Chapitre 2

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La colère, la peine et la solitude. Voilà ce que je ressens, debout devant la pierre tombale.

Lily Carter 1972 - 2014
John Carter 1970 - 2024

Une seule et unique larme coule le long de ma joue. La seule que je m'autorise à verser. Je dois être forte. Je dois vivre pour eux. Je sens leurs regards dans mon dos, Oncle Jack et Liam s'attendent sûrement à ce que je m'effondre. Je ne ferais rien de cela. Je m'efforce de ne rien ressentir, enfoui dans mon mutisme depuis son décès, je décide quand même de leur dédier une dernière chanson avant mon départ pour Miami. Je prends une grande inspiration et commence à chanter Supermarket Flowers d'Ed Sheeran. Les paroles Dad always told me, "Don't cry when you're down" résonne dans mon cœur plus que je ne l'aurai cru.

J'envoi pour la dernière fois avant de partir un baiser vers le pierre de granite et tourne les talons sans adresser un seul regard aux deux hommes derrière moi. Le son de leurs pas résonne à l'unisson. Aucune parole n'est prononcée jusqu'à ce que nous soyons arrivés chez moi. J'enfonce la clé dans la serrure et les laisse entrer avant de refermer derrière nous. Je vois Liam se balancer d'un pied sur l'autre et me regarder avec hésitation. Je maintiens son regard attendant simplement qu'il se lance mais c'est Oncle Jack qui prend la parole.

— Loëlya, tu ne peux pas apporter grand chose avec toi, nous n'aurons pas la place de tout stocker. Prends seulement le nécessaire.

J'hoche seulement la tête et me dirige vers les escaliers qui mènent à l'étage où se trouve ma chambre et ma salle de bain. Après avoir monté les premières marches j'entends Liam m'interpeller.

— Lya... As-tu besoin d'aide pour tes affaires ?

Je secoue la tête de gauche à droite sans même me retourner et gravis les dernières marches en silence. Une fois dans ma chambre, je tire les 2 valises de sous mon lit et les installe sur le lit. Dans la première valise j'y enfourne les vêtements et les chaussures et dans la seconde j'y glisse quelques livres, des albums photos, ma boîte à bijoux et mon nécessaire de toilette.

J'ouvre le tiroir de ma table de nuit et passe mes doigts sur l'objet qui s'y trouve. Il va bien falloir que je trouve du travail à Miami, rien ne m'empêche de faire comme ici. Et puis c'est lui qui me l'avait confié. Je n'ai peut-être pas de nouvelles depuis quelques semaines mais s'il vient à m'appeler, j'aurais sûrement besoin de ça. Je le prend et le place entre des vêtements dans l'espoir que personne ira fouiller dans ma valise à l'aéroport.

Après un dernier check-up , je referme les valises et descends dans le salon. Je vois mon oncle en train de siroter un verre de whisky accoudé au bar de mon père et Liam le nez dans son téléphone. Le plus âgé me regarde sans expression et fait claquer son verre sur le bar.

— Tu as fini ?

Je me dirige vers lui sans le regarder et prend ma guitare préalablement mise dans sa housse et retourne vers mes valises. Dès que mes yeux se posent sur lui, c'est comme si mon cœur se brisait à chaque fois. Il lui ressemble tellement...

Je décide de jeter un regard vers Liam qui a toujours la tête rivée vers son téléphone, je me demande à qui il peut bien écrire pour avoir l'air si sévère. Ses sourcils sont froncés, sa poitrine se soulève anormalement vite et je l'entends marmonner des petits trucs incompréhensibles. Je m'avance vers lui et pose ma main sur son épaule, surpris il range le téléphone dans sa poche trop rapidement à mon goût. Je garde ça en tête pour plus tard.

— Oh Lya tu m'as fait peur, je ne t'ai pas entendu descendre, tu es prête ?
— Liam, l'interpelle mon oncle, va tout fermer et rejoins nous dans la voiture. Les clés seront sur la porte.

Pivoine VénéneuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant