La nuit est un instant que tous redoutent et que tous désirent. Et la sorgue qui s'était présentée cette fois-là était sombre, paisible et muette. Le manteau nuageux de ce voile de ténèbres recouvrait avec prestesse et avec élégance la robe verdoyante de Dame Nature. Quelque chose grogne ici et puis un peu ailleurs, sans que cela ne dérange pour autant la faune et la flore de ce lieu propre et pur de toute souillure humaine. À perte de vue, des arbres se dressent, leurs bois vaillants et le tronc bombé ; ces fiers soldats ne rougissent pas de leur grand âge et défient le ciel avec témérité et robustesse. Contre l'écorce des guerriers de la reine Gaïa, une très légère brise siffle une mélodie douce et imperturbable. Ce n'est pas un milieu où le drame et le stress ont une raison d'être. Et pourtant... Et pourtant ! Le sol, bourbeux à cause de la pluie qui a chanté le soir précédent cette nuit obscure, se fait piétiner par nombre de talons et de pointes. Ils foulent le sol dans une certaine hâte— une hâte qui trahit divers sentiments : la terreur, la panique, mais surtout la rage. Une rage immense. Percussions malvenues, elles retentissent au sein du domaine de Dame Nature, sans honte ni vergogne, accompagnées par de vives lumières qui sautent et qui tressautent dans tous les sens. Une pollution à la fois visuelle et auditive. Une pollution qui attire l'attention des créatures qui gargouillent dans les environs. C'est à en perdre tout calme.
Pour accompagner cette cacophonie qui pourrait réveiller les morts (si jamais ces trucs en étaient capables !), des voix tonitruantes s'élèvent dans les airs mélodieux de Zéphyr ; les propriétaires de ces hurlements insupportables transpirent d'une détermination malveillante, que dis-je ? Malsaine ! Et que l'un d'eux crie "Nous les perdons ! Nous perdons les monstres !", là où un autre s'alarme en remarquant les silhouettes à la démarche saccadée se distinguer de l'ombre des arbres. La crainte de se retrouver face aux créatures n'a toutefois pas l'air de décourager ces hommes et ces femmes écervelés. Les survivants— qui devraient peut-être être appelés des chasseurs, refusent de laisser ceux qui tentent par tous les moyens d'échapper à leurs papattes de prédateurs acharnés. Les proies, quant à elles, ne peuvent accepter le sort promis si jamais les autres zinzins de service leur mettent le grappin dessus. Le souffle manque à l'appel ? Que nenni ! Ce n'est pas permis ! Kaiden, pauvre de lui, n'a jamais eu de l'affection pour la course à pied. Roxan, lui (ou elle, à votre guise), possède un peu plus d'endurance : remercions la jolie morsure qui orne le côté gauche de son cou. Quelque chose vous échappe ? Vous comprendrez plus tard. En tout cas, la peur est un très bon carburant, soyez-en sûrs.
Pourquoi nos deux vingtenaires sont-ils traqués tels des bêtes sauvages ? Je vais m'empresser de vous répondre, n'ayez crainte ! La vérité, c'est que— Kaiden Carter et Roxan Idris sont tous deux considérés comme étant source de danger. Un danger public. Vous voyez le genre ? Beaucoup de ceux qui ont su échapper aux désastreuses conséquences de la Nouvelle Ère les voient comme des monstres. Non ! Pire ! Deux bombes à retardement. Le duo n'est pas seul dans sa misère, mais les autres n'ont que peu d'importance lorsque votre vie se trouve être dans la ligne de mire de gens affamés, épuisés et effrayés par ce que vous pourriez devenir ; une tumeur se transformant progressivement en un cancer très agressif... et mortel. Bah oui. Dit comme ça, cela explique pourquoi ils sont pourchassés avec tant d'ardeur. Qu'est-ce que la Nouvelle Ère ? Excellente question. Pour résumer : ce qui vient après l'Apocalypse. Néanmoins, ce terme laisse entendre que la planète s'est mangé un insta-kill dans la tronche. Ce qui est faux. La p'tite Terre va très bien. Ce sont ses habitants qui souffrent de ce changement un tantinet brutal. La vie est différente. C'est tout. Mais cessons un peu de divaguer ! Le havresac de notre tignasse blanche de Kaiden percute, au rythme de la course effrénée de ce dernier, son dos souffrant d'une légère scoliose. De quoi se démolir la colonne vertébrale ; Kaiden y tient pourtant à ce sac à dos. Quel imbécile, sérieux. Ah... J'entends l'auteur me demander de garder mes commentaires pour moi-même. Je vais peut-être cesser, mais j'aimerais ajouter qu'il semble accorder plus d'importance à ce putain de havresac qu'à ses jambes qui sont en train de devenir atrocement lourdes. Elles lui font un mal de chien et il refuse de laisser tomber le gros truc sur son dos ! M'fin. Ce n'est pas comme s'il avait la possibilité de s'arrêter. De un, les méchants derrière, ils n'ont pas l'air de vouloir lâcher l'affaire et de deux, Roxan n'a pas l'intention de l'abandonner. L'emprise de la chevelure blond cuivré sur le poignet de son compagnon au bonnet noir est si forte que le jeune homme ne serait pas en mesure d'indiquer quelle partie de son corps lui fait le plus mal.
VOUS LISEZ
SURVIVAL E.N.D : Le chaos d'un nouveau monde
Ficțiune științifico-fantasticăKaiden Carter et Roxan Idris, inséparables compagnons dans un univers chaotique où la Faucheuse tient les rênes, sont soudainement propulsés dans une tourmente inattendue qui bouleversera leur destinée. Une simple erreur fera basculer leur aventure...