Marcus était doué pour beaucoup de choses.

Il pouvait réciter les noms de tous les Grands Alphas qui s'étaient succédés au cours des six derniers siècles, écrire et apprendre par coeur un discours interminable, rester enfermé à étudier des livres pendant des heures, connaître presque mot pour mot les principaux textes de lois lycanthropes et vampiriques, rester de marbre lorsqu'il s'ennuyait à mourir lors d'une réunion ou d'une soirée...

Cependant, il n'était pas doué pour contrôler ses pulsions animales.

Cela avait commencé dès sa première transformation, à l'âge de dix ans. Les jeunes loups attendaient avec un mélange d'impatience et de crainte le début de leurs mutations. Découvrir sa forme lupine et galoper dans la nature avec ses parents constituait une étape importante dans la vie de chaque louveteau. Mais à l'instant où il s'était transformé, Marcus avait compris que toutes ses pleines lunes ne seraient plus qu'un intense combat intérieur contre lui-même.

La principale difficulté de l'exercice consistait à faire cohabiter son côté animal avec son côté ordinaire. Pour la plupart des loups, il s'agissait d'une simple formalité, qui semblait presque naturelle. Certains pouvaient commettre de légers dérapages de temps à autre, mais ils se laissaient rarement ronger par leurs pulsions. Les deux aspects de leur être s'alignaient et ils pouvaient profiter à leur aise des pleines lunes.

Puis il y avait les autres. Ceux qui, comme Marcus, peinaient à contrôler leur entité animale. Celle-ci grignotait presque toute la place dans leur esprit et leur hurlait de laisser libre cours à leurs instincts les plus primaires.

À force de conviction et de petits subterfuges, ils pouvaient réussir à mieux la maîtriser. Le Grand Alpha avait essayé d'initier Marcus à la relaxation, mais cela n'avait pas fonctionné. Il avait néanmoins découvert qu'en se dépensant physiquement avant les pleines lunes, il parvenait à affaiblir son loup et à le rendre moins violent. Son équilibre restait toutefois assez précaire.

Et sans travail de préparation préalable, il n'y avait quasiment aucune chance pour qu'il parvienne à rester calme.

— Je... Ne paniquons pas, lui dit pourtant Danila en tendant les mains devant elle. Je... Je vais aller chercher votre frère...

Marcus s'ébroua pour se débarrasser des restes de ses vêtements, la faisant sursauter. Regarde son joli cou, grognait une voix dans son esprit. Imagine comme son sang doit être délicieux, sa chair doit être si tendre... Il laissa échapper un grondement, sans quitter des yeux la demoiselle.

— Marcus, c'est... C'est moi, Danila. Je sais que vous ne m'aimez pas beaucoup, mais s'il vous plaît, restez calme.

Son loup hurlait si fort en lui qu'il entendait à peine ce qu'elle disait. Des spasmes parcouraient ses pattes et lui donnaient envie d'aller courir au plus vite. Ses canines le démangeaient, l'implorant de le laisser les planter quelque part.

Mais tout comme Marcus, son loup était aussi terrifié. Pourquoi s'était-il transformé en plein jour et à une semaine de la pleine lune ? Pourquoi maintenant ?

À défaut de réponses, il se mit à tourner sur lui-même et à sauter sur chaque meuble du salon. Il raya une commode, saccagea une vitrine, arracha l'intérieur d'un canapé... Mais lorsqu'il vit Danila s'approcher de la porte, il bondit près d'elle.

— Je sais que c'est très dur, mais... Je pense qu'il vaut mieux que vous restiez ici, lui recommanda-t-elle. Les autres ne doivent pas vous voir comme ça et...

Qu'est-ce qu'elle te dit ? Tue-la si elle ne veut pas te laisser passer. Lorsqu'elle posa sa main sur la poignée, il aboya et découvrit ses crocs.