Chapitre 17 - Résolution

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PDV Jordan :

Gabriel et moi nous assîmes alors sur deux fauteuils placés en face du bureau du directeur, qui fit de même avant de commencer :

« - Donc, pourquoi êtes-vous là, messieurs ?

- Nous venons dans le but de faire supprimer l'article que vous avez fait paraître hier matin, dis-je, répétant ce que le premier ministre avait dit plus tôt.

- Mmh, cela va être compliqué. Voyez vous, poursuivit-t'il en joignant ses mains sur la table, la popularité de notre journal à bénéficié d'une hausse fulgurante grâce à cet article.

- Seulement, elle va rapidement redescendre, intervint Gabriel. Si vous refusez de retirer l'article et de publier cette lettre d'excuse, j'envisagerai très sérieusement de porter plainte, et M. Bardella ici présent fera de même, continua-t'il pendant que je hochais la tête pour approuver ses propos. Malheureusement pour vous, si nous portons plainte, en plus d'une amende conséquente et d'une possible peine de prison, vous serez également dans l'obligation de cesser définitivement la production de votre journal.

- Et de quel droit porteriez vous plainte ? Si je ne m'abuse, nous avons simplement fait notre travail de journaliste, rien de plus.

- Et justement c'est cela qui pose problème, repris-je. Nous pouvons porter plainte pour atteinte à la vie privée, ce qui peut vous amener à deux ans d'emprisonnement et jusqu'à soixante-mille euros d'amende, et pour diffamation, qui pourrait ajouter une troisième année de prison et jusqu'à quarante-cinq-mille euros supplémentaires à votre peine, sans compter les dommages et intérêts. Êtes vous maintenant sûr que vous souhaitez partir en procès ? »

Le directeur fit tout son possible pour cacher la panique qui commençait à s'emparer de lui.

Soudain, il adopta une posture presque pittoresque, et implora notre clémence.

« - Écoutez, c'est une nouvelle recrue qui a écrit cet article.. Elle est toute jeune, vous n'envisageriez pas de porter plainte contre elle tout de même ?

- Très honnêtement, et avec tout le respect que je vous dois monsieur, vous ne me donnez pas envie d'avoir pitié de vous, déclara Gabriel. Jusqu'à maintenant, vous faisiez le fier car vous pensiez être intouchable, mais dès lors que nous avons évoqué le fait de porter plainte, vous vous êtes braqué, et avez rejeté la faute sur une jeune employée. Écoutez moi bien, vous êtes directeur d'une entreprise journalistique, vous êtes responsable de vos salariés. Quelqu'un est censé vérifier les articles écrits par vos journalistes, et vous êtes supposé les vérifier ensuite pour vous assurer qu'il n'y a aucun problème. Alors non, nous n'envisagerons pas de porter plainte contre elle, mais si vous n'êtes pas capable d'accepter et de réparer vos erreurs, alors oui, nous porterons plainte contre vous, monsieur le directeur. »

Gabriel m'avait surpris, je ne le pensais pas capable d'une telle éloquence dans ce genre de situation. Je restai bouche bée tandis que l'homme en face de nous s'exécutait immédiatement devant l'autorité qu'exerçait le premier ministre sur lui.

Une fois la lettre d'excuses rédigée et une copie en notre possession, nous nous apprêtions à aller déjeuner, lorsqu'une personne nous interpella :

« - Messieurs Attal et Bardella ? demanda-t'elle alors que nous nous tournions dans sa direction. Puis-je vous retenir quelques minutes de plus ? J'ai à vous parler. »

Je reconnus presqu'immédiatement la jeune journaliste qui nous avait interpellés quelques jours plus tôt. Elle qui avait un regard presque suspicieux à l'époque était aujourd'hui au bord des larmes et tout semblait brouillé dans sa tête.

« - Je vous prie de m'excuser, c'est de ma faute si cet article a été publié, commença-t'elle. Notre journal n'avait trouvé aucun sujet qui pourrait faire sa une, et quelqu'un s'est alors souvenu que j'avais évoqué votre complicité. Mes supérieurs se sont alors jetés sur l'affaire, et voilà comment nous en sommes arrivés là. Je tiens vraiment à vous demander pardon pour l'impair que j'ai commis.

- Ce n'est pas de votre faute, dis-je en reprenant les précédents propos de Gabriel. Votre directeur aurait dû contrôler son journal. Nous venons de discuter avec lui justement, et l'affaire est close, ne vous inquiétez pas. Ni vous ni votre journal ne subirez de poursuite judiciaire. »

Jeux de hasard - Jordan Bardella X Gabriel Attal Où les histoires vivent. Découvrez maintenant